Lorsque vous quittez Jerez en direction d’Algeciras, vous empruntez la mythique route du toro . Les coteaux sont exceptionnellement verdoyants en cette fin de printemps,. La première finca que vous rencontrez sur votre gauche est la fameuse casa de los toreros, surnom donné à la maison du Marquis de Domecq en raison du nombre et de la qualité de tous les toreros qui s’y sont croisés tout au cours du siècle passé. Deux fers prestigieux, Marques de Domecq et Martelilla, paissaient sur ces terres. A la mort du Marquis le sang brave avait avait quitté les lieux laissant place à une agriculture plus classique, renvoyant le mythe à l’histoire.

La visite se termine par un tour dans le parc des sémentales, remarquablement présentés eux aussi . Le dernier âgé de quatre ans est le premier pur produit de Casa de Los Toreros .

En 2014, Juan Pedro Domecq Bohorquez et sa sœur Lourdes, petits neveux du Marquis décident de ramener le sang brave sur leurs terres et c’est Juan Pedro qui nous accueille aujourd’hui pour visiter son élevage et nous faire partager sa passion pour le toro. Cette année la centaine de vaches qui composent la ganaderia ont la chance de pouvoir profiter d’une alimentation verte qui profitera certainement à tous les veaux qui commencent leur sevrage. Nous passons ensuite aux parcs des novillos et la première chose qui frappe le yeux des aficionados que nous sommes, c’est la présentation des animaux. Erales et novillos sont remarquables et le ganadero de nous expliquer que pour lui la présentation doit être impeccable. Il sélectionne sur le modèle mais aussi sur le caractère son toro doit être brave et noble avec de la caste. Certes son encaste de base est Domecq mais, nous dit il on peut faire des Domecq très différents, et lui recherche la bravoure. Mais la caste sans la force ne sert à rien ajoute-il et il privilégie celle ci dans sa méthode d’élevage, de grands parcs en pente où les animaux doivent se déplacer pour boire et manger.

Actuellement la jeune ganaderia ne sort qu’en novillada sans picadors et en novillada piquée. Un lot de novillos a été toréé en piquée ce printemps à Antequera. Trois des novillos ont pleinement satisfait le ganadero mais il reste encore du travail pour que tout soit parfait et l’on peut compter sur Juan Pedro Domecq pour que tous les ajustements soient faits. En ce moment deux novillos de la maison sont dans les cercaderos de Madrid réservés par Florito comme sobreros pour les novilladas de cette année à La Ventas. La plus jeune des ganaderias jerezana a tout son avenir devant elle et mérite d’être connue.

Jean Dupin