Comme souvent les corridas dont on attend beaucoup sont décevantes.Las Ventas avait fait le plein ce soir pour une tarde dont on attendait beaucoup. Les cameras de Télé Madrid ont permis aux autres, dont votre serviteur de suivre les débats. Les toros d’El Torero, biens présentés mis a part quelques pointes fragiles, n’ont pas tenu les promesses de leur trapio. Souvent faibles et de comportement très inégal : le plus utilisable certainement le cinquième.

Diego Urdiales silence et silence

Andres Roca Rey salut après pétition et oreille

Rafael Serna silence et oreille

Diego Urdiales aura traversé sans peine ni gloire cette San Isidro. Certes il n’a pas été servi au sorteo par deux toros faibles et décastés dont il s’est débarrassé rapidement.

Roca Rey est Roca Rey et sa seule présence suffit à remplir les gradins. Ce soir encore il a prouvé qu’il est l’un des meilleurs toreros du temps du moins de ceux qui s’accrochent et essayent de tirer le maximum de leurs adversaires. Son premier était désespérément faible et ses agenouillements ne permettaient pas de lier les passes. Le péruvien essaya pourtant mais sans jamais atteindre les sommets. Son coup d’épée pourtant bien porté déclencha une forte pétition insuffisante pour la présidence. C’est à son second faible certes mais disposant d’un bon fond qu’il s’arrimera vraiment. La faena fut longue, le premier avis tombant en pleine série mais il fallut bien ce temps pour que l’animal se livre enfin et permette une conclusion à la hauteur de Roca Rey. Après de longues séries sans transmission, subitement le toro sembla subjugué par la muleta. On vit enfin des séries liées et templées à souhait et en particulier trois immenses séries de circulaires inversées d’une longueur infinie. L’épée entière un peu tombée est efficace et cette fois ci la présidence suivit le public pour la première oreille de la soirée.

Rafael Serna confirmait ce soir son Alternative devant une plaza pleine à raz bord on se doute du poids qui pesait sur les épaules du jeune sévillan qui, en tout et pour tout, avait toréé un seul festival en 2024. Le toro de la confirmation lui permit peu, une bonne série de véroniques en gagnant du terrain au capote et un joli quite par tafalleras, et c’est à peu prés tout. A la muleta le toro mansote et faible ne permet rien de grand. La faena se limite à trois séries deux à droite et une à gauche, le tout toréé de face avec beaucoup de sincérité malgré les protestations de l’animal. Le final est par manoletinas elles aussi bien en face des cornes mais l’épée est en arrière et desprendida quoique poussée dans les règles de l’art.

C’est à son second et dernier de la soirée que Serna se donnera à fond toréant comme le mort de faim de toros qu’il est. Il attend son adversaire à la porte du toril très en arrière des rayas ce qui vaudra deux sauts au toros avant de voir le capote. S’en suit une formidable série de véroniques au centre du ruedo. Le toro qui est certainement le plus solide de l’envoi attaque le cheval à hauteur de cuisse du picador qui se défend comme il peut des hachazos furieux de l’animal. Le quite est par delantales très doux avant une nouvelle charge au cheval comme la première. A la muleta, Serna s’engage à fond devant un toro qui est loin d’être un collaborateur, le danger rode et l’émotion gagne. Malgré les difficultés, la faena est bonne et bien liée. Pourtant en sortie le toro se défend en dérotant, toujours ce même vice constaté au cheval. En sortie de passe de poitrine la corne atteint le torero à la pommette droite et c’est le visage en sang que Rafael Serna termine sa faena. L’estocade et portée avec franchise et met rapidement terme à une valeureuse prestation du jeune torero qui coupe ce soir une oreille de poids qui devrait, espérons le, relancer sa carrière.

Demain est un autre jour avec le un contre six de Marco Perez.

Jean Dupin