
Talavera de la Reina, Tolède. Corrida de toros. Un contre six. Plus de la moitié d’arène.
Toros de Peñajara, le cinquième vuelta al ruedo .
MORENITO DE ARANDA, en solitaire: oreille, silence, oreille, ovation deux oreilles et deux oreilles.
Sobresalientes: Alvaro de la Calle et Emilo de la Serna
Saluèrent aux banderilles au troisième Mathieu Guillon et Juan Cantora. Sergio Blasco au quatrième.
Ovation au picador Gabin Rehabi pour un grand tiers de piques au sixième.
Morenito a banderillé le second.
Morenito a brindé en piste, assis sur l’estribo, son quatrième à Tomas Rufo. Il avait brindé le second à Triviño homme confiance qui relavait de blessure.
Très convainquant Morenito face à une corrida de Peñaraja bien présentée, forte, armée, sérieuse mais un peu inégale. Inégale aussi au comportement : le premier noble mais juste de force, le second blessé dès le début de la faena, le troisième sur la défensive, le quatrième violent, le cinquième très complet, durant et humiliant avec classe, le sixième brave et rompant sous la muleta.
Ce fut donc une tarde variée, spectaculaire où Morenito a montré toute la dimension qu’il a acquise ces dernières années -il faut bien le dire essentiellement dans les ruedos du sud-ouest de la France. Notons que l’accompagnement de Jean François Pilés aura été décisif dans ce renouveau d’un torero que l’on n’attendait plus à ce niveau. Soulignons aussi (cocorico!) l’excellente prestation des deux professionnels français en piste : Mathieu Guillon, formidable aux banderilles, et Gabin Réhabi qui emporte la palme lors du dernier tiers de la corrida, maîtrisant parfaitement trois rencontres ce qui n’est pas courant dans une arène de troisième catégorie espagnole.
Mais revenons au héros du jour Morenito. Il aura fait forte impression pour trois raisons son entrega d’abord, son sens de la lidia ensuite et sa toreria. L’entrega il l’aura démontré dès le début en allant à porta gayola face au premier Peñaraja puis en banderillant le second et surtout en se livrant avec vérité toute la tarde sans démagogie et en optant toujours pour donner l’avantage au toro aussi bien dans ses mises en suerte que dans ses cites de loin lorsque l’opposant le permettait.
Son sens de la lidia tout le monde le connaît et c’est pour cela qu’on l’aime d’abord. On aura relevé sa manière de conduire avec autorité le dur troisième, sa capacité à faire briller le remarquable cinquième pour lequel on demanda un indulto que l’animal ne méritait pas et auquel la présidence a eu raison de résister.
Enfin la toreria de de Morenito est sans doute ce qui a été le plus marquant cette soirée. Capeador d’exception, Jesus a donné un véritable récital tout au long du spectacle : véroniques cadencées, le corps penché, subtiles et séries rématées avec efficacité et aussi de bons quites par chiculelinas. A la muleta on voit que son concept, son idéal c’est le clacissisme : il ne cherche pas les effets mais la construction d’une faena cohérente et élégante dans son ensemble, comme on l’a vu face au 5ème et 6ème. Il a eu un bon rendement à l’épée tuant d’un estoconazo d’école le premier.
Tout cela fera chaud au cœur des aficionados français qui ont toujours cru en lui. Il est devenu avec le temps un des toreros qui aura marqué le plus le public de ce côté des Pyrénées et le succès de ce un contre six télévisé a montré qu’il y avait dans cette affection de bonnes raisons. Souhaitons que Morenito trouve désormais la place qu’il mérite « tras los montes »; aux tous premiers plans.
Pierre Vidal