La veille du lundi, à Rion-des-Landes, l’arène André Tardis exulte des paso dobles de l’harmonie. Cette symphonie enchanteresse retentit pour des novilleros pleins de fougue, qui affrontent des becerros dans un ballet émouvant et passionné. Derrière leurs stylos, les revisteros élaborent des jugements impitoyables pour la presse du lendemain, condamnant sans merci les efforts de ceux qui vont devant les becerros.

Je pourrais tout à fait estimer que ma journée de dimanche à Rion-des-Landes, marquée par la présence de danseuses de flamenco, une tertulia en soirée et des moments de fraternité avec mes amis, est amplement suffisante. Profondément, en moi, je suis impatient de découvrir la capea du lundi.

À la même heure que la novillada de la veille, il y a Richard M avec ses élèves qui font le spectacle du début de soirée. Un public familial de la commune, de parent à la fois fier et inquiet de leurs chérubins qui vont affronter des vaches ou des taurillons de la Ganaderia de la Mecque. À la baguette, le Maestro, vêtu d’un micro cravate, murmure des mots doux à l’oreille du public, les rassurant sur le ton délicat qu’il adoptera envers ces jeunes en tenue de campo.

J’adore ce moment-là et secrètement au fond de moi, j’aspire à faire un espontanéo devant ces petites paires de corne. Tout en prenant des photos, j’écoute les conseils qu’il donne en espérant qu’il me propose de briller dans le ruedo ou pour une sortie ultérieure.

Sous le regard bienveillant des spectateurs, un ballet ensorcelant se joue dans l’enceinte de l’arène : trois vaches, de tailles différentes, mais toutes portant fièrement leurs cornes, défient le temps et l’espace, plongeant les acteurs dans la réalité de la vie, de l’éthique, qui est de torer.


Comme la veille, il faut s’adapter à un comportement mansa, de noblesse, de race. Selon leur niveau, les élèves se font prendre, d’autres exécute la série qui fait vibrer. Pourtant lors de la capea du lundi le révistero est absent, les photographes ont préféré les habits de lumière de la veille à ces jeunes en habit de campo qui espèrent devenir des figuras.

Une vuelta pour terminer la séance, une tertulia autour d’un verre. La mélancolie de quitter cette plaza de toro sans avoir torer, mais aussi de bonheur d’avoir figé des moments qui feront plaisir à ces apprentis. Le gusanillo, c’est cela qui m’amène voir la capéa du lundi à Rion-des-Landes

Nicolas C