Photo Bruno Lasnier

Dernière corrida des fêtes de la Madeleine. Arene presque pleine.

6 toros de Victorino Martin. Tous les toros ont été applaudis à l’arrastre.

EL CID, ovation et saluts et silence avec quelques sifflets

MORENITO DE ARANDA, silence après avis et une oreille

Photo Bruno Lasnier

FORTES, applaudissements après avis et ovation et saluts.

Salut d’Ivan Garcia au cinquième.

Corrida de Victorino éprouvante pour les toreros qui ont fait le job autant que faire se peut, prenante pour le spectateur, avec un intérêt constant pour l’aficionado: que demande le peuple ? C’est un final positif qui fait pencher le fléau de la balance du bon côté pour cette édition 2025 des fêtes de La Madeleine.

Victorino avait concocté un lot aux petits oignons pour les montois. Les toros furent applaudis dès leur sortie: tous des icônes dans le style de cet encaste devenu unique: gris, bas de caisse et longs, armés pointus, les cornes relevées, astifinas… des dagues ! Ils ont procuré un jeu dur, austère, amer pour les coletdudos qui ne perdirent leurs nerfs que devant le cinquième. Souvent réservés dans leurs charges, ils se retournaient vifs comme des tigres et se livraient avec parcimonie sous les leurres. Ils sont allés au cheval en partant de loin, sans renâcler et ils sont tous morts la bouche fermée.

El Cid faisait figure de vétéran mais il avait sa place dans ce cartel, car le gaucher de Salteras est un spécialiste de la devise et il nous a donné par ailleurs bien des satisfactions. Il a prouvé face au premier toro peu accommodant (et le plus armé) qu’il savait encore y faire. Au Victorino qui allait le couteau entre les dents il opposa une lidia parfaite, menant l’animal rebelle au centre, au capote, par le bas puis à la muleta il s’engagea avec fermeté.

Faena essentiellement droitière, émouvante, avec quelques séries de sa fameuse main gauche. Epée atravesada et trasera suivie de deux descabellos. Il avait beaucoup donné et se fit déborder par le quatrième massacré à la pique avec un tiers de banderilles chaotique. Faena heurtée, dominée, où le Cid n’était plus lui-même : on a l’âge de ses artères…

Comme le premier, le second se réserva beaucoup et ne se prêtait pas à des faenas pimpantes. Il fallait du sérieux! Morenito qui avait brindé à l’excellente Harmonie Municipale, lidia avec difficulté mais sans jamais renoncer le Victorino rétif. Un pinchazo, une entière basse.

Fanny jusque-là « el de Aranda » se jeta comme un mort de faim dans le combat. Faena de battant émouvante, dominatrice où Moreno ne s’en laissa pas compter. Il tua en deux fois coupant ainsi une oreille de poids. Elle lui permet de garder la tiare symbile de sa qualité de prince de l’aficion du sud-ouest. Disons-le : sans cet appendice durement gagné, la course n’aurait pas eu l’approbation unanime qu’elle a connue à son issue.

Fortes aura fait grosse impression dans le riedo montois. L’icône malagueña n’était pas à son aise face à ce type d’opposant. Il a fait face tout de même toute la soirée. Surtout il a donné à la tarde sa note artistique face à l’ultime Victorino de la tarde plus amène que ses frères. De très beaux gestes à la muleta notamment une série de naturelles de face pour clore son travail (donné montera sur la tête) qui a fait l’admiration unanime. Un pinchazo, suivi d’une demie atravesada et de 4 descabellos, éloignèrent toutes récompenses mais, appelé à saluer, il obtint un beau succès d’estime clôturant ainsi une tarde captivante due aux pupilles de Victorino

Pierre Vidal

Photos Bertrand Caritey