Madrid, Beau temps, 25° à 19h, Présence de l’Infante Elena en barrière, Hymne national à l’issue du Paseillo.
6 toros de JUAN PEDRO DOMECQ du genre à ce qui se fait de mieux pour l’expression des toreros, des toros « artistes » braves à la pique et nobles à la muleta, pour :
MORANTE DE LA PUEBLA : Oreille et Oreille, sortie apothéotique par la grande porte.
FERNANDO ADRIAN : Oreille et Silence.
BORJA JIMENEZ : Silence et Silence.

Le public était venu pour Morante, les aficionados étaient venus pour Morante, l’Infante était venue pour Morante, le Président était venu pour Morante, les toros étaient venus pour Morante. Ils voulaient tous venger la négation d’oreille infligée par le président de sa restation précédente lors de la corrida de la Presse.


Morante, obligé à saluer avant la sortie de son premier toro, ne les a pas déçu. Il leur a tout donné de son art incomparable depuis les véroniques de réception de son premier toro jusqu’aux naturelles de face à son second opposant, en passant bien entendu par les demi véroniques « de la maison », les chicuelinas serrées, les passes de la droite
liées dans un mouchoir, les naturelles à muleta plate, sublimes, les pechos, les trincherillas, les inégalables Kirikiki, les desplantes sévillans, tout, tout, il a tout donné, le sourire aux lèvres.
Bien sûr les puristes, du moins ceux qui ne sont pas encore ensorcelés, diront qu’à part les dernières naturelles de face les passes de muleta furent données les pieds de profil, et que la seconde estocade était moins bien placée que celle qui avait motivé le refus d’oreille à la
corrida de la Presse du 27 mai, mais il y a des jours où il faut savoir ne pas être puriste, même le tendido 7 l’a compris aujourd’hui en n’envoyant pas le moindre sifflet.


Passé après un tel monstre de taureaumachie n’est pas chose facile, Fernando Adrian a relevé le défi et à su couper lui aussi une oreille après une faena complète depuis les doblones initiaux donnés genoux en terre jusqu’aux Bernadinas finales précédent une belle estocade.

Borja Jimenez n’a pas démérité avec le lot de toros le moins bon, mais ses multiples pinchazos le privèrent de toute récompense. Et puis ce n’est pas, à notre avis, un torero pour toros « artistes » comme les appelait le fondateur de cette ganaderia trois étoiles pour les
grandes occasions.

Et puis, et puis, depuis ce jour le Morantisme n’est plus une secte, c’est une religion, la capitale s’étant rendu, après Séville et tant d’autres villes, au culte du Cigarero.
Alcaraz, la Roja, Morante, l’Espagne est décidemment bien servie cette année.
EXIR