Le coso del Pino était quasi plein, quelques trous sous le soleil de plomb, malgré la présence des caméras de Canal Sur. Une fois de plus pour cette sixième édition de corrida magellanesque, Carmelo Garcia avait contracté avec le frères Miura. C’est un lot digne d’une place de première catégorie que les ganaderos de Zahariche avaient envoyé pour cette tarde les plus légers pesaient 580 et 590 kilos puis 600, 610, 630, et enfin un monstre de 670 kilos long comme un jour sans pain et armé comme ses frères dans le type de la maison large et pointu. Le premier et le dernier, les plus lourds s’avèrent faibles les autres donnèrent du jeu avec toutes les difficultés inhérentes à la caste Miura.

Jesus Manuel « el Cid » palmas et deux oreilles

Manuel Escribano salut et deux oreilles

Esau Fernandez deux oreilles après avis et palmitas après avis

Le premier du Cid tient plus du Charolais que du bravo, il perd toutes ses forces en défonçant en sortie et passera par la suite son temps à se rouler par terre. Le Cid abrège promptement.

A son second un beau salpicado qui pourrait faire la couverture d’un livre taurin, le Cid nous offre le premier capotazo de la soirée ; De belles véroniques finement ourlées préparent une double rencontre au cheval initiée du centre. Suit une bonne faena sur les deux bords en baissant la main et en liant. Le toro tient caste et noblesse, El Cid s’engage et l’accord se fait. Même si la corne gauche est plus compliquée, les passes s’enchaînent avec beaucoup de douceur. Retour à droite pour un final fleuri rehaussé d’un superbe farol précédent une immense passe de poitrine la conclusion se fera par des passes de l’abanico de bon goût. Certes l’estocade est desprendida et en arrière mais portée entière au premier essai le public réclamera les deux oreilles.

Le premier de Manuel Escribano refuse tout combat au capote ne rentrant jamais dans la passe. La première pique est mal portée, la second prise depuis le centre est meilleure mais le toro ne s’engage pas vraiment. Le meilleur sera certainement le tercio de bandérille exécuté avec sincérité par le maestro. La faena sera entièrement à mi hauteur sans transmission et sur le voyage. Ni l’un ni l’autre des deux protagonistes ne donne vraiment l’impression de vouloir s’engager. L’estocade entière, desprendida et en arrière après un pinchazos est suffisante .

Escribano donne à son second une bonne larga de rodillas au fil des planches il limite la partie équestre à une rencontre. Si ses deux premières paires de banderilles sont à corne passées , la troisième al violin est superbe. La faena débute au centre par une inversée dans le dos et il faut reconnaître que le torero n’a pas dévié le toro mais a fait un grand pas en avant pour éviter le choc. La seconde est correcte. La première série droitière est à mi hauteur est de peu de qualité, lorsque enfin Escribano se décide à baisser la mai la faena monte en intensité le toro s’avère noble et suit bien la muleta mais c’est un Miura et il faut le surveiller comme le lait sur le feu Escribano connaît bien ce sang et il utilise bien les qualités de l’animal. Le final est haut en couleur bien dans le style du torero de Gerena. On notera en particulier les quatre très bonnes manoletinas finales. L’estocade est entière certes, mais en arrière tombée et tendue, les deux oreilles me paraissent très généreuses mais comme me le dit ma voisine cela permet la photo des trois en triomphe à la porte des arènes, on donne les explications que l’on peut !

Esau Fernandez attend son premier à genoux, quasiment au centre du ruedo face à la porte du toril. L’animal met un peu de temps avent de voir le torero et de charger. Cette larga sera la seule chose du travail capotero le toro refusant de mettre la tête dans la percale. Il ne s’emploie guère dans la première pique mais charge avec allegria depuis le centre pour la seconde. D’entrée de jeu à la muleta Esau Fernandez baisse la main muleta au sable et le toro le suit en baissant la tête permettant de lier. Comme souvent avec les miuras, les séries sont courtes mais bien liées et templées. Même si la faena n’atteint pas les sommets l’impression est plus qu’agréable et le danger permanent fait croître l’émotion. La corne est dangereuse et le pantalon du torero déchiré de haut en bas laissant apparaître un refilon sur la peau est là pour en témoigner. La mise à mort est hésitante : un pinchazo hondo desprendido, le tor se relève deux fois à la puntilla et un descabello. Pourtant de manière assez injustifiée Esau Fernadez coupe deux oreilles il sera par la suite déclaré triomphateur de la soirée. Passons…

A son dernier un mastodonte tout droit sorti des grottes d’Altamira mais trop faible pour son poids, Esau laissera une impression d’inachevé sans compter une mise à mort compliquée.