Voici les propos du sénateur LR Laurent Bugoa recueulli par Stéphane Guin dans Midi Libre
Comment a émergé cette proposition de loi (PPL) visant à interdire la corrida aux moins de 16 ans ?
L’opposition à la corrida de Madame Cazebonne est connue car elle a déjà été à l’initiative d’une PPL pour l’interdire aux mineurs quand elle était députée. Il semblerait que la majorité n’était pas massive au sein du groupe Rassemblement des Démocrates Progressistes Indépendants (RDPI) car il est composé de nombreux sénateurs d’Outre-Mer qui étaient absents lors du vote de la réunion de groupe.
Ils voteront probablement contre cette PPL car, sur le territoire, les combats de coqs sont ancrés dans leur culture. D’ailleurs, le Président Patriat est un chasseur qui avait soutenu nos traditions locales lors de l’épisode Caron.
« Il faut rester vigilant »
Quels sont les équilibres parlementaires au sein du Sénat ?
Au sein du Sénat, la droite et le centre sont majoritaires avec 131 sénateurs LR et 51 de l’union centriste sur les 348 sénateurs. Malgré tout, il faut rester vigilent car, dans chaque groupe, il y a des opposants à la corrida y compris chez les Républicains où un élu vétérinaire l’a signé. Il faudra faire du lobbying en interne.
Quel va être le processus parlementaire ?
Si la PPL est soumise au vote s’il reçoit la majorité, il faut l’approbation des deux Chambres et donc le texte sera alors inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Je suis optimiste mais il faut rester prudent et mobiliser les troupes. Je vais mettre toute mon énergie pour que cette PPL soit rejetée.
Les éléments constitutionnels invoqués par l’union des villes taurines auront-ils un poids ?
Sur le fond, il existe des éléments juridiques importants. Mais l’argument principal est de rappeler que la corrida est limitée à certains territoires et il faut nous laisser en paix. On ne cherche pas à le développer sur toute la France. Nous sommes dans un pays de liberté et la présence des mineurs relève de la responsabilité et de la politique éducative des parents. Des jeunes ont accès à des choses bien plus dangereuses pour leur vie et leur santé mentale comme des films violents ou pornographiques.
Je regrette, qu’une fois de plus, on crispe le pays pour pas grand-chose. Je respecte ceux qui n’aiment pas la tauromachie mais on attend un respect mutuel. On peut vivre ensemble en France, chacun avec nos différences et nos particularités sur nos territoires. Je vais insister sur ces arguments auprès de mes collègues indécis.
« Je suis attaché à la transmission de nos cultures et nos passions »
Au-delà des arguments culturels et écologiques évoqués lors de la PPL Caron, pensez-vous que le regain de fréquentation puisse aider la corrida ?
Il est évident que je mettrai en avant les éléments économiques pour les acteurs de notre territoire et les recettes fiscales générées par la corrida dans une période compliquée au niveau budgétaire. Mais je ne suis pas sûr que ces arguments portent sur des parlementaires indécis. C’est un problème de transmission car interdire la corrida aux mineurs la ferait disparaître à terme. Nos opposants en sont pleinement conscients.