Plaza de toros de Las Ventas, Madrid. Deuxième de la Feria de San Isidro 2024. Plus de trois quarts d’entrée. Toros de Fuente Ymbro,
DAVID FANDILA ‘EL FANDI’, silence après avis, silence et silence à celui tué pour Valadez.
ROMÁN, oreille après avis et vuelta al ruedo après deux avis.
LEO VALADEZ, silence et blessure.
Léo Valadez a été blessé à l’épaule droite en tuant son premier toro. Il a du passer par l’infirmerie puis transporté à la clinique pour une luxation.
Soirée austère mais prenante, suivie par une entrée magnifique, Madrid retrouve sa boussole: sérieux et exigence. Grande dimension de Roman qui s’ouvre un chemin avec un courage admirable.
La corrida de Gallardo était remarquablement présentée le sixième ralliant tous les suffrages ; le premier applaudi à la sortie des chiqueros. Au moral, elle a été compliquée pour les toreros les mettant souvent en danger. Il y eut un grand toro le second ; très complet. Le sixième avait lui aussi ses avantages mais n’a pas duré. Le premier manso au cheval s’est vite éteint lui aussi. Les troisièmes et cinquièmes compliqués, sur la défensive développant genio et sentido.
Banal aux banderilles, un tiers où il a perdu son brio, la vérité oblige à dire que l’expérience et la technique du Fandi lui donne une aisance rare dans les situations à haut risque comme hier. Star des arènes de troisième catégorie il y a beaucoup appris car parfois il y sort un bétail incertain. Il n’a jamais hier perdu les papiers et brilla même à la cape dans plusieurs quites originaux. Mais aisance signifie aussi facilité -si l’on peut dire-, en tout cas un engagement limité et le public de Madrid ne se contente pas d’une réelle habileté. Maladroit à la mort David, qui avait fait un effort à son second passage ne put en récolter les fruits.
Grande dimension de Roman, émouvant par sa sincérité, sa spontanéité et son courage : el « valor seco » qui fait la différence et qui distingue ceux qui ont une vraie vocation des autres. Roman a fait la démonstration de ces qualités à ses deux passages. La première faena est allée de menos à màs et s’est terminée sur une note supérieure, le toro répétant avec ardeur des charges bien conduites par le valencien. Espadazo qui mit longtemps à conclure compte–tenue de la race du toro. Une grosse oreille unanimement fêtée. Au cinquième réservé, calculant ses coups et ne lâchant rien, Roman a été réellement héroïque s’exposant un maximum et arrachant une à une les passes nécessaires à la construction d’une véritable faena. Il tua d’une entière légèrement contraire; maladroit au verdugo, il dut attendre l’ultime instant pour que le coriace Fuente Ymbro s’effondre.
L’enthousiasme n’y était plus et le succès se limita à une vuelta. Roman s’impose en toute loyauté et, parmi la nouvelle vague de prétendants au sommets de l’escalafon, il est l’un des plus attachants.
Malchance de Valadez, courageux lui aussi, pris à deux reprises sans conséquences tragiques par miracle. Il tenta d’abord una arrucina face à un animal dangereux et qui ne s’en laissait pas compter. Cogida spectaculaire mais sans dommage. Puis en entrant a matar « por todas » il fut sévèrement cueilli par l’animal qui s’était déjà défendu, suspendu à la corne, il roula par terre et partit à l’infirmerie à pied, sans l’aide de personne pour ne pas en revenir.
Respect !
Pierre Vidal