
Trois quarts d’arènes, temps couvert mais agréable. Six toros de Robert Margé, imposants de présentation, cinqueños, très armés, au comportement très contrasté. Les deux premiers se sont distingués par leur répétitivité et noblesse, mais que d’un seul côté. Le reste très compliqué, ils humiliaient à peine, cherchaient l’homme et les ont parfois atteint. Cette corrida de Margé n’aura pas été à la hauteur de celle de l’année dernière dans ces mêmes arènes.
Esaú Fernández saluts et silence.
Juan de Castilla oreille et vuelta.
José Fernando Molina silence et silence.



Juan de Castilla est un des toreros sur lesquels il faudra compter la saison prochaine. Son engagement, sa détermination, sont ahurissants et il a retrouvé le sitio à peine quinze jours après ses terribles coups de corne à Bayonne. Devant des toros de Margé destabilisants, déjà par leur présentation, il n’a jamais reculé. Emouvant au premier, un toro auquel il aura permis de s’illustrer au cheval, le seul Margé réellement brave à la pique. La faena, très dynamique, pleine d’enthousiasme, bouillonnante, conquit les gradins. Surtout du côté droit, avec des enchaînements explosifs. Moins percutant évidemment côté gauche, il conclut d’une bonne épée et reçut une oreille de poids. Le suivant Margé était un toro énorme, qui ne baissait pas la tête, rechignait à suivre les leurres, doutait quel chemin suivre. Par contre, pas de doutes chez Juan. Il parvint à lui extraire des muletazos impensables. L’épée fut tendida, mais l’impact du torero sur l’aficion française de ce torero colombien est indéniable.



Molina a eu un lot déplaisant qui lui a à peine permis de s’exprimer. Il a un poignet privilégié, il manque encore d’expérience, avec des hauts et des bas dans ses faenas, ce qui est d’autant plus compréhensible devant des toros peu collaborateurs. Mais c’est un garçon avec du potentiel qu’il serait intéressant de voir devant d’autres toros.



Esaú Fernández est habitué aux élevages durs, c’est un torero d’expérience, mais son toreo manque un peu d’âme. Il eut un bon premier toro de Margé auquel il aurait dû couper les oreilles mais son engagement, même sur les terrains de proximité, n’a pas convaincu les Dacquois. Il est allé deux fois a porte gayola, la deuxième à son second il s’est fait soulever, heureusement sans séquelles. Ce toro était intoréable, très dangereux, il regardait l’homme, doutait par où passer.
Corrida donc de Margé âpre en général, décevante pour les aficionados qui en attendaient davantage.
Le fait du jour, qui corrobore ce que sème Juan de Castilla, c’est que ce jeune garçon risque de faire mal et de trouver sa place. Souhaitons-le. L’avenir nous le dira, son ambition est énorme.
Texte Antonio Arevalo
photos Bruno Lasnier