«Ranchero II» de Pagés Mailhan, lidié en cinquième a été déclaré vainqueur du concours.

Vic-Fezensac. Deuxième corrida de Feria, deux tiers d’arène, pluie continuelle, deux heures quarante cinq de spectacle pour cette corrida concours. Un saltillo, applaudi a l’entrée, trois piques. Un Palha, applaudi à l’entrée, bien armé, trois piques. Un Prieto de la Cal, applaudi à l’entrée, trois piques ou rencontres, applaudi à l’arrastre. Un Veiga Teixera, quatre piques ou rencontres. Un Pages Mailhan, trois piques. Un conde de la Corte, quatre piques ou rencontres.

Sanchez Vara (bleu marine foncé et or), au premier, trois pinchazos, avis, vuelta ; au quatrième un pinchazo et une entière, avis, une oreille.

Octavio Chacon (vert clair et or), au deuxième, quatre pinchazos et une entière, silence ; au dernier, un pinchazo, une entière, six descabellos, silence.

Juan de Castilla (blanc et or), au troisièlme, deux pinchazos, une entière, salut ; au cinquième, une entière, une oreille.

Présidence : Renaud Maillard, assesseurs, Thierry Faget et Yves Charpiat.

chapô

Sanchez Vara et Juan de Castilla sont les deux héros de la corrida concours gagné par Ranchero de Pages Mailhan. Un moment d’héroïsme et de courage.

Epouvantable la corrida concours ? Non, Héroïque, avec un double « H », lettre a créer dans l’alphabet Vicois. Un dimanche matin où les chiens ne sortaient pas et où les toros auraient bien dormi quelques heures de plus… Une pluie que même les Bretons ne connaissent pas. Mais à Vic où il pleuvait, tout est différent. Et le temps qui pouvait tout gâcher à donné une dimension exceptionnelle à cette course grâce à la volonté des toreros et de leurs cuadrilla qui ont osé prendre tous les risques pour offrir un spectacle complet.

Un drôle de personnage, ce Sanchez Vara qui depuis bientôt un quart de siècle saute d’une pointe de corne à une autre devant les élevages les plus compliqués qui soit. Dimanche à Vic, il fut magnifique, héroïque… Spectaculaire incarnant très souvent une figure du tragique. Dans cette piste transformée en bourbier, il n’hésitait pas à se jeter à genoux pour les premières passes de sa faena avant de nous étonner par quelques somptueuses naturelles. Mais il fallait dominer ce Saltillo, ce qu’il fit par d’interminables muletazos. Il avait aussi su prendre les bâtonnets avec élégance. Malgré une mise à mort chaotiques le public lui accorda une vuelta. Transfiguré par ce premier succès, le Madrilène revint avec un impeccable tercio de cape, puis demanda une chaise pour offrir quelque banderilles et tout cela dans la boue, quand les zapatillas sont à jeter. L’homme flirtait avec la légende et après quelques naturelles aidées coupait une oreille. Sanchez Vara, un héros dans la boue.

Juan de Castilla voulait être au cartel de cette course, aux prix d’une organisation compliquée pour arriver à Madrid, quelques heures plus tard pour rencontrer des Miura. Il commençait avec ce vieux sang assassin de Prieto de la Cal. C’est lui qui attaquait, comme un fantassin quittant sa tranchée pour monter à l’assaut et finissait avec des naturelles accompagnées par les olés du public. L’homme saluait… mais maintenant il allait croiser un toro de Camargue, un certain « Ranchero » qui avait grandi auprès des ruines romaines d’Arles. On avait vu l’animal dans un somptueux troisième galop vers les cheval ou il gagna sûrement sa victoire dans le concours… Mais désormais c’est Juan de Castilla qui prenait le commandement en se jetant à genoux dans la boue vicoise pour, débuter une faena qui ne cessait de grandir en émotion et qui s’accompagnait de la musique. Une estocade comme on ne les croit plus possible et l’oreille que l’on aurait voulu double. Le deuxième héros de l’arène de Vic venait de naître.

Octavio Chacon malgré de bons moments fut un peu terne comparé à tant d’héroïsme.

Deux toreros qui ont apporté une immense dimension à cette corrida concours.

Jean-Michel Dussol

galerie photo de Bertrand Caritey