Vic-Fezensac. Première corrida de feria, temps couvert et pluie en fin de course, deux tiers d’arène, deux heures trente cinq de spectacle. Six toros de Célestino Cuadri, admirablement présentés, de deux piques le troisième, à quatre châtiments, le quatrième, pour les autres trois rencontre avec le cheval. Tous très compliqués et agressifs à la muleta .
Fernando Robleño (blanc et argent souligné de noir), au premier, deux pinchazos et une entière, un avis, salut, au quatrième, un pinchazo et une entière, silence.
Esau Fernandez (bleu marine et or) au deuxième, une entière, silence ; au cinquième, une entière basse, un avis et neuf descabellos, silence.
Gomez del Pilar (saumon et azabache), au troisième, trois pinchazos, avis, silence ; au dernier, un pinchazo et une entière, salut.
Présidence, Hugo Lavigne, assesseurs, Guy Bournac et Pascal Darquié
Vic, feria du toro ne pouvait mieux respecter sa tradition et son éthique qu’en faisant revenir, après plus vingt ans d’absence les toros de Cuadri. Force et puissance deux mots qui peuvent résumer cette course avec trois toreros, parfois débordés par cette caste et cette agressivité.
Des quatre ans s’approchant des cinq années, la difficulté ne fut pas une question d’âge puisque le premier, le plus « malléable » était né en octobre 2019. Robleño, cet habitué des courses dures depuis, bientôt un quart de siècle, signa la plus belle faena de la course avec une séquence à gauche particulièrement séduisante. Tout avait commencé sur l’autre main et après un subtil changement se promenait sur la gauche. Beaucoup d’harmonie dans ce jeu avec cet imposant adversaire… dommage qu’on ne lui ait pas accordé la musique, elle aurait rehaussé ces bons moments.
Par contre il n’allait pas rencontrer pareil adversaire pour sa deuxième sortie. Ce fut un moment où la technique du maestro, son habitude de vieux briscard lui permit de s’imposer sur le Cuadri qui avait déjà fait trembler le picador avant de revenir trois fois sous le fer. Un toro d’enfer !
Esau Fernandez qui a pourtant dominé des Victorino et des Miura se trouva par moment perdu pour maîtriser, cette caste. Certes il signa de forts belles séries sur les deux mains, offrit de superbes pechos. Il montra sa personnalité mais après une entière, l’arène garda le silence. Face à son second adversaire dédié au public l’équation multiplia les inconnus pour arracher quelques passes. Il termina en pleine difficultés, dans un ensemble brouillon dominé par ce terrible Cuadri qui avait été applaudi à son entrée en piste avant de pousser trois fois sur le cheval. Un sérieux client.
Pour Gomez del Pilar, habitué aux difficultés vicoises, la journée fut de celle que l’on ne veut pas imaginer. Manifestant une belle maîtrise à la cape et beaucoup de combativité avec le dernier toro de la course, il vint se jouer la vie sur les cornes pour dessiner quelques séries débordantes de volonté. La aussi un toro à ne pas mettre entre toutes les main.
Ce retour des Cuadri à Vic était la poursuite de la légende. Six lutteurs, lourds et bien armés poussant fort sous la pique le toro comme on l’aime à Vic.
Jean-Michel Dussol
Galerie photo de Bertrand Caritey