
Mercredi. Première corrida des fêtes de la Madeleine de Mont de Marsan. Casi lleno
Toros de Fuente Ymbro. Vuelta du second Guárdeso n° 18.

MORENITO DE ARANDA, silence après avis et applaudissements après avis.

DANIEL LUQUE, deux oreilles et ovation et saluts.

BORJA JIMÉNEZ. applaudissements après avis et applaudissements
« La Marseillaise » a été jouée à l’issue du paseo

Morenito de Aranda a brindé son second toro à Daniel Luque
On attendait beaucoup de cette ouverture avec un cartel brillant et à l’affiche une des ganaderias vedettes du moment et et l’on fut « désanchanté » comme ce tube de Mylène Farmer joué avec brio par les « Divinos » de Grenade-sur-l’Adour qui animèrent avec talent une tarde un tantinet ennuyeuse malgré les bonnes manières de Daniel Luque qui la sauva du pensum.
Le lot de Fuente Ymbro a déçu : de présentation modeste, les défenses du troisième largement escobillé ont été sifflés, il n’a pas eu non plus la présence souhaitable dans son jeu. Souvent juste de force les toros de Gallardo allèrent au cheval sans réellement s’employer et manquèrent de classe par la suite. Le premier mal intentionné menaça les coletudos du début jusqu’à la fin, les autres s’éteignirent rapidement. On mettra à part le second qui se livra avec bonté à la muleta et dura. Une partie du public demanda et obtint la vuelta du cornu l’autre la siffla. Tout dépend où on place le curseur…

Morenito débuta à Porta Gayola dans un moment spectaculaire car le toro sortit avec lenteur et se retourna rapidement. Le toreo d’Aranda sut canaliser les mauvaises intentions du toro de Gallardo et ne céda pas à ses menaces permanentes. Même s’il montra une fois encore ses qualités de lidiadors avec la sincérité qu’on lui connaît, il ne put sortir le grand jeu et par conséquent ne connecta pas avec les tendidos. Deux pinchazos, une entière tombée. Au quatrième il mit « la carne a la brasa » pour justifier la côte d’amour qu’il a dans la capitale des Landes mais l’inanité de l’opposant annihila ses efforts : l’affaire dura excessivement, il entendit un avis ; une entière caïda.

Daniel Luque est une providence pour les organisateurs : il éclaira de son habileté (géniale) une tarde étouffante sans motifs d’enthousiasme par ailleurs. Il se donna généreusement, exploitant au maximum les qualités du second. Ce fut une faena très complète, menée à mi-hauteur dans un rythme idoine, ornée de circulaires inversées, de changement de mains et de trincherillas élégantes. Il tua comme un canon et coupa donc deux appendices mérités. Pouvait-il remettre le couvert ? Il semblait que oui face au cinquième noblote dont il masqua le manque de transmission par son toreo pléthorique, varié quoique souvent décentré et manquant singulièrement de profondeur. Cela plut néanmoins car le torero de Gerena sait vendre ; ce qu’on ne saurait lui reprocher. Un pinchazo trasero l’obligea à prendre le descabello qu’il mania à huit reprises perdant tout espoir de récompense.

Borja Jimenez pour sa présentation comme matador repartit à blanc du Plumaçon. Certes il ne manque pas d’entrega et il se distingua par son toreo de cape notamment par chicuelinas très engagées, mais aucune de ses faenas ne toucha le public. Elles ne manquaient pas de décision mais l’inertie de l’opposition ne l’aida pas et la mayonnaise ne prit pas sur les gradins « désanchantés »… Car comme le chante Mylène Farmer reprise in situ par « Los Divinos » :
« Dans ces vents contraires comment s’y prendre
Plus rien n’a de sens, plus rien ne va. »
Pierre Vidal
Photos Bertand Caritey