Rencontre avec Adrien Salenc « Adriano » ce mercredi à la ganadería d’Olivier Fernay y sus Hijas…Chez l’éleveur de Pont de Crau, aux Jasses de la Ville, deux vaches l’attendaient, avec de seconds les jeunes aspirants Clovis et Manuel Fuentes. Deux vaches qui ont étalé de fort belles qualités, la seconde toutefois un peu juste de forces, et qui ont constitué un bon entrainement pour Adrien avant son rendez-vous de La Brède samedi prochain. Un Adrien visiblement affûté ayant gagné au printemps le Scapulaire d’Or de Puquio, au Pérou, et qui malgré quelques déceptions, semble remonté à bloc pour attaquer de front les rendez-vous importants qui l’attendent chez nous dans le cours de l’été… TEMPORADA 2023« Sur le plan comptable, j’ai participé à une quinzaine de corridas. Pour moi, ça a constitué une bonne saison que j’ai commencée en Espagne pour la Copa Chenel où je n’ai pas eu trop de chance. Après, je suis revenu pour un remplacement tambour battant du lundi de Pâques pour la corrida de Victorino. Je suis arrivé à 14h, revenant du Pérou, enfilant le costume de lumières pour affronter cette forte corrida cinqueña. J’ai coupé deux grosses oreilles après une faena inventée et de beaucoup d’efforts au dernier toro. Franchement, j’ai été quelque peu surpris de ne pas avoir été répété cette année. Je vois qu’année après année le temps passe, d’autres toreros plus jeunes arrivent et forcément, dans ce cas, on se demande ce qu’il faut faire pour retrouver le ruedo. Je crois que j’ai prouvé être capable devant tous types de toros et c’est pas mal décourageant de devoir poireauter et ne pas avoir la place que je pense avoir méritée. A savoir que dans les ferias de plusieurs cartels, je pense avoir gagné un meilleur traitement. Ensuite, il y a eu Istres avec une grande après-midi sur le plan artistique où j’ai pu totalement m’exprimer, coupant trois oreilles aux toros de Cuvillo, et deuxième surprise, toujours pas reconduit… tout comme à Nîmes où j’ai coupé deux oreilles en septembre aux toros de Robert Margé… Dans le Sud-Ouest, à Dax, j’ai obtenu deux oreilles à la corrida de Pallarés, une à Bayonne à un toro de Garcigrande où heureusement, je retournerai cette année dans ces deux plazas. Outre ces succès, j’ai connu quelques triomphes au Pérou, notamment à Chota et à Cutervo, qui m’ont bien permis d’ouvrir quelques portes aux côtés notamment d’Andrés Roca Rey et Joaquín Galdós. En définitive, malgré le bémol des engagements auxquels je croyais pouvoir prétendre, je pense que le solde est positif. Finalement, c’est peut-être bien de se faire attendre !!! De toute façon, il n’y a pas de frustration de ma part dans la mesure où c’est quelque chose qui échappe à mon contrôle. Si j’avais pégué des pétards, je saurais pourquoi on ne m’engageait plus, mais là, j’ai fait tout mon possible, ça s’est super bien passé, donc ça ne dépend pas de moi… 2024J’ai commencé en Espagne, à Villarobledo, où j’ai été pour la première fois parrain d’alternative de Sergio Felipe, torero d’Albacete. Je suis sorti a hombros avec mes deux compañeros pour avoir coupé deux oreilles aux toros de Voltalegre. Ensuite, je suis parti au Pérou pour la première grande feria, celle de Puquio, à 3200 mètres d’altitude, douze heures d’avion et onze heures de fourgonnette ! On ne peut pas recréer à l’entrainement les conditions liées au manque d’oxygène, mais pour mettre toutes les chances de mon côté, je suis arrivé quelques jours avant afin de m’acclimater. J’ai coupé trois oreilles pour cette corrida télévisée, ce qui a entrainé une bonne répercussion puisqu’une dizaine de corridas m’attendent à présent. Je vais d’ailleurs passer tout le mois de juillet au Pérou. Avant, l’actualité, c’est la corrida de la Brède le samedi 22 avec Uceda Leal et Dorian Canton, toros de Margé, un élevage que je connais bien. Puis après le Pérou, je reviendrai pour Villeneuve de Marsan le 6 août pour affronter les Pagès-Mailhan. Retour ensuite au Pérou pour deux corridas de plus, puis un rendez-vous très important m’attendra à Dax le 18 avec Román et David de Miranda, toros de Pedraza de Yeltes, pour la corrida de l’Agur !On sera alors fin août avec une corrida à Saint-Gilles le vendredi 30 août avec Thomas Joubert et Roca Rey, toros de Rocío de la Cámara, et deux jours plus tard, le 1er septembre, retour sur Bayonne pour la clôture de la Feria de l’Atlantique avec Juan Ortega et Andrés Roca Rey, toros de Zacarías Moreno . J’aurais peut-être encore quelques opportunités, mais je ne veux pas trop en parler car il n’y a rien de définitif pour le moment. Sinon, on peut dire que je suis globalement respecté en ce qui concerne mes engagements, je ne peux pas pour autant accepter n’importe quoi et si je pense que les conditions ne sont pas réunies, je préfère laisser ma place. Par mes propres convictions et par rapport à ce que je pense valoir sur le marché et au chemin que je veux tracer dans ma trajectoire, je tiens à me tenir sur une ligne qui me corresponde. Et aussi pour que le public s’y retrouve dans ma carrière…TOREOJe pense avoir évolué, en ne perdant jamais de vue que la tauromachie, c’est aussi passion et alegría. Je donne beaucoup de ma personne et c’est vrai que j’ai des facilités pour connecter avec les gens. Pendant une corrida, je dépense énormément d’énergie, c’est naturel chez moi. Il faut bien sûr respecter la base d’un bon toreo, mais surtout intéresser le public, lui transmettre ton envie. Manuel Benítez « El Cordobés » a d’ailleurs dit : « Le plus important dans le toreo, c’est l’ouïe du public ! » Maintenant, après cinq ans d’alternative, je pense avoir évolué vers plus de maturité, de réflexion, le concept est beaucoup plus défini avec l’expérience, avec une sensation de davantage de sécurité, d’affirmation, une tauromachie plus posée, plus profonde, pour extirper au mieux la charge que le toro a au fond de lui. C’est ce que je recherche dans mes affrontements avec l’animal…ENTOURAGEJ’ai la chance d’être entouré de bons banderilleros et de bons amis qui savent me conseiller, ainsi que de matadors avec qui je parle et je m’entraine. El Juli ? J’entretiens toujours de bons rapports avec lui. Il m’a d’ailleurs félicité pour mes cinq ans d’alternative, avec un message très sympathique. J’ai aussi pas mal de relations avec les Péruviens Roca Rey et Galdós qui sont des amis intimes. Toutes ces relations sont très importantes dans le domaine humain et de ma progression. Je suis toujours très heureux d’être entouré par tous ces gens qui ont autant d’expérience et qui sont forcément de bon conseil…OBJECTIF 2024Toréer le plus possible, évidemment, notamment à Madrid où j’ai confirmé face à deux toros de Fuente Ymbro qui m’ont malmené. J’avais fait un effort important, mais en vain. Plus généralement, toréer davantage en Espagne et marquer le public à chacune de mes sorties. Où que ce soit… » Après l’avoir suivi attentivement lors de ce tentadero, j’ai pu constater combien il mettait de cœur à l’ouvrage, ne ménageant jamais sa peine pour tirer le meilleur de chaque confrontation. Alors Adrien, suerte pour samedi à La Brède, et bien sûr, pour une suite estivale propre à remplir ton esportón… Paul Hermé texte et photos torofiesta.com |