
Le match nul a failli tourner au pugilat dans le callejon où Morante et Roca Rey ont échangé des noms d’oiseau après le quite du péruvien au second de Morante devant des arènes combles ou morantistes et rocareyistes étaient chauffés à blanc. Pour arbitrer les débats un bon lot de Nunez del Cuvillo bien présenté brave le quatrième bons les premiers et derniers un peu en dessous le troisième.
Le bilan en trophées ne reflété pas l’exactitude de la soirée :

Plaza de toros de El Puerto de Santa María, Cádiz. Corrida de toros. Quatrième de l’abono portuense. Lleno de ‘No hay billetes’.
Toros de Núñez del Cuvillo,

• MORANTE DE LA PUEBLA, deux oreilles et ovation.

• ANDRÉS ROCA REY, deux oreilles après avis et ovation après avis.

• DANIEL CRESPO, ovation et deux oreilles.
Manuel Rodríguez ‘Mambrú’ a salué au troisième.
Il a fallu attendre le sixième toro pour vivre ce que rarement nous vivons dans une plaza de toros : nous retrouver dans un autre monde ce que certains appellent le nirvana, une lidia merveilleuse à un bon toro que son torero va sublimer. Tout a commencé lorsque Dani Crespo s’est avancé à pas lents et déterminés pour s’agenouiller à la porte du toril. Le silence s’est fait. La larga est formidable et le toro n’a pas le temps de se retourner que Dani est la pour lui administrer quatre véroniques dignes du grand Curro suivies de superbes chicuelinas d’une lenteur infinie la musique joue et les palmas por buleria résonnent.
Oh temps suspend ton vol !!! Les grands sectateurs de Morante ont déjà quitté les gradins, ils ont raté le meilleur du toreo de capote. Le toro est encasté et en tout début de faena le portuense a un peu de mal à trouver la distance après un début au centre muleta repliée sous le bras qui donne déjà le ton. La deuxième série est templée et liée lorsque sonnent les premières mesures du concerto d’Aranjuez magnifiquement interprétée par les quatre-vingt musiciens de la banda, la magie opère, le bal est ouvert torero et toro s’accouplent à merveille dans le tempo, les gradins sont debout et communient, la chair de poule nous gagne on oublie tout, c’est certain on en a repris pour quelques années. Quand le silence retombe, c’est pour un coup d’épée magistral et les arènes blanchissent aux cris de torero torero.
Après cela que dire du reste de ce duel tant annoncé entre deux invalides, tous les deux blessés et s’en ressentant visiblement. Roca Rey ira même se faire infiltrer entre deux toros. Morante fera assassiner son second lors de trois piques les deux premières copieusement carioquées, il n’avait visiblement pas envie d’affronter un toro bravissime qui l’avait bousculé au capote. A part cela au bon premier il avait déroulé son toreo baroque qui plaît tant à ses admirateurs que je trouve pour ma part surchargé en ornementation et manquant de fond.
Roca Rey quand à lui, a deux toros commodes et collaborateurs. Il propose un début de faena classique avant de sombrer dans le trémendisme qui lui est propre mais, qui lui aussi a ses admirateurs, on sent pourtant le péruvien un peu en dessous de ce qu’il donne d’habitude, il se ressent certainement de sa dernière blessure. Comme Morante il coupera ses deux oreilles synonyme de triomphe, un peu à bas prix aujourd’hui.
L’avant ddernière d’abono du Puerto a tenu ses promesses même si ce n’étaient pas exactement celles que l’on attendait. Reste encore demain pour la grande confrontation des sévillans Aguado et Ortega espérant finir en beauté une temporada estivale somme toutes fort plaisante.
Jean Dupin