Casi lleno pour cette quatrième corrida du cycle estival du Puerto de Santa Maria; les touristes sont enfin arrivés pour voir et complimenter les deux figuras du jour à savoir le Morante et bien sûr celui qui remplit les arènes: Andres Roca Rey. Les pupilles de la ganaderia de Nunez del Cuvillo bien présentés et commodes d’armure maquant singulièrement de caste permirent aux trois protagonistes de s’exprimer chacun dans son style.

Morante de la Puebla ovation et oreille

Andres Roca Rey oreille et deux oreilles

Gines Marin oreille et ovation.

Le premier, grassouillet saute dans le capote du « cigarero ». Ses trincheras font hurler les morantistes ainsi que ses naturelles bien dans le style de la maison, lentes et profondes. Bien initiée, la faena tombe vite dans le commun par la faute du toro peut être plus que du torero. L’estocade est défectueuse et nécessite l’usage du descabello.Le second est plus collaborateur et Morante pourra se livrer un peu plus sans jamais toutefois atteindre les sommets. Ses véroniques d’entrée ont toute la suavité requise, les morantistes sont aux anges, les autres apprécient. Aux banderilles, Curro Javier fait jouer la musique en saluant après deux paire pour le souvenir. Morante ouvre la faena par une immense série à droite toute de temple et de profondeur, le passage à gauche est plus compliqué en raison des coups de tête de l’animal. On peut cependant savourer quelques bonne naturelles isolées. Une bonne estocade entière permet l’octroi d’un trophée.

Roca Rey !… Que dire ? Je vais passer pour le rabat joie de service le vilain petit canard puriste, celui qui n’entend rien à la tauromachie moderne, le vieux ringard grincheux, mais tant pis. Ce soir le péruvien ne m’a pas convaincu. Certes son quite alternant chicuelinas et tafalleras fut bon et probablement le meilleur de son actuation au premier. Il donne des passes certes mais sans dessiner une faena intelligible il n’y a rien de mauvais mais rien de bon non plus, toréant de loin souvent derrière les cornes, fuera de cacho, en particulier dans les séries de circulaires inversées finales. Mais le public aime et a payé pour ça L’estocade portée droit mais en arrière et tendue nécessite l’usage du verduguillo. Les gens sont venu voir Roca Rey couper des oreilles il réclame la première qui ne s’imposait pas.

A son second, les véroniques d’entrée sont bonnes mais n’ont ni la lenteur ni la profondeur de celles de Morante. Viruta et Paco Algaba saluent aux banderilles. Commence alors une faena populiste au possible début à genoux avec passes dans le dos puis vient une bonne série à droite la première série à gauche est d’une en une. Nous tombons ensuite dans ce que Roca Rey maîtrise à merveille et que le public adore : le toréo de proximité, dans l’angle mort de vision du toro en citant sur la corne contraire la proximité donne l’impression de péril alors que le toro ne voit pas le torero ou plutôt le voit trop tard, lorsque emporté par son élan il l’a déjà dépassé. Suivent les circulaires inversées en rafale, le toreo de cul comme disent certains de mes amis aficionados espagnols. Enfin suprême de vulgarité le dernier desplante tournant le dos au toro en jetant les outils sur le sable. En suivant deux tiers de lame tombée et de travers encore l’usage du descabello permettent au péruvien de couper deux oreilles supplémentaires.

Il faudra attendre Gines Marin à son premier pour voir un vrai toreo de «verdad » Ses véroniques n’ont peut être pas la lenteur de celles de son confrère de la Puebla mais elles en ont la profondeur. Son quite par chicuelinas ultra serrées est à couper le souffle. Que dire des doblones d’entrée très longs et très templés ? La faena est ultra classique dans un toreo de face tant à droite qu’à gauche. Les séries sont souvent débutées d’un côté et terminées de l’autre grâce à de très élégants changement de main. Et cette arrucina que n’aurait pas reniée le mexicain qui vient en ponctuation d’une série extraordinaire. L’estocade entière est portée avec sincérité en rentrant droit. Elle tardera un peu à agir et privera certainement Gines Marin d’un deuxième pavillon qui lui tendait les bras.

A son second bien salué au capote par une alternance de véroniques et chicuélinas,l’estremeno natif de Jerez débute la faena par des aidées clôturées d’un bon trincherazo. La faena continue dans un toreo de face très classique mais le public ne suit pas trop alors lui prend l’idée saugrenue de vouloir faire du Roca Rey. Il se tourne vers le respectable, le prend à partie et se lance dans du toreo de proximité et moult circulaires inversées. La mayonnaise ne prend pas et comme de plus la mise à mort sera délicate, Gines ce contentera d’une ovation .

Une petite semaine de repos et nous reviendrons vendredi à la Plaza Real pour la suite de cette temporada estivale avec la corrida de rejon et le retour de Diego Ventura accompagné d’Andy Catragena et Léa Vincens devant des toros de Guiomar Cortes de Moura.

Jean Dupin