Plaza de toros de Las Ventas. 25ª corrida de la Feria de San Isidro. Corrida de la Cultura. Lleno de ‘no hay billetes’.

Toros de Victoriano del Río, 5ème bis de Torrealta

EMILIO DE JUSTO, palmas après avis et silence après avis.

BORJA JIMÉNEZoreille et deux vueltas al ruedo après une forte pétition de la seconde et bronca au palco et oreille. Puerta Grande.

ROCA REY, palmas après avis et silence.

Une fois encore le scandale vint du placo d’une injustice crasse avec Borja Jimenez qui avait bien gagné sa deuxième oreille et avec le ganadero dont le toro aurait du faire une vuelta. La veille nous avions vu une pétition majoritaire en faveur de Manuel Escribano sans récompense. Ça commence à faire… L’incompétence comme la suffisance de ces messieurs du palco est insupportable, leur manque d’aficion les disqualifie. Elle ne peut s’expliquer que par un protagonisme puéril qui nuit au spectacle. Il y a en Andalousie des présidents sanctionnés financièrement en cas de manquement au règlement -lors d’un indulto en place portative par exemple. Les présidents ne devraient plus se prévaloir d’une impunité qui les conduit à se comporter de manière partiale, inique ou erratique.

Ceci dit revenons à une corrida qui a permis à Borja Jimenez d’inscrire son nom dans la légende isidril. Il le doit à un grand toro « Dulce » sorti en second, le meilleur d’un lot de Victoriano varié dans son coportement comme dans sa présentation, le quatrième protesté, le cinquième changé pour sa faiblesse par un Torrealta qui fit preuve de classe sans durer. Le sixième manso perdido partit aux planches. Le reste fit preuve de mobilité, manquant de force pour la plupart, partant de loin avec alegria au cheval sans s’employer véritablement, nobles mais manquant souvent de transmission et de continuité par la suite.

Belle entame d’Emilio de Justo par doblones qui préjugeait de grands moments, le toro s’étant employé au capote. Mais il ne dura pas et la faena malgré la volonté du torero Cacereño lassa les tendidos. Il tua d’une demie estocade en place. Par la suite Emilio subit le préjudice du scandale présidentiel et personne ne fit cas de ses bonnes manières face à un toro qui s’éteignit vite mais qui avait ses quartiers de noblesse. Une entière desprendida.

C’était le jour de Borja Jimenez, sa dernière cartouche lui qui avait eu le privilège d’être invité trois fois à la plus grande féria du monde. Le torero d’Espartinas s’est justifié ô combien ! Il eut le geste d’aller trois fois à puerta gayola (avec le sobrero), il toréa superbement au capote, de manière variée: chicuelinas apprêtées, véroniques, de frente por detras participant à tous les quites. Ses deux faenas, la première surtout, furent des modèles d’entrega, de dominio, ornées de beaux détails comme de magnifiques trincherillas, des kirikikis, des changements de mains inattendus et même des naturelles de face données pieds joints. Tout cela est allègre, bien construit, exécuté avec aisance. Il a très bien tué le premier, au second il pincha une premier fois mais posa une entière en se mouillant les doigts qui lui valut cette sortie triomphale tant désirée.

Beaucoup d’iniquité envers Roca Rey de la part d’un certain secteur du public qui le proteste quelque soient les circonstances. Il en est ainsi de tous les numéros uns c’est vrai ; faut-il s’en réjouir ?  Le péruvien tomba sur un lot impossible. Personne ne fit cas de son premier passage tant l’amertume des malheurs de Borja dominait l’arène Il fit peut piquer son second, manso perdido, le conduisit avec son autorité habituelle dans une première série prometteuse mais ce n’était qu’illusion : le toro partit aux planches. Il tua ses deux adversaires comme un canon de deux estoconazos.

Ainsi la Puerta Grande de cette San Isidro 2024 n’est plus vierge. Un jeune homme encore assujetti au banquillo il y a peu l’aura franchie en triomphe après bien des difficultés. Tous les espoirs sont donc permis. Belle leçon que celle de Borja !

Pierre Vidal