Jose Maria Manzanarez s’est livré à cœur ouvert à Domingo Delgado de la Camara samedi aprés midi devant un public conquis. Le maestro s’est laissé allé à des confidences intimes sur sa vie, son enfance et son apprentissage du toreo avec son père bien sûr mais surtout son grand père.

Pour beaucoup nous avons appris ses fâcheries père-fils au moment de l’alternative concédée par Ponce et refusée par Manzanares padre, puis de nouveau la bonne entente et même la collaboration dans l’entraînement où le fils reconnaît avoir tant appris sur le comportement du toro et la technique paternelle. Il nous a aussi expliqué le changement de comportement d’un toro lorsque un autre le touche après lui et sa hantise du tercio de banderille et son exigence envers ses subalternes à cette occasion.

L’estocade à récibir dont il est devenu le grand spécialiste, lui est venue par hasard, il ne s’était jamais entraîne, il connaissait la suerte certes mais sans plus et un jour il l’exécuta, « et j’ai pinché » avoue-t-il. S’en suivirent des mois d’entraînement pour enfin la maîtriser.

Confidences intimes enfin sur la peur à Domingo Delgado qui l’interrogeait sur l’influence parfois néfastes des épouses sur les torero Manzanares répondit directement : « mon épouse a toujours été un pilier dans ma vie, ce sont les enfants qui nous retiennent, chaque fois qu’un toro compliqué commence à me regarder et que je dois quand même l’affronter avec sérieux je pense à mes enfants qui m’attendent à la maison et cela peut me retenir. Nous avons senti un torero se confiant avec sincérité et beaucoup d’humanité, débarrassé de la carapace du traje de luces se livrant en toute confiance, une image tellement différente de celle que l’on peut percevoir dans l’arène. Ce moment unique fût certainement l’un des points d’orgue de cette biennale 2025.

Autre grand moment fort le tentadero de clôture qui se déroula dans les arènes couvertes de la finca de Fuente Rey sous la direction de son ganadero Firmin Bohorquez Domecq. On nous avait annoncé le retour de Paco Ojeda la légende de la fin du XX ème siècle. Le maestro s’est entraîné intensivement avant son rendez-vous devant le panel d’aficionados avertis de la biennale. Beaucoup se souvenaient des instants de gloire et les plus jeunes dont de nombreux élèves de l’école taurine d’Algar attendaient le maître.Paco Ojeda se fit désirer, il laissant avant lui s’exprimer, et de quelle manière Daniel Crespo et José Ruiz Munoz qui firent démonstration de leur maestria devant de très bonnes vaches de Bohorquez. Enfin vient le tour d’Ojeda qui n’a rien perdu de son sens des distances et des terrains, A son habitude il toréa dans un mouchoir de poche avec temple et compas sous les rugissement de plaisir d’un public conquis. Miguel Andrades lui succéda avec brio et c’est alors qu’Ojeda réclama une deuxième vache que lui accorda bien sur le maître des lieux. Le plaisir fut redoublé de cette maîtrise parfaite retrouvée. Anecdote particulière de cette journée de grande aficion, Le doyen des toreros, Maestro Pepe Osuna qui assistait au congrès sollicita La permission de toréer à son tour et Firmin Bohorquez de lui répondre : « Maestro je connais votre age, à 89 ans je ne peux pas vous laisser faire » . Imaginez le soulagement de l’épouse du matador retiré qui sentait renaître son âme de vingt ans.

Il ne fait aucun doute que cette VI ème biennale laissera des souvenirs impérissables à tous les participants qui se quittèrent avec une certaine nostalgie espérant une future édition à Jerez pourquoi pas.

J.D.