Curro Díaz :  silence et oreille.

Tibo Garcia : saluts et oreille.

Lalo de María :   silence aux deux.

Six toros aux noms exotiques de Blohorn, pratiquement tous nés en décembre 2020, inégaux de présentation et de comportement, la deuxième partie s’avérant plus soutenue avec trois exemplaires aux tons « castaño oscuro ». Le 4 crédité de la vuelta posthume.

Drôle de journée hier aux Saintes-Maries-de-la-Mer pour moi et quelques amis où tout ne s’est pas vraiment passé comme prévu. En effet, une fois la corrida terminée, nous avons rapidement dégagé pour nous retrouver sur la route d’Albaron, direction St-Gilles puis Nîmes. Rien de bien exceptionnel, sauf que quelques kilomètres après avoir quitté les Saintes, l’imprévu nous est tombé dessus. La crevaison d’un pneu ! Chose rare de nos jours à tel point que lorsqu’elle se produit, on se retrouve un peu désemparé. Et pour faire vite, là où sa se complique, c’est quand on découvre alors que ce qui a remplacé la roue de secours, la fameuse galette, étant elle aussi… à plat !

Il faisait nuit, on était passablement ennuyés, puis heureusement secourus, après un appel, par le fils du conducteur venu à la rescousse  pour lui prêter main forte à hauteur du Paty afin de remettre la pression dans la galette, ce qui nous a enfin permis de rentrer jusqu’à Nîmes…

Après cet avatar dont on se serait bien passé, vu l’heure très tardive, inutile de dire qu’il n’était plus question pour moi de me lancer dans une reseña, voilà pourquoi ce n’est que ce lundi matin, après avoir vaqué à quelques occupations incontournables en ville que je peux enfin me lancer dans le compte-rendu de cette corrida saintoise qui s’est déroulée devant environ 2/3 d’arène par ciel dégagé et brise à l’intensité variable.

A l’’issue du paseo, après la Marseillaise, Mme Christelle Aillet, maire des Saintes Maries de la Mer, a remis en piste un souvenir à Patrick Alarcon, mayoral de la ganadería Blohorn.

Curro Díaz fait à présent partie, du haut de ses 51 ans, du groupe de vétérans qui la plupart du temps tiennent le rôle de chefs de lidia confirmés. Ce fut évidemment le cas ce jour, le Linarense ouvrant les débats avec « Komoe », un opposant de présentation discrète, trapío comme armures, face auquel il se signala sur quelques véroniques puis en début de faena essentiellement gauchère conclue par atravesada puis un coup de descabello. Ce fut nettement mieux avec « Kokody » qui lança la deuxième mi-temps, se distinguant comme meilleur toro, crédité d’ailleurs de la vuelta posthume. Superbe castaño oscuro piqué en trois fois de façon peu orthodoxe par un piquero peu à la hauteur de ce qu’on se devait d’attendre, le tercio est suivi par celui de banderilles qui s’avéra lui, carrément catastrophique. Heureusement, les choses allaient s’améliorer avec la muleta experte de Curro qui nous gratifia de quelques gestes inspirés à base de temple et de ligazón, surtout à droite en début de faena, qui déclenchèrent l’orphéon. La suite plus inégale mais avec des pinceladas maison et après entière au second envoi, le maestro vit tomber du palco un mouchoir blanc et un autre bleu. Pas de jaloux !

Tibo Garcia n’a pas souvent l’occasion de porter le costume et face à « Baoulé », qui d’emblée tapa fort au burladero avant deux bonnes piques de Mathias, la faena ne s’envola jamais, Tibo étalant sa volonté sans réellement s’imposer, d’autant plus qu’il tomba son adversaire qu’après entière au quatrième envoi.  Par la suite, il se rattrapa avec « Bandama », copie quasi conforme du précédent dans le domaine des hechuras, qui prit deux bonnes piques de Luc Tosello avant un second tercio qui a vu Thomas Ubeda et Hugo Stievenard saluer. Brindis à l’assistance puis trasteo affichant une belle débauche d’énergie, transmettant aux gradins et terminée au plus près. Demie puis descabello.

Lalo de María, tout vêtu de blanc, débuta avec « Toumodi » qui prit deux rations protestées suivies de deux paires à charges de Mehdi Savalli, dont la seconde accompagnée par la musique, fait assez rare, comme celui de ne pas saluer après un triomphe ! Brindis au respectable suivi d’une entame élégante, comme souvent chez Lalo, la suite sans grand éclat et conclue à la peine. Celui qui ferma plus tard les hostilités, « Assinie », lui aussi dans le ton des deux précédents, permit après trois rencontres d’être exploité à la muleta par Lalo qui après un démarrage prometteur, notamment à droite, poursuivit avec un passage sur l’autre rive moins abouti puis un retour sur la dextre inégal, bien que méritoire, avant de conclure ce long trasteo par bajonazo…

Voilà comment j’ai vu cette corrida saintoise. Tout arrive à qui sait attendre…

Paul Hermé torofiesta.com