
Je n’ai pas encore évoqué la situation de la tauromachie à Mexico car on ne sait jamais comment tournent les événements dans ce pays à la démocratie balbutiante et bien mal en point, indéchiffrable pour l’observateur moyen en quête de cohérence. Il semble que les anti-taurins aient découvert une nouvelle trouvaille qui agréé aux gouvernants locaux : juges et assemblées fédérales du parti moreno. Il s’agit de la corrida « corrida de toros sin violencia », c’est-à-dire sans mise à mort, ni picador, ni banderilles. Pour prendre un exemple bien français : du hachis parmentier sans viande… Tout se jouerais ce mardi et les taurins mexicains sont appelés à se réunir devant l’assemblée avant que ne soit pondu ce décret stupide et insensé.
Stupide puisque la nature même de la corrida est de donner la mort du toro d’une manière rituelle strictement réglée avec un tiers réservé aux picadors, un autre aux banderilles et le troisième justement à la mise à mort. C’est l’essence même de la corrida, sans cela ce n’est qu’un jeu dérisoire, vulgaire, irrespectueux de l’animal. Ce n’est pas plus concevable que de jouer au foot avec les mains.
Ensuite cette mesure vient d’une des pays les plus dangereux de la planète où règne une violence extrême, livré au narcotrafic qui entretient des armées privées, qui a ses propres écoles, hôpitaux, radios, groupes de rocks, etc. Leurs exactions sont telles que l’on a parlé récemment de narcofourcrématoires où on a trouvé des milliers d’os humains calcinés dans de gigantesques citernes appartenant à des paysans locaux disparus. Les narcos ont infiltré par ailleurs toutes les couches de l’administration. Qu’en est-il d’ailleurs de ceux qui prennent ces oukases anti-taurins?
Quelque soit le résultat de ce mardi -le pire est probable- il faut en retnir la leçon: le danger pour les taurins est toujours politique. Il l’est en Colombie où le régime dictatorial de Petro aux prises avec un redémarrage de la guerre civile en a fait une obsession ; il l’est aussi au Mexique où la nouvelle présidente de gauche a bien du mal en interne comme en externe avec Trump qui lui mène la vie dure.
Une fois encore la tauromachie est la variable d’ajustement. C’est le hochet que l’on agite en direction des minorités woke. On voit en Espagne où les arènes sont pleines grâce à l’effet Roca Rey qui joue à plein, l’attitude brutale et intolérante du ministre de la culture Urtasun que la tauromachie reste dans l’œil du cyclone lui et ses partisans attendant leur heure. La décision de Mexico a donc son importance pour notre avenir.
Pierre Vidal