Garlin. Très belle entrée, arènes quasi combles, température chaude, deux heures trente cinq de spectacle. Six novillos de Pedraza de Yeltes, bien présentés, honorablement armés, tous deux piques sérieuses à l’exception du troisième, un châtiment. Cinquième et dernier, les meilleurs sous la pique. Souvent compliqués à la muleta.
Sergio Sanchez (lilas et or), au premier, une entière, avis, silence ; au quatrième quatre pinchazos, deux avis, six descabellos, silence.
Christiano Torres (rouge et or), au deuxième, une entière, silence ; au cinquième, deux pinchazos, un quart de lame, une entière, salut.
Aaron Palacio (bleu ciel et or), au troisième, un pinchazo, une entière, une oreille ; au dernier, un pinchazo, une demie-lame, deux avis, onze descabellos, salut.
Aaron Palacio a été, hier soir, dimanche 14 avril, déclaré triomphateur de la novillada de Garlin, emportant le prix Jean Ducos. Il avait coupé une oreille au troisième toro de la course, « Holandero », novillo de Pedraza de Yeltes. C’est un peu un vainqueur inattendu car on aurait préféré miser sur Christiano Torres ou Sergio Sanchez qui nous avait fortement impressionné le matin lors des qualifiations.
Il est vrai qu’à ce moment il affrontait un novillo d’Alma Serena, le Pedraza prévu étant blessé. Ce novillo lourd, applaudi à l’entrée lui permit de livrer d’excellentes chicuelinas et une faena très douce et très déliée, le tout terminé sur une bonne épée. Son concurrent à cette place en novillada, Juan Herrero, fut très moyen dans tous les temps de la lidia.
C’est donc Sergio Sanchez qui ouvrait la novillada. Il fut au début excellent à la cape par de longues séries de véroniques, lentes et amples. A la muleta il ne domina jamais son sujet même s’il y eut quelques séries de derechazos séduisantes. Avec son second adversaire il hérita du toro manso de ce lot, fuyant le cheval tentant de s’échapper par le callejon à plusieurs reprises. Il put lui offrir quelques passes isolées, sans jamais pouvoir construire un ensemble cohérent.
Christiano Torres est apparu comme le novillero le plus mur, le plus sur de lui. Trois grandes véroniques pour ouvrir sa sortie. Puis en quelques passes appuyées il amènera son adversaire au centre pour des séries complètes sur les deux mains… d’où surpassaient des naturelles longues, très dépouillées et nonchalantes. Il rejoua un peu la même scène à son retour et toujours au centre il termina ses séries par des pechos de très bon goût. Malgré une mis à mort chaotique il parvint à arracher un salut à un public peu enthousiaste.
Aaron Palacio est donc le triomphateur du jour. Concédons lui de grandes qualités à la cape. Son grand mérite fut de savoir se mettre au rythme de son novillo, un peu faible qui additionna quelques chutes. Sa faena fut complète et sa mise à mort rapide lui permit de couper la seule oreille de l’après-midi. Mais cet éclair réjouissant ne brilla plus avec le dernier toro. Malgré beaucoup de douceur et de multiples changement de mains et quelques naturelles où il se fit plaisir, l’ensemble manqua de tenu et d’attraits. Sa conclusion à l’épée catastrophique était difficile à pardonner. Mais il était le seul a avoir coupé un trophée.
Que dire de ce lot de Pedraza de Yeltes. Des novillos dont on attendait beaucoup plus, surtout une vraie présence contre le cheval. Seuls les cinquième et le dernier furent dignes de l’élevage. Un lot manquant parfois de relief. Les Pedraza nous laissaient espérer… mais n’ont pas tenu toutes leurs promesses. Tout de même avec des novilleros plus aguerris la face de la course pouvait en être changée.
Jean-Michel Dussol
Photos Roland Costedoat