Tlaxcala : Corrida de José Julian LLaguno pour Ernesto Javier Calita, Sergio Flores et Isaac Fonseca.

La petite arène de Tlaxcala nichée sous le clocher de son église représente pour nous, «  Mexico Aztecas y Toro » un souvenir émouvant.  C’est là que nous avons vu toréer le Grand Pana en compagnie de Maripaz Vega et de Lupita Lopez.

Voulant nous brinder la mort d’un de ses deux toros le maestro d’Apizaco avait demandé à la présidence le changement du toro, changement accordé, public stupéfait qu’un groupe d’aficionados français obtienne ce genre de faveur. Quelques temps après, nous passions une journée merveilleuse avec Rodolfo Rodriguez El Pana, au campo.

 Nostalgie…

Ce soir c’est LE torero d’Apizaco, figura del toreo mexicano actuel, Sergio Flores, qui va toréer dans cette plaza El Ranchero de Tlaxcala avec deux compañeros, l’un de Mexico, El Calita, l’autre de Morelia, Isaac Fonseca dont les triomphes espagnols de cette année ne demanderont qu’à être confirmés en terre Tlaxcalteca.

Plaza de toros Aguilar el Ranchero TLAXCALA. Chaleur et ciel bleu avec Marinche et Popocatepetl à l’horizon. Lleno ou presque.

Nous avons une estime et une admiration particulières pour le grand torero qu’est Sergio Flores, doublées d’une amitié réciproque.  Il sera difficile ce soir de n’avoir pas un regard qui avantage Sergio Flores que nous avons vu « énorme » à Bayonne, à Orthez avec de terribles toros de Victorino Martin voici deux ans (fer de Monteviejo) et des Dolorès Aguirre de grand respect et d’une grande violence qui faillirent bien ôter la vie à Francisco Montero.

Toros de J J LLAGUNO (Zacatecas) .Origine Jandilla/Torrestrella/Juan Pedro Domecq. Ancienneté 1956.

Ernesto Javier Calita, bleu roi et or :silence et Oreille.

Sergio Flores :Bleu roi et or :silence et Deux oreilles.

Isaac Fonseca : Framboise et oreille et deux oreilles et la queue.

Calita’ va devoir s’accrocher en toréant comme chef de lidia , pourvu que les toros de LLaguno soient à la hauteur.  Car c’est bien ce que l’on redoute ces derniers temps devant des ganaderias mexicaines sans caste ni force.

Eh bien une fois de plus ce que je redoutais s’est produit.

Des toros faibles, décastés, arrêtés, qui trébuchent ou passent tête relevée dans la muleta….triste spectacle si l’on s’en était tenu là.

Pas mal présentés , commodes de tête, morrillo joliment proéminent, tournant autour de 500kgs de moyenne, on s’ennuya ferme du premier au quatrième  malgré quelques courts instants . mais de bravoure point, les efforts trop visibles de Calita à son premier sentaient l’application mais ne transmirent rien.

A son second, face à un quatrième negro meano pas vilain nommé Fotografo, le torero de Mexico embarque son animal au capote jusqu’au centre et on se met à espérer.

Preuve du peu de bravoure de ce fotografo, le picador va le chercher au-delà de la deuxième ligne pour lui administrer une seule pique peu appuyée, subie sans bravoure. Les deux banderilleros s’acquittent fort bien de leur travail et sont appélés à saluer.

Le brindis a quelque chose de … paradoxal, ironique presque… la ganadera de Piedras Negras présente en barrera avec son mari reçoit l’hommage de Calita tout sourire. Traduction de ma part (imaginaire, bien entendu) : Madame je vous dédie la mort de ce toro qui  n’a rien à voir avec les vôtres, si forts si braves et si redoutables.

Calita compose la figure, mais rien à tirer de cet animal.

Et pourtant la musique joue, mal, mais joue même quand le toro s’entrave et tombe…

Pinchazo et une entière tombée, petite pétition, et une oreille.

Sergio Flores entre en scène au second nommé Tradicion, negro lui aussi, 490kg, qu’il conduit doucement au cheval où il prend une petite puya et le maestro lui administre une belle revolera à la sortie de la pique, unique bien entendu.

Brindis au public mais qu’attendre de ce toro tardo qui serre un peu à gauche et auquel le torero d’Apizaco lie une jolie série rématée par un desplante original : front du matador contre frontal du toro.

Pinchazo hondo,puis une entière sur l’animal arrêté qui n’aide en rien le matador.

Verduguillo trois fois et l’animal tombe. Silence.

A son deuxième adversaire, Sergio hérite du premier toro intéressant pour le matador et le public.Il s’appelle lui aussi Tradicion, pèse un bon quintal, il est vif, joliment fait et remplit bien l’espace de cette petite et gracieuse arène de la plus belle région ganadera du Mexique.

Véronicaspour conduire le bicho au centre où il attend le cheval.

On patiente, le toro finit par démarrer, très violemment et il renverse tout l »équipage, le picador face contre terre , le cheval relevé par les areneros et les banderilleros tandis que Sergio occupe le toro aux planches, tout s’arrange.

Bon début sur la corne droite  après un brindis au public . Bien centré, templé, compas ouvert le matador donne une belle série à gauche et après des cites de loin, rapproche l’animal et se le garde , il danse et tourne devant le toro pour déclencher sa charge, dominio et style fleuri très ‘mexicain’.

ça bouge, ça vit, ça intéresse, enfin !

Une entière basse qui malgré sa mauvaise localisation vaudra deux oreilles  à Sergio Flores radieux ;On ne pourra pas , de toute manière lui enlever ses qualités de volonté courage, aguante,et l’alegria cela se transmet, Le torero de la tierrarecueille les bravos unanimes lors de sa vuelta al  ruedo triomphale.

Jsaac Fonseca a reçu son premier par largas de rodillas rematées par trois chicuelinas  elles mêmes termnées avec un laché de pointe de capote d’une main de très bon goût.

Le toro, 488kg nommé Rebocero me semble boiter un peu de l’antérieur droit, il campe aux planches, s’entrave, est lui aussi tardo comme les premiers avec en plus un défaut infiniment désagréable : il n’humilie absolument pas et entre tête droite dans la muleta, l’air de dire : » ok j’arrive mais je ne fais que passer , et je ne vais pas en plus charger en baissant la tête ! »

Et malgré cela, grâce à une estocade de grande qualité le torero du Michoacan reçoit une oreille, on imagine que c’est simplement l’estocade qui la lui mérite.

Le meilleur pour la fin , un bon sixième, negro lui aussi, de 540 kg bien fait bien armé ouvert que Fonseca va recevoir à Porta Gayola.Il continue au capote par des largas à genoux et trois chicuelinas rapides et d’une proximité impressionnante vu la vitesse du toro.  Tout désormais, après le brindis au public, se déroule bien : tout est clair chez l’homme, précis, engagé, et , je dirai heureusement , un peu moins chez le toro qui derrote de façon à augmenter l’intérêt de la faena. Final par des molinetes ,après de passes dans le dos qui font frémir, enfin un peu d’émotion dans cette course .

Isaac torée dans les cornes, estoque  d’une coup fulminant.

Le jeffe de plaza sort les deux mouchoirs, l’ovation continue et le jeffe cède et donne la queue( au Mexique c’est un mouchoir vert( !) qui la symbolise.

Très bon final, juste un peu pueblerino mais nous en avions bien besoin ce soir.

Jean François NEVIERE