
3ème corrida des fêtes de la Madeleine de Mont de Marsan. Quasi Lleno.
Toros de Jose Escolar.
FERNANDO ROBLEÑO, ovation et saluts et oreille

DAMIÁN CASTAÑO, silence. Blessure à son second toro au moment de la mise à mort

JUAN DE CASTILLA, ovation et saluts après avis et ovation et saluts après avis.
Salut du banderillero Ivan Garcia

C’était un soir de bataille : Arcole, Huningue ou peut-être Valmy. Assemblés autour des bivouacs les courageux grognards de Bonaparte pansaient leurs plaies. Ils en avaient vu des vertes et des pas mûres ces modestes guerriers depuis le début de leurs campagnes et soudain le général empanaché suivi de sa cour se dirigea vers l’un d’eux et lui pinçant la joue lui dit « tu as bien mérité mon estime ». O vieux grognard Fernando pour ton départ de ce champ de bataille sacré du Plumaçon tu as bien mérité ton trophée et l’ovation du public, admiratif mais le cœur pincé par cette retraite bien méritée certes mais trop tôt venue…
La course José Escolar a été très réussie et cela à tout point de vue : un ensemble très homogène, dans le type, souvent très bien défendu, le premier et le quatrième notamment, le cinquième en dessous. Elle fit le job au cheval sans brio excessif mais avec allant et elle se livra avec plus ou moins de loyauté par la suite. Les plus compliqués furent le premier et le cinquième. Le plus noble le sixième, le quatrième se livra lui aussi. Tous les toros furent applaudis à l’arrastre sauf le cinquième, sifflé.

Fernando Robleño faisait ses adieux à la capitale landaise et fut récompensé en piste après le paseo. Le premier n’était pas un cadeau mais le préretraité sut en homme sincère tirer le maximum de cet adversaire rétif qu’il abattit d’une entière en todo lo alto. C’est face à son second après un tiers de banderilles calamiteux qu’il montra l’étendue de son talent, de son art peut-on dire car à la réputation de belluaire qu’on lui a collé il faut ajouter une dimension artistique largement démontrée, en naturelles notamment, données avec temple par le bas avec une profondeur poignante face à un adversaire armé jusqu’au dent qui ne s’en est pas laissé compter. Une entière basse et le triomphe que tout le monde espérait pour ces adieux…

Très décidé Damian Castaño n’est pas tombé sur un lot propice. Le salmantino a tenté d’imposer son toreo à haut risque, donné dans les cornes parfois même effectiste mais toujours courageux. Il ne connecta pas avec les tendidos malgré ses efforts et se blessa en se jetant pour tuer son second Escolar. « Cornada seca » de l’animal qui le balança par terre et lui perça le mollet droit. Il fut évacué par la cuadrilla vers l’infirmerie et il était patent que l’affaire était sérieuse : il est désormais hospitalisé à l’Hôpital de Mont de Marsan.

Juan de Castilla avait dès le début apposé sa signature dans un quite sensationnel par gaoneras au toro de Castaño. Le jeune Bogotano enthousiasma les gradins par son intrépidité, son engagement et son exposition constante. Il fut plus à l’aise à son second passage où il fut l’auteur d’une fena, débutée à genou, émouvante par sa sincérité et en même temps rigoureuse dans son exécution. Pas d’effets démagogiques, de facilités superficielles mais une tauromachie solide basée sur des séries liées et souvent longues, données en se croisant le plus souvent à mi-hauteur avec une alegria qui a fait rugir les gradins. La conclusion épée en main ne fut pas à la hauteur de ce travail. Mais il entendit une belle ovation et sa sortie fut justement saluée par des applaudissements chaleureux.

Ainsi, Fernando, le grognard héroïque, nous quitte mais avec Juan la relève bouillante est là, prête à livrer les batailles essentielles.
Pierre Vidal
Photos Bertrand Caritey
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