Plaza de toros d’Orthez. Desafío ganadero. Casi lleno.

Toros de Veiga Teixeira (2º, 3º et 4º) et Dolores Aguirre (1º, 5º , 6º), le sixième « Yegüizo’ » de Dolores Aguirre, vuelta al ruedo. Le mayoral d’Aguirre a rejoint la vuelta finale.

LUIS GERPE, silence et ovation et saluts après avis.

 JUAN DE CASTILLA, oreille et vuelta al ruedo.

 MONTERO, palmas après avis et oreille après avis.

Le prix du meilleur geste taurin est allé à Gabin Rehabi pour sa prestation au sixième. Il a reçu aussi le prix du meilleur picador.

Le prix de la meilleure estocade est allé à Francisco Montero.

Luis Gerpe a été pris par le quatrième toro. Il est passé à l’infirmerie pour une douleur au genou droit sans gravité et il est revenu pour assumer sa responsabilité de chef de lidia.

Gabin Rehabi excellent sur sa monture Cyrius de la cuadra Bonijol

Le Pesqué aura vécu hier un des grands moments de son histoire. Les vaillants s’y sont distingués une fois encore et les murs de la vieille enceinte ont tremblé de passion et pleuré d’émotion. Peut-être le glorieux Gaston Phebus de sa tour Moncade ou du pont vieux a-t-il vu le spectacle unique et sublime du courage des coletudos mais aussi de la caste indomptable des quadrupèdes. Et nous aurons un mot aussi pour les chevaux Cyrus et Excalibur de l’écurie Bonijol qui ont su calmer cette violence avec habileté et efficacité. Ce fut une tarde qui dura trois heures, mouillée par les averses mais personne ne s’en est plaint et aucune mâchoire ne s’ouvrit pour un bâillement intempestif et pas une montre ne fut consulter malgré les repas de fêtes : devant tant d’exploits les cuisinières pouvaient attendre.

Présentation superbe avec deux lignes bien différentes, les Dolores Aguirre immenses et armés jusqu’aux dents -le cinquième, un camion- et les Veiga Texeira redoutables aussi mais plus « raisonnables ». Chez Dolores le premier s’est vite arrêté et s’est dégonflé à la pique, le cinquième a donné du jeu après deux bonnes piques, il est mort au centre bouche fermée, le sixième a été le grand toro du jour sensationnel à la pique envoyant bouler la pièce montée une première fois et y revenant quatre fois. Il rompit par la suite avec beaucoup de vibration dans de belles séries où on le vit humilier. Chez Veiga Texeira le premier (lidié en second) se montra noble avec de l’émotion, le troisième dans le même ton mais avec moins de brio, tous les deux firent le job au cheval. Le quatrième sans transmission.

Luis Gerpe toucha le mauvais lot 1er de Dolorés et 4ème troisième de Vega Teixeira. Il ne put briller à ces deux opposants qui donnaient peu d’émotion. On le vit cependant à la cape qu’il manie de manière classique, par véroniques, avec élégance. Il tenta tout mais ne put s’imposer après un sévère avertissement voltereta sans conséquences, et tua rapidement le premier d’une entière, le second d’un mete y saca suivi d’un estoconazo et d’un descabello – il y eut quelques mouchoirs.

Sensationnel le bouillant De Castilla qui se paya le luxe de débuter sa première faena à genou au centre de la piste. Le Vega Texeira ne s’en laissait pas compte mais le bogotano à l’aise dans ces oppositions brutales sut domper la fougue de l’opposant et l’embarqua dans de belles séries à mi-hauteur Il termina par des manoletinas qui firent monter le thermomètre et tua d’une entière récompensée justement. Il ne s’est pas dégonflé non plus face au quatrième un monstre de Dolorés aux intentions peu claires. Le jeune colombien a du courage mais aussi un vrai sens de la lidia et comme il tua en deux fois un pinchazo suivi d’une entière, il partit pour un tour de piste fêté sans arrière- pensées.

Enfin Montero, c’est un cas, un torero atypique qui a entamé une véritable histoire d’amour avec Orthez où il prit l’alternative. Son entrega compense son manque d’expérience et il a sur les bords du gave la côte d’amour. Il sembla assagi face au premier qu’il reçu part une porta gayola sans vraiment convaincre qu’il avait changé. Les manoletinas finales, données de manière originale plurent. Il tua d’une entière et il y eut quelques mouchoirs. Mais au final qu’il s’imposa par son charisme et aussi par son respect des canons de la tairomachie : il plaça parfaitement le toro pour les cinq piques successives, géra avec autorité le tiers de banderilles et effectua une faena sans esbrouffe mais émouvante, par la suite. Un pinchazo et l’estoconazo du jour. Montero n’a pas manqué son rendez-vous avec Orthez.

Mais le héros du jour c’est bien ce sixième toro « Yueguizo » de Dolorés Aguirre à la caste débordante. A lui les honneurs du combattant !

Pierre Vidal  

Photos Bertrand Caritey