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L’émotion est surtout venue de la retirada de Thomas Joubert…Temps chaud, arènes pleines. Toros de Rocío de la Cámara (le 4bis et le 6 du Cortijo de la Sierra -même élevage-) formant un lot deslucido, mansos certains et faibles pour la plupart. Deux d’entre eux ont été renvoyés aux corrales pour manque de forces, le 4 bis du même élevage et le 5bis par un Gallon.
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Au paseo, Carmen interprété par Frédéric Cornille. Avant que ne sorte le premier toro, Marseillaise puis saluts en piste des trois toreros.Thomas Joubert : saluts puis deux oreilles.Andrés Roca Rey : silence et palmitas.Adriano : saluts et silence. Cette corrida très attendue, l’entrée en attestait, n’a pas hélas tenu toutes ses promesses principalement par la faute d’un lot dont on attendait plus. Et mieux. Relation de cause à effet, la plupart des combats ont pêché par manque d’émotion, voire d’alegría.Elle avait aussi la particularité d’avoir dans un premier temps tourné autour du numero uno Andrés Roca Rey, mais curieusement, l’intérêt a pris de l’ampleur quelques jours avant à peine avec l’annonce de Thomas Joubert déclarant qu’il se retirerait définitivement à l’issue de cette course ! Un rebondissement qui en a accentué l’attrait, sans oublier la participation d’Adrien Salenc « Adriano » que l’on avait perdu l’habitude de voir par chez nous…

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Thomas Joubert a attaqué avec un Rocío qui a rapidement étalé sa mansedumbre. Après un bon second tercio à charge de Marcou Romero et El Chino applaudis, Thomas a instrumenté une faena entrecoupée de gestes méritoires au son du Concerto d’Aranjuez, sans que le tout soit totalement abouti, par manque de caste de son opposant. Mort en trois temps. Le quatrième a eu un drôle de comportement d’emblée, allant lécher le sable à plusieurs reprises, ce qui a contraint le palco à sortir le mouchoir vert.  Sortit alors un castaño bizco du même élevage, mais estampillé Cortijo de la Sierra, qui poussa sur l’unique assaut.tj30brind

Pour ce dernier combat, Thomas brinda au public puis à sa compagne et sa fille. La faena comprit alors plusieurs mouvements de bonne note au son de la Concha Flamenca, un trasteo visiblement dans le corte et le concept de son créateur, soutenu à fond par un conclave tout acquis à sa cause, comme c’est le plus souvent le cas en pareille circonstance. Certainement le moment tauromachique le plus sympathique et émouvant de la course ! Et comme colofón, avec une gestuelle en posture de réaliser une dernière série sous forme de cartucho de pescao, il réussit en définitive un recibir qui lui valut deux trophées. Olé, Maestro ! S’ensuivirent oreilles en mains, mais aussi avec les castoreños de ses deux piqueros, deux vueltas chaleureusement fêtées… entrecoupées par l’entrée en piste d’Alain Montcouquiol, ciseaux en mains, qui lui coupa la coleta… Plus tard, alors qu’il aurait pu prétendre à une ultime sortie a hombros, Thomas sortira à pied avec sa cuadrilla, un geste fort d’humilité qui lui correspondait totalement. A pieds, certes, mais sous une colossale ovation de retirada qui comptera dans l’histoire taurine de Saint-Gilles…
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Andrés Roca Rey enfile les contrats comme d’autres les perles ! Ce jour, il n’a pas vraiment eu de quoi enflammer le cirque. Son premier ne redoublait pas de forces et dès lors, son combat a manqué de saveur, le Péruvien n’insistant guère, finissant par entière au second envoi. Le quinto sortit avec fougue sur 10m… puis s’affala de tout son long ! Du rarement vu. Il a été remplacé par un autre sobrero, de Gallon cette fois, applaudi à sa sortie par réaction au bétail exposé auparavant. Mais s’il était mieux présenté, il n’a malheureusement pas totalement tenu la distance. De rares éclairs avant une conclusion en trois temps, pinchazo profond, demi-lame puis descabello. adr30k

Reste Adrien que l’on a retrouvé comme on l’avait laissé, toujours enthousiaste et combatif. Il tenta par la suite de corriger la mansedumbre du Rocío, mais dut en définitive se résoudre à aller le lidier en querencia où il en tira le maximum de ce que le bicho lui permettait. Avec l’ultime, piqué en deux fois, Adriano manifesta à nouveau une belle entrega, sans pouvoir toujours lier, mais en distillant toutefois quelques muletazos valeureux, le tout étant rematé sans éclats. Mais il y a une chose que l’on ne pourra pas enlever à l’Arlésien, c’est sa détermination, ses ganas. En outre, notons qu’il a brindé sa deuxième faena à Thomas dans un beau geste de compañerismo… 
Paul Hermé

torofiesta.com