
Chose rare l’assistance était réduite cet après midi dans les arènes de Sanlucar de Barameda pour la première novillada piquée du circuit andalou de la Fondation Toro de Lidia. La présence des caméras de Canal Sur y était peut être pour quelque chose, mais surtout le temps à ne pas mettre un andalou dehors, la pluie fine pénétrante et incessante ainsi qu’un froid polaire pour la province de Cadiz a incité plus d’un à rester au chaud devant sa télé. A l’issue de la corrida les rues étaient vides et nous n’ûmes pas de mal, les quelques jerezanos que nous étions en compagnie de la commission taurine de Mont de Marsan à trouver des places au restaurant après la course .
Les novillos de Rocio de la Camara remarquablement bien présentés donnèrent du jeu avec parfois un peu de genio (le second) et une certaine faiblesse. Ils furent brave à la pique et certaines chutes des amimaux furent dues à l’état de la piste et aussi à la brusquerie des novilleros qui ne tinrent pas compte de cet état.
Le bilan de la novillada est une fois de plus pléthorique :
Gonzalo Capdevilla deux oreilles et une oreille
Javier Zulueta deux oreilles et deux oreilles
Angel Perez deux oreilles et silence après deux avis
On ne change pas Gonzalo Capdevilla son style est toujours aussi tremendiste et sans profondeur. Au capote deux sorties à puerta gayola sans autre effet que de faire peur au respectable une kyrielle de largas des rodillas au second et aucune passe de capote un tant soit peu dessinée. A la muleta la profondeur fait aussi défaut les dérechazos et naturelles sont collés les uns aux autres sans donner l’impression de construire une faena. Le final toujours tremendiste porte certes sur une parti du public sans convaincre l’aficionado puriste. L’estocade au premier est sincère mais en arrière et provoque une hémorragie buccale, cela vaut-il deux appendices, j’en doute. A son second il tuera en deux temps ce qui réduira les trophées de moitié. Et que dire des protestations bruyantes et gesticulante du novillero et de sa cuadrilla quand le président imposa la pose de la troisième paire de banderilles, cela me paraît être un profond manque de respect envers la présidence souveraine en la matière.
Il faudra attendre le tour de Javier Zulueta pour voir une tauromachie certes épurée, mais construite et harmonieuse. Son premier est compliqué démontrant un peu de génio rapidement arrêté dans la passe et cherchant l’homme. Peu à peu Zulueta allongera la charge surtout à gauche. Il finir de façon limpide par de bons muletazos avant une bonne estocade. Les deux oreilles sot un peu généreuse mais à l’aune du jour. Son second adversaire est certainement le meilleur de la tarde. Ce quasi toro (480kg) ne manque pas de bravoure dans un long combat au cheval qui ne permettra pas une deuxième rencontre. Notons au passage que les chevaux de pique de ce soir étaient tous de race de trait particulièrement lourds. A la muleta Zulueta monte une faena intelligente et dominatrice particulièrement templée. Le jeune sévillan nous a offert les meilleurs moments de cette après midi tout en douceur verticalité et « compas » l’épée est entière légèrement tendida et en arrière mais efficace le novillo tombera en brave sans puntilla . Deux oreilles ici parfaitement méritées et comme le dirent certains, pourquoi ne pas lui donner aussi la queue pour faire bonne mesure avec ses confrères, il ne faut pas exagérer. Un seul regret que novillo n’ait pas eu la vuelta al ruedo.
Angel Perez toréait sa première novillada piquée et le jeune torero d’Arcos de la Frontera parut un peu vert. Il faut noter qu’au premier rang de ses supporters se trouvait le maire de sa commune cela est assez rare pour le souligner par les temps qui courent. Angel montrera de bonnes choses au capote à son premier par de bonnes véroniques élégamment dessinées. Sa faena de muleta est décousue et illisible les passes sont données de loin et il n’y a aucun liant. L’estocade sera efficace et le bruit des socios aidant il coupera deux oreilles d’encouragement. A son second, bon au capote, il ne sera guère mieux qu’à son premier à la muleta et entendra deux avis qui auraient pu être trois après une succession de pinchazos et de coups de descabello.
Les trois novilleros sont sortis à hombros et paraissaient content de leur exploits Zulueta surtout qui a certainement marqué des points dans le concours.
Jean Dupin