Il est toujours facile de dire: c’était mieux avant. Il y a quand même un fond de vérité dans ce regard nostalgique sur le passé. La Maestranza, temple adoré, référence mondiale du toreo, manque dans ce début de feria du sérieux qui l’honorait. Ce n’est pas Madrid mais tout de même nous sommes dans une arène de première catégorie et la présentation des corridas de Juan Pedro Domecq et Nuñez del Cuvillo, de jeudi et vendredi, lots pour vedettes, laissait à désirer. Sans doute va-t-on redresser la barre avec Victorino ce soir. A vaincre sans péril on triomphe sans gloire faut-il le rappeler.
L’absence de critères sérieux et surtout homogènes du palco laisse l’observateur perplexe. Ainsi cette seconde oreille avec par conséquent une Puerta del Principe à la clé; cédée à Luque après une fanea encimista et sans profondeur réelle. Je ne chicanerai pas les mérites du torero de Gerena, sa technique, son sens du spectacle et son aguante, mais ce triomphe valait-il celui de Perera durement acquis deux jours plus tôt ?
On me dira et c’est vrai, le public a fait une grosse pression pour cette double récompense. Justement le président décide de cette récompense suprême, il est là pour tempérer l’ardeur populaire. Il ne doit pas lui céder. Le public de la Maestranza a beaucoup changé. Il est composé de nombreux touristes et d’aficionados récents ; ce n’est le public savant et mesuré d’antan. C’est tant mieux d’un côté que l’arrivée de ces nouveaux venus. Qu’ils ne prennent pas cependant cependant les vessies pour des lanternes.
Pierre Vidal