Taureaux de Victoriano del Río, globalement bien présentés et de jeu intéressant. 3/4 d’arène.

 DANIEL LUQUE, oreille et deux oreilles

• JUAN ORTEGA, ovation et silence

• CLEMENTE, deux oreilles et oreille

Une grande matinale pour Clemente.

Une corrida de Victoriano del Rio homogène et plutôt bien présentée pour Daniel Luque, Juan Ortega et Clemente.

Une matinée ensoleillée mais avec des rafales de vent irrégulières qui vont contrarier la continuité de certaines faenas.

Ce que fait Luque est empreint d’une apparente facilité à laquelle il ne faut pas se fier. Il voit les difficultés du premier avant de prendre la muleta et débute par quelques passes de châtiment. Le toro en sort dominé, même s’il fera ensuite quelques écarts sur les deux côtés . L’autorité, et le talent, de Luque lui permettent de conduire la charge et contrôler le danger. Ce contexte lui permet de couper une oreille après une estocade efficace. Avec le quatrième, je n’avais jamais vu Luque comme ça. Le temple. Une faena toute en douceur dès la première passe. Jusqu’aux luquesinas finales! Malgré une légère accélération pour provoquer les avant-dernières embestidas. Deux oreilles.

On connaît le temple de Juan Ortega. En plus aujourd’hui il avait envie. Malheureusement il n’a pas été gâté au sorteo. Avec le deuxième, il ouvre immédiatement le compas sans exagération. Le charme va-t-il opérer ? À gauche la charge est plus heurtée. Le son n’est plus le même. La fadeur de la bête limitera le résultat en une ovation. Le manque de transmission et le peu d’options offertes par le cinquième suffisent malheureusement à résumer la situation.

Clemente démarre la faena du troisième nonchalamment appuyée à la barrière avant de gagner le centre avec élégance. Il prend immédiatement la gauche pour des naturelles profondes. À droite la charge est beaucoup plus courte et il s’adapte en s’enroulant le toro après la hanche. Il arrive à amener la faena, mais aussi le toro, crescendo. Deux oreilles. Beaucoup d’espoir de voir un grand toro avec le sixième. Il part de loin au cheval et pousse droit. Clemente joue le jeu et le replace aussi loin. Rebelote. Un début muletero vibrant à genoux par statuaires. Il se relève et égrène quelques savoureuses pépites de la main gauche : kirikiri pour s’éloigner des cornes, trincherilla, dédain, … Las, le toro baisse de ton et la faena avec. Oreille malgré deux pinchazos sincères.

Dans cette ambiance de fête, la sortie de deux toreros par la porte des consuls paraît équilibrée. Une récompense pour Juan Ortega aurait pu dans ce contexte s’y rajouter sans faire rougir.

Photographies Bruno Lasnier et tecte Michel Naudy