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Une fois encore les réseaux sociaux s’enflamment de caricatures, d’invectives voire d’insultes avant le vote de la PPL sur l’interdiction de l’accès aux arènes au moins de 16 ans qui se déroulera ce jeudi au Sénat. Ce sera le jour de la rencontre Israël-France et avec l’éventualité d’un nouveau pogrom, en France cette fois ; le vote sénatorial, son résultat quel qu’il soit, sera vite passé à la trappe tant l’actualité est terrifiante. Les ennemis d’hier qui se traitent de « grosse poubelle », la macroniste Samantha Cazabonne et Manuel Bompard le LFIste -il a signé une pétition pour l’adoption du texte-, se trouvent dans le même camp. Leur opposition si vite oubliée serait donc du théâtre ? De l’agitprop ? Leurs disputes affichées une blague pour abuser la galerie ? Ils sont d’accord, en tout cas, sur un point essentiel : la réduction des libertés publiques.

André Viard sur BFM TV a parfaitement soutenu notre point de vue; sur la forme avec fermeté et modération et sur le fond en s’appuyant sur la raison et la sincérité. Dans ces moments troublés que nous traversons où on ne sait plus qui est qui, il est essentiel que quelqu’un de solide tienne la barre, car dans ce contexte, rien n’est acquis par avance, toutes les manœuvres, les combines peuvent être envisagées et avoir des résultats inattendus.

Dans tous les pays où elle est attaquée Espagne, Colombie, Mexique et désormais la France, la tauromachie n’est qu’une variable d’ajustement des combines politiciennes. Le discours moral de ses instigateurs n’est qu’un cache sexe : qui peut croire devant le spectacle de la violence inouïe donnée par les médias, incontrôlée sur les réseaux que la corrida heurterait notre jeunesse ? Qui peut y voir une sorte de priorité nationale autorisant les partis à dépasser leurs oppositions radicales ? Il n’y a là ni logique, ni vérité, ni raison.  

Qu’il y ait dans la société sur ce sujet un « conflit de sensibilité » cela ne fait pas de doute. Il est dû souvent à une méconnaissance totale d’une pratique complexe et méconnue de très nombreux français. Respectons ceux qui ne pensent pas comme nous; personne ne les oblige à partager nos goûts. Mais interdire ce n’est plus pareil. C’est un précédent. Si nous interdisons telle ou telle pratique parce qu’elle ne nous convient pas, que deviennent nos principes républicains basés sur le socle liberté, égalité, fraternité ? Plutôt qu’interdire ou limiter les idées, les religions minoritaires, les pratiques régionales -taurines ou autres-, la responsabilité de l’Etat et de ses représentants n’est-elle pas de les protéger ?  

Je ne doute pas que dans sa sagesse le Sénat respectera ces principes républicains, ciment d’une société déjà trop divisée.

Pierre Vidal