
Plaza de toros de Sanlúcar de Barrameda, Cádiz. Corrida de toros de la Feria de la Manzanilla 2025. Trois quart
Toros de El Torero, le quatrième ‘Gitano’, nº 87, vuelta al ruedo.

• MIGUEL ÁNGEL PERERA, deux oreilles, silence à celui qu’il a tué pour El Melli, oreille.

• ALEJANDRO TALAVANTE, oreille, deux oreilles et deux oreilles à celui tué pour Melli.

• GERMAN VIDAL ‘EL MELLI’, blessure.
Trés bon lot de « El Torero » qui a fait beaucoup d’effet dans le petit ruedo du Pino en raison de sa présentation sérieuse et surtout de son comportement encasté. Une ganaderia qui a laissé perplexe les madrilènes il y a quelques jours mais qui a convaincu pour cette classique corrida de la féria de la Manzanilla. Elle aura poussée sous la monopique en usage ici, renversant la pièce montée d’ouverture et surtout elle a donnée un jeu sérieux, transmettant cette noblesse exigeante qui coule dans ses veines.
Il fallait de l’expérience et du métier pour aguanter cet ensemble. El Melli qui eut pourtant de belles attitudes à gauche en uno por uno était encore bien vert pour ce genre de rencontre puisqu’il ne s’agissait que de sa seconde corrida. Il fut pris au milieu de sa faena prometteuse. Le toro le projeta par terre lui causant une dure lésion au coude. La corrida se transforma alors en mano à mano Perera/Talavante. Une opposition de style prenante qui provoqua à la sortie des discussions animées; signe d’un intérêt profond pour cette tarde.
Miguel Angel Perrera s’en est tenu à son registre. Il cherche l’efficacité, la domination, la maîtrise. C’est un concept qui ne tolère aucun effet qui a pour but d’assujettir l’animal en le provoquant dans son terrain et en enchaînant les longs muletazos toujours à la cadence idoine sans tolérer que l’étoffe n’ effleure la corne de l’adversaire. Il a donné le meilleur de son art, s’exposant un maximum, à son second passage soutenu par un public gagné par son aguante et son temple. Un bajonazo suivi d’une demie, réduisirent son succès à une seule oreille.
Comme il y a peu à Jerez, Talavante a charmé le public sanluqueño par son toreo fluide qui s’attache plus à la séduction, au charme qu’à la rigueur et à la cohérence d’une faena ordonnée. Bien qu’il se donne des avantages, abusant du pico notamment, Alejandro suscita l’enthousiasme par son toreo fleuri et obtint de beaux succès lors de ses trois passages (il dut combattre le dernier toro du Melli).
Perera comme Talavante exprime chacun les deux faces de ce paradoxal peuple andalou: une excessive austérité qui est celle du toreo de Perera et une exubérance explosive portée par Talavante. Les deux pôles du monde du Guadalquivir.
Pierre Vidal