Arnedo (La Rioja), corrida des fêtes de Printemps. Arène couvertes, très bien remplies, deux heures trente de spectacle. Six toros de Jandilla, pauvres de cornes et souvent faibles, tous une pique.

Diego Urdiales (vert bouteille et azabache), au premier, une entière, une oreille ; au quatrième, avis, une entière, avis, une oreille.

Alejandro Talavante (violet et or), au deuxième, une entière, deux oreilles ; au cinquième, une entière deux oreilles.

Juan Ortega (bleu ciel et or), au troisième, un pinchazo et trois-quarts de lame, silence ; au dernier, quatre pinchazo et un quart de lame, silence.

Sortie en triomphe de Diego Urdiales et Aldejandro Talavante.

Cette corrida de Printemps d’Arnedo a été celle du classicisme. Il est vrai qu’avec Urdiales Talavante et Ortega, on était très loin des répertoires baroques. Dès le début Diego Urdiales donna le ton en ouvrant sa faena par des statuaires ponctuées de quelques trincheras. Il suivait avec la main droite dans des mouvements très lents et épurés et terminait sur une série de ayudados à l’ancienne. Une tauromachie qui plait à ses compatriotes qui lui accordèrent une oreille. Pour sa deuxième sortie, les choses furent plus compliquées mais il insista jusqu’à l’avis pour fabriquer le toro qu’il voulait. Trouvant aussitôt la distance il lui servait une impeccable série de naturelles… Une deuxième oreille.

Talavante, mit la barre très haut dès la cape, tercio remate par trois véroniques d’anthologie. Avec quelques quites par gaoneras, il avait déjà tout dit. Mais il compléta par une série de passes de châtiments prolongées par une main droite très basse et des naturelles de grande lenteur. Un fulgurant coup d’épée et il arrachait deux pavillons. Il donna un peu dans le populaire a sa seconde sorti avec un faena ouverte à genoux et citée à mi-distance, mais il revenait dans son répertoire de changement de mains pour de brèves séries sur les deux côtés. Tout était parfait et débordant de lenteur… Il répétait son premier final et doublait une fois encore les pavillons.

Juan Ortega ne parvient pas encore à convaincre le nord, un demi-échec à Valdemorillo il y a quelques semaine et hier il n’a pas encore rencontré son toro de rêve. Pourtant son premier tercio de cape avait été un modèle du genre, avec une somptueuse media pour terminer une série de quite. Il ne trouvait ensuite, jamais la bonne distance et échouait sur la main gauche. Pour terminer la course il brilla à la cape mais sera très souvent débordé à la muleta. Dommage qu’il n’ait pu parvenir à la hauteur de ses compagnons de cartels qui ont laissé un excellent souvenir dans cette arène.

Jean-Michel Dussol