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MADRID : UNE FAENA INSPIREE  DE DAVID GALVAN

MADRID le 22 mai 2024 – 10° corrida du cycle Isidril.

Deux tiers d’arènes, 20°, vent léger.

Toros d’El Torero bien présentés, Trapios et cornes pour Madrid.

539,523,582,535,526,576 kg, tous de cinq ans et quelques mois, 2 piques chacun, la 2° sans trop de conviction. Jeux compliqués à la muleta, le 5° un bon toro.

David Galvan, bleu roi et or, salut et une oreille.

Alvaro Lorenzo, rouge passion et or, silence et silence.

Angel Tellez, blanc ivoire et argent, silence et silence.

Pas de quite artistique à la  cape sauf une tentative avortée de chicuelinas de Tellez à son deuxième toro.

Salut des banderilleros Juan Carlos Rey au 4° et Juan Navazo au 6°.

C’était la corrida classique de Madrid organisée pour  donner une chance nouvelle à trois toreros ayant déjà triomphé une fois au moins dans ces arènes capitales, mais dont la carrière piétine.

Celui qui a le mieux profité de l’opportunité  est incontestablement David Galvan grâce à sa faena à son deuxième toro, le quatrième de l’après-midi, un toro compliqué pourtant qui ne s’était employé ni à la pique ni aux banderilles.

Une faena inspirée commencée de façon très gracieuse par le torero faisant des passes de la droite en semi révérence. Tout le reste fut donc très inspiré, pas un de ces travaux que l’on voit régulièrement dans les arènes, mais un travail comme dicté par la bonne étoile de David Galvan avec un toro qui pourtant ne mettait pas beaucoup la tête dans la flanelle et qui se retournait vite après être sorti de la passe la tête haute.

Mais David était dans un état de grâce pour donner des naturelles bien exposées et des passes de poitrine, dont une « pour la mémoire ». La fin fut du même acabit avec des remates par le bas de grande beauté précédant une estocade concluante. Une oreille ardemment demandée par le public madrilène conquis et accordée sans rechigné par le président. De jolies attitudes à son premier toro, compliqué, avaient déjà attiré l’attention de tous.

David Galvan, un torero à voir et à revoir sans modération si l’on veut s’échapper du train train des « donneurs de passes ».

Ce ne fut pas l’après-midi d’Alvaro Lorenzo, stéréotypé et dépassé par la qualité du  meilleur toro de l’après-midi, le cinquième, lui donnant une faena de moins en moins centrée et donc  sanctionnée par des sifflets en provenance du fameux tendido 7. A son premier toro rien d’intéressant non plus, il est vrai avec un toro plus compliqué.

Ce ne fut pas non plus l’après-midi d’Angel Tellez, certes le plus mal servi par le tirage au sort, mais qui nous a paru hors de situation en voulant donner ses fameuses naturelles, qui lui avaient valu son triomphe dans ces mêmes arènes en 2022, quelque soit l’état des toros. Résultat : rien, et en plus des mises à mort catastrophiques et  des bousculades heureusement sans gravité.

EXIR

Madrid, Jarocho en triomphe avec une novillada prenante de Fuente Ymbro

Pour l’avant-dernière novillada piquée de la San Isidro à Las Ventas, trois novilleros vu dans le sud-ouest. Sous des conditions météo compliquées, Alejandro Peñaranda, qui a triomphé devant des toros de la Ganadería de Palha à Aire-sur-Adour le 1er mai de cette année. Ismaël Martín à Parentis-en-Born en deux mille vingt-trois. Jarocho vu en deux mille vingt-deux en novillada non piquée dans de nombreuses arènes du sud-ouest qui faisait sa présentation à Las Ventas .

Alejandro Peñaranda : applaudissements après avis et une oreille après avis.

Ismaël Martín : silence et oreille

Jarocho : vuelta après avis et deux oreilles après avis

Le lot de la Ganadería de Fuente Ymbro est homogène, bien présenté: du trapío avec une moyenne de poids de cinq cents kilos et un âge proche de quatre ans.

Le premier novillo avec une robe castaño est accueilli par des véroniques d’ Alejandro Peñaranda. Il y a deux rencontres avec le cheval sans s’employer et une charge courte sur le quite d’Ismaël Martín. La faena du novillero est appliquée. Le novillo est meilleur sur la gauche. La seconde série à droite est donnée avec du temple. Plein centre, sur une nouvelle série de naturelles, la faena va a más. Il finit avec des bernadinas récompensées par des applaudissements. À l’épée, un pinchazo, l’avis tombe. La seconde estocade est entière et bien placée. Le second novillo jabonero ne rémate pas dans les planches. Le novillo charge le cheval par le devant lors des piques. Il commence par de jolis doblones mais sur une charge courte, le novillero se fait prendre par le Fuente Ymbro. Il exécute plusieurs séries de naturelles très réussies. L’épée est efficace puis l’avis des dix minutes retentit. Le novillo tombe rapidement. Une pétition se fait entendre et l’oreille tombe du palco.Ismaël commence par de jolis doblones. La charge est plus franche sur la gauche. Le jeune homme se fait prendre par le Fuente Ymbro. Il exécute plusieurs séries de naturelles très réussies. L’épée est efficace, l’avis retentit. Le novillo tombe rapidement, pétition et l’oreille tombe du palco.

Ismael Martín, exécute des véroniques jusqu’au centre de la piste pour finir par une rebolera. Une bonne mise en suerte et une mauvaise réception du cavalier. Le novillero se distingue par un quite de ojo. Il finit par une gaonera. La seconde rencontre est brève. La competencia entre novilleros est présente avec un quite de Jarocho. Pose des banderilles sans réussite. Avec douceur, il commence les premières séries. Plein centre, il exécute des derechazos sur le pico. Le novillo a de la noblesse, il charge à bonne distance. La seconde série à droite est meilleure. Sur la gauche, le toro exprime du reño s’exprime plus. Il a une charge plus courte. La faena va a menos. L’épée ne suscite pas d’émotion, silence.

Un negro listón sort ensuite tête haute dans le ruedo. Ismaël Martin exécute des véroniques très appuyées. Le novillo donne des coups de tête dans le cheval et il sort tout seul. La seconde rencontre est courte. La pose de banderilles est meilleure elle est applaudie. Il met de la distance sur une nouvelle série à gauche et sur les derechazos, se fait désarmer et accrocher lors de la faena. Pour la fin, une série de Bernardinas donne de l’émotion. Une épée caida mais efficace le toro tombe directement. Oreille.

Le novillo de Jarocho est remplacé. Le troisième bis a une charge violente à la cape. Au cheval, il exprime un comportement de manso. Alejandro Peñaranda exécute des chicuelinas. Il commence sa faena avec des rodillas et reçoit les applaudissements du public. Le novillo change de comportement lors des premières faenas à droite. Il répond aux sollicitations de loin. Jarocho exécute de belles naturelles avec du temple. Les dernières séries à droite donnent de l’émotion au public. L’avis sonne juste après la bonne estocade. Le public applaudit la mort rapide du novillo dans les planches. Une pétition majoritaire de pañuelos ne fait pas réagir le palco.

Le dernier novillo est magnifique avec une démarche agréable. Un enchaînement de largas, de véroniques, de chicuelinas pour finir sur une revolera. Le public madrilène apprécie. Jarocho brinde son toro à Fernando Robleño. Sa faena commence de façon classique. Sur la première série à droite et à gauche, il se fait accrocher. Alors que le toro est arrêté, il arrive à tirer de jolis derechazos. L’émotion se dégage des naturelles finales données avec profondeur et sentiment . Dernières séries à gauche sous les olé et les applaudissements unanimes. Engagement total à l’épée. Applaudissement après la mort rapide du novillo. Une pétition fournie et deux mouchoirs tombent.

Jarocho sortira par la puerta grande porté avec beaucoup d’enthousiasme par ses amis de l’école taurine El Yiyo. Un moment très émouvant.

Nicholas Couffignal

Feux d’artifice Nîmois : les trois en triomphe

Photo Bruno Lasnier

Plaza de toros de Nîmes, Sixième et dernier spectacle de la feria. Toros de Virgen María et Fernay (6º bis) bien présentés et de bon jeu en général. Deux tiers d’arène. beau temps.

Triomphalisme à Nîmes ou Juan Leal ouvre la porte des consuls avec quatre oreilles en compagnie de Solalito qui coupe trois oreilles (c’est la seconde corrida de sa carrière après son alternative ici l’année dernière) et Fernando Adrian qui coupe deux oreilles.

Une présidence généreuse dans l’attribution des trophées qui est difficilement compatibles avec le statut et la crédibilité d’une arène de 1ere catégorie comme celles de Nîmes. On ne va pas mettre en question le courage et la prestation des garçons qui ont tous donné le meilleur possible, mais un certain mal à l’aise est quand même présent. Ce bilan comptable pose question sur l’appréciation des trophées à leur juste valeur.

Photo Bruno Lasnier

JUAN LEAL, deux oreilles et deux oreilles après avis

Photo Bruno Lasnier

FERNANDO ADRIÁN, qui confirme son alternative : silence et deux oreilles

Photo Bruno Lasnier

SOLALITO, oreille et deux oreilles

Juan Leal a débuté la faena de son premier taureau à genoux au centre des arènes. Il a continué avec fermeté et courage dans son style caractéristique qu’on apprécie ou pas. La muleta rarement touchée par le taureau. Sa dernière série la aussi à genoux a soulevé le public. Après une bonne mise à mort il coupe deux oreilles généreuses. Au quatrième, il finit par ensorceler le taureau et après une estocade efficace il coupe à nouveau deux oreilles sous des sifflets.

Pour la seconde corrida de sa carrière, Solalito nous a agréablement surpris. Sur son second taureau (6em bis de Fernay) pas facile, il ne perd pas les papiers et fait un effort pour corriger les défauts de son adversaire. A base de fermeté et d’engagement sans faille et d’une bonne estocade il récolte deux oreilles sous des sifflets du public. Cela lui ouvrent la porte des consuls car il a fait bonne impression avec le troisième taureau, avec des moments relâchés sur la corne droite et une estocade efficace.

Fernando Adrián n’a pas voulu rester sans rien..et a joué gros sur le cinquième taureau de l’après midi, un bon exemplaire de Virgen Maria. Après avoir commencé à genoux, il distille de nombreuses passes sur les deux pitons. Celles de la droite sont supérieures. C’est propre bien fait, efficace et porte sur le public. Après une belle estocade, la meilleure de la tarde, il coupe deux oreilles. Il a fait preuve de beaucoup de bonne volonté et a essayé sur son taureau d’alternative mais en vain surtout à cause de l’animal le moins coopératif de la tarde

Feria de Vic Fezensac Roman sérieusement blessé, Morenito coupe trois oreilles et Vingt et une pique pour « Los Maños »

Vic-Fezensac. Quatrième corrida de feria, deux tiers d’arène, temps frais et nuageux, quelques gouttes de pluie, corrida suspendue plus d’une heure. Sept toros de Los Maños, le troisième remplacé par un sobrero du même fer. Un lot très bien présenté, souvent très armés et témoignant d’une forte bravoure. Quatre piques pour les premiers, second et troisième, trois châtiments pour les autres. Toujours très compliqués à la muleta.

Photo Gil Mir

Morenito de Aranda (Rouge foncé et or), au premier, un pinchazo et une entière, vuelta, au deuxième tué en remplacement de Roman, une entière une oreille, au quatrième, une demi-lame, deux oreilles.

Photos R. Tastet

Roman (blanc cassé et argent) gravement blessé au cours du tercio de pique du second.

El Rafi (Bleu marine et or), au troisième, deux pinchazos et une entière, silence ; au cinquième, une entière, silence ; au dernier, deux pinchazos et une demi lame, silence.

Présidence, Marc Amestoy, assesseurs, Jean-Michel Lattes et Hervé Pallas.

Pour terminer cette feria de Vic l’arène a une nouvelle fois été le temple de la pique et de la bravoure avec un corrida de Los Maños où l’on a dénombré vingt et une piques ou rencontres… Les Vicois connaissent bien l’élevage qui par deux fois a remporté la corrida concours. Par moment, on aurait pu se croire revenu dans le concours, surtout avec la présence des deux premiers et ensuite avec « Santacancelas » sorti en quatrième position qui clotura cette série avec un formidable premier châtiment. Un toro exceptionnel que ne laissa pas passer Morenito de Aranda qui finit par écrire une symphonie sur la gauche. Ce fut la rencontre de l’homme et du toro, l’instant magique où tout fonctionne. Récompense pour les deux, deux oreilles pour le torero et une vuelta posthume pour le toro. On avait écrit un chapitre de plus dans le livre des légendes de l’arène de Vic.

Malheureusement ces moments furent perturbés par la très sérieuse blessure de Roman. Le torero Valencien alors qu’il mettait en place son premier adversaire, pour le tercio de pique reçut un violent coup de corne sur le haut de la cuisse gauche. L’accident obligea à la suspension de la course pendant une heure quinze. Un temps nécessaire pour assister le torero puis stabiliser son état général avant de l’évacuer sur l’hôpital de Mont-de-Marsan. Un accident qui rappelait étrangement ce qui s’était passé il y a un an avec Morenito de Aranda.

Les Los Maños demandaient un solide technique que peut être ne possède pas encore El Rafi. Il a passé une très mauvaise journée. Sur ses trois toros il fut obligé de rompre, souvent d’écouter la rencontre comme avec le cinquième. Il essaya bien de se sauver avec le dernier mais malgré toute sa bonne volonté, il ne put résoudre l’équation. Mais El Rafi a montré ses belles qualités et signé quelques belles naturelles d’une lenteur extrême.

Cette course a également montré le respect qui existe entre tous les acteurs de l’arène, Morenito de Aranda refusant à sortir en triomphe par solidarité avec Roman.

Un feria de Vic qui est restée fidèle à sob éthique et a présenté de grande corridas avec un point d’orgue donné par les Dolores Aguirre Ybarra.

Jean-Michel Dussol

Galerie Photo Bertrand Caritey

Novillada sans picadors de Vic: Les Lartet règnent sur l’arène

Vic-Fezensac. Novillada sans picadors, température agréable, couverture nuageuse, une encourageante petite arène, deux heures quarante de spectacle. Six erales du Lartet, magnifiquement présentés, armures parfaites, tous applaudis à leur entrée en piste, le troisième récompensé d’une vuelta.

Bruno Martinez (blanc et argent), au premier, une entière, avis, silence ; au troisième, une entière, une oreille, vuelta au toro, au cinquième et dernier, deux entières, silence.

Juan de Morena (rouge très foncé et or), au deuxième, un pinchazo, une entière, silence ; au quatrième, une entière, silence.

Jérôme Bonnet peut être satisfait de cette novillada sans picadors qu’il offrait, hier matin dimanche, dans les arènes de Vic. Cinq magnifiques petits toros, certains presque novillos, tous applaudis à leur entrée en piste, le quatrième applaudi à l’arrastre et le troisième récompensé d’une vuelta. A la suite d’une blessure, dimanche soir, de Pedro Rufo la course s’est transformée en un mano a mano entre Bruno Martinez et Juan de Morena. Un boulevard pour Bruno Martinez qui allait très vite s’imposer sur ces toros et Juan de Morena encore bien vert pour ce genre de spectacle.

Chez Bruno Martinez, élève de l’école taurine de Huesca on aura apprécié son style dépouillé à la cape… mais une volonté de gagner qu’il manifeste avec ces deux faroles donnés à genoux, devant le troisième toro. Il a souvent cité de loin, mettant en valeur les novillos du Lartet qui ne demandaient qu’à briller. Pour autant pas très faciles ces utreros, débordants de caste à l’image du troisième.

Si Bruno Martinez, gagnait la lidia du cinquième novillo, et était déclaré triomphateur, son compagnon de cartel, Juan de Morena n’avait pas témoigné de ces facilités. Un garçon souvent contraint à reculer, à fuir même, en fait qui doit encore beaucoup apprendre. Même s’il y eut quelque figures très templées, Juan de Morena ne pouvait pas accéder à la réussite de Bruno Martinez.

Mais la grande réussite de la matinée, c’est celle de l’éleveur Jérôme Bonnet avec ce lot parfait du Lartet et une course diversifiée et animée. Suerte ganadero on ira voir ailleurs des drôles de petits diables.

JMD

Photos Gil Mir

Vic-Fezensac 20-05-2024 matinal

Madrid : un grand torero colombien JUAN DE CASTILLA.

Las Ventas, 19 mai ,9ème de feria de San Isidro. Lleno quasi absolu, temps agréable, un peu de vent sur la fin.

Toros de Miura très impressionnants, hauts, armées  et lourds sans le moindre gras. De robes diverses, cardeno, castaño blanc et noir, Noir, noir et blanc . Tous de quatre ans, de jeu inégal mais tous dangereux avec du genio particulièrement le 2, le 3 et le 6. Intoréable le 1er .Manque de force paradoxal après les piques. Poids moyen juste en dessous de 600 kg , 637 le dernier , un animal antédiluvien, dont les charges s’arrêtaient à mi- muletazo. 

Ils sont tous arrivés à la mort bouche fermée. 

Pour Rafael Rubio Rafaelillo: Noir et Or, silence et ovation

J de Castilla Olive et or: ovation après 1 avis et ovation après pétition

J E Colombo: Nazareno et or: silence et ovation  

Rafaelillo que l’on voit depuis longtemps devant ce genre de bétail tente toujours sa tauromachie leurre sur le mufle le plus souvent. Rien au premier qui n’avait rien à offrir, malgré son allure magnifique .Le toro est « miron », regarde le matador , parado , pas sympa quoi…. Rafaelillo fera donc un semblant de faena de 3 minutes conclue par une entière après trois pinchazos.

Au quatrième, un bien meilleur élément de 626 kg, tricolore superbe, Juan de Castilla vient au quite et l’exécute avec audace, par gaoneras. Il fallait oser avec ce genre de bicho, le toro regarde dans le couloir, cornes très hautes, la faena traine un peu, on s’ennuierait presque. Et d’ailleurs au final on s’ennuie puisque Rafaelillo ne fait pas grand chose, ce n’est ni bien ni mal, le toro est compliqué; une épée entière habile et un peu basse qui vaudra au murcien un salut au tiers.

La révélation de la copa Chenel de 2023, Juan de Castilla le jeune colombien de Medellin a été à la hauteur de sa grande journée/  Deux corridas dures, ce matin à Vic avec LE Pagès Mailhan et un Prieto de la Cal et ce soir à Madrid avec les deux meilleurs Miura de Madrid. Classe, Sens du sitio  et justesse des gestes, adaptation formidable à ses deux adversaires en templant et toréant doucement des trains lancés à 200 à l’heure, citant de face, gardant la charge pour permettre des passes de pecho formidables.

Que ce soit au2eme ou au 5eme,Castilla en tira le maximum. Au second il domine le toro sur les deux bords . Le brindis qu’il prononce aux barrières est un exemple de toreria: »Je ne peux pas dédier la mort de ce toro à quelqu’un ici mais à tous les toreros et aficionados de Colombie qui luttent jour et nuit pour sauver la tauromachie dans mon pays ». Deux pinchazos, une entière, un avis et un grand descabello foudroyant. Toro sifflé à l’arrastre et ovation au tiers.

Le 5ème entre dans le rond en cherchant comment s’échapper, il devine la contre piste pleine de monde et sautera trois fois dedans: dommage pour les minces et les ventripotents qui finiront bien par comprendre que derrière un abri de planches contenant 3 personnes il ne faut pas en faire entrer 5!

Ce fut chaud, très chaud!

Colombo va au quite, et Castilla brinde au public. Comme à tous les toros de ce soir les piques furent normales , un peu carioquées à l’occasion pour Rafaelillo.

Très » entregado », De Castilla torée avec goût et va sur la corne contraire en gagnant du terrain à petits pas glissés, très applaudi par Madrid qui voit tout et ne se laisse pas berner. Là c’est très bien, et tout le monde le voit et l’apprécie , même le tendido 7! Pour achever l’ouvrage, le torero offre sa muleta en statuaires aidées, par le bas, ça a de la classe et l’avantage de soumettre un peu plus le toro comme sil s’agissait de passes de châtiment, impossibles avec ce genre de client!. Grande épée en se jetant, desprendida qui empêche l’oreille de tomber, malgré une petite pétition.

OVATION très sonore.

Et maintenant celui  qui peut déclencher des polémiques , que les mauvais esprits appellent un animateur de plaza, bien à tort. Ce soir, devant le public le plus dur qui existe, Colombo s’est joué véritablement la vie dans le deuxième tiers, devant des cornes et du bétail impitoyables.  Touché sur la poitrine  à la deuxième paire de son premier toro, il a eu la corne le long de la joue pendant deux ou trois épisodes à vous rappeler les tragédies de Lucio Sandin , de Padilla ou de Granero.  Non je n’exagère pas, les choses vont si vite et sont si rapidement oubliées quand le drame ne s’est pas produit mais là, ce torero valiente  a fait peur à tout le monde. Ses faenas de muleta ont été engagées jusqu’au bout. Au 3ème toro les trois paires de banderilles sont parfaites.  Au 6ème il demande une quatrième paire à la présidence qui accepte et il corrige le tir de la troisième moins bien posée.  On appelle ça de la générosité. Le troisième toro est applaudi à l’arrastre, et Colombo s’il n’avait tué d’une estocade caida et d’un descabello après un avis, aurait sans doute mérité de couper un pavillon.

Le 6eme, un toro de 637 kgs  avec deux pitons ultra fins et écartés de plus d’un mètre vers le haut est galopant et rapide, virevoltant.

Qu’à cela ne tienne, chez Colombo on ne fait pas à l’économie : quite par navarras.

Au tercio de muleta on est surpris : on dirait que sur les toques le toro se pose la question : je passe ou j’encorne ? stop à hauteur d’homme et retour sur place.

Le jeune homme semble n’être atteint par aucune espèce de peur. Ce valiente ne renonce pas devant les charges sournoises du toro.Il Pinche une fois et met une entière efficace, et lui  comme le toro sont applaudis.

Les Miuras sont toujours des Miuras.

Jean François NEVIERE

  

Feria de Vic Fezensac troisième corrida : Vingt et une piques pour les Dolores Aguirre; Luis Gerpe coupe une oreille

Vic-Fezensac. Troisième corrida de feria, arène bien fréquentée, course sous les nuages mais sans pluie, deux heures trente de spectacle. Six toros de Dolores Aguirre Ybarra, tous très bien présentés, lourds, redoutablement armés, au total vingt et une piques, trois, pour les trois premiers, quatre châtiments pour les trois autres. Toujours très compliqués à la muleta. Un immense lot de toro avec le premier, deuxième et sixième applaudi à leur entrée, le quatrième applaudi à l’arrastre et le dernier primé d’une vuelta.

Alberto Lamelas (bleu ciel et or), au premier, une entière basse, silence ; au quatrième une entière basse, silence.

Damian Castaño (bleu marine et or), au deuxième, un pinchazo et une demi-lame, salut, au cinquième, une entière et trois descabellos, silence.

Luis Gerpe (vert et or), au troisième, un quart de lame, un pinchazo, une entière avis, salut ; au dernier, une entière, une oreille.

Président Bernard Sicet, assesseurs, Mathieu Cazalet et Lorenzo Cuello.

Une corrida qui meublera longtemps la mémoire des aficionados… Des toros de Dolores Aguirre Ybarra en provenance directe de l’univers de Goya, surtout les trois derniers. Des luttes épiques face aux picadors. Des hommes qui ont été obligé de se surpasser, peut-être même de surmonter leur peur, de ces corridas éternelles qui nous rappelle l’éthique de la tauromachie.

La pluie du matin avait enfin cessé permettant de refaire la piste en un temps record, oublié le bourbier du matin lorsque jaillit en piste Caracorta, sérieux mais pas immense il allait poser de sérieux problèmes à Alberto Lamelas. Le petit Madrilène fut souvent obligé de rompre de se replacer avant de pouvoir signer une belle série à la fin de sa première faena. Lorsque le garçon vit surgir son second opposant, il a dû penser qu’il portait bien son nom « Carafea », En fait une sale gueule, avec des cornes à toucher les nuages, un gabarit d’enfer, haut et long à n’en plus finir. Mais Alberto ne renonça pas, fit passer le grand frisson avec des passes dans le dos et finit par s’imposer sur l’animal. Mais quelle sale gueule pensait le torero en regagnant le callejon.

Les choses ne furent guère plus simples pour Damian Castaño avec un premier toro qui lui laissa quelques chances de réussite sur les deux mains. Il fut très harmonieux et dans un rythme très lent avec pareil animal. Il fut plus réservé avec le cinquième. Très vite en difficulté, avisé à plusieurs reprises, il décida d’en terminer rapidement.

Luis Gerpe se fait souvent rare, passons rapidement sur sa première sortie avec tout de même quelques jolies passes sur les deux mains, des muletazos interminables qui s’alanguissaient sur le sable. Mais lui Gerpe trouva toute sa dimension avec le dernier, un certain Perdigon qui avait allègrement pris quatre piques. Soudain il monta sur les cornes, déplia la muleta, et sur la main gauche toréa avec calme et lenteur, étonnant de voir le monstre se plier à ce rythme. Il avait ouvert avec quelques passes de châtiment rageuses et terminait avec un temple étonnant. Soudain l’épée surgissait et clouait l’animal. Luis Gerpe coupait la seule oreille de la course. Mais hier dimanche, à Vic, il y avait du toro, rien que du toro. Un dernier salut du mayoral et l’on range cette course au premier rang de nos mémoires d’aficionados.

Jean-Michel Dussol

Galerie photo Bertrand Caritey

Vic, Ranchero II de Pagès Mailhan gagne la « concours », héros de la corrida concours, Sanchez Vara et Juan de Castilla

 «Ranchero II» de Pagés Mailhan, lidié en cinquième a été déclaré vainqueur du concours.

Vic-Fezensac. Deuxième corrida de Feria, deux tiers d’arène, pluie continuelle, deux heures quarante cinq de spectacle pour cette corrida concours. Un saltillo, applaudi a l’entrée, trois piques. Un Palha, applaudi à l’entrée, bien armé, trois piques. Un Prieto de la Cal, applaudi à l’entrée, trois piques ou rencontres, applaudi à l’arrastre. Un Veiga Teixera, quatre piques ou rencontres. Un Pages Mailhan, trois piques. Un conde de la Corte, quatre piques ou rencontres.

Sanchez Vara (bleu marine foncé et or), au premier, trois pinchazos, avis, vuelta ; au quatrième un pinchazo et une entière, avis, une oreille.

Octavio Chacon (vert clair et or), au deuxième, quatre pinchazos et une entière, silence ; au dernier, un pinchazo, une entière, six descabellos, silence.

Juan de Castilla (blanc et or), au troisièlme, deux pinchazos, une entière, salut ; au cinquième, une entière, une oreille.

Présidence : Renaud Maillard, assesseurs, Thierry Faget et Yves Charpiat.

chapô

Sanchez Vara et Juan de Castilla sont les deux héros de la corrida concours gagné par Ranchero de Pages Mailhan. Un moment d’héroïsme et de courage.

Epouvantable la corrida concours ? Non, Héroïque, avec un double « H », lettre a créer dans l’alphabet Vicois. Un dimanche matin où les chiens ne sortaient pas et où les toros auraient bien dormi quelques heures de plus… Une pluie que même les Bretons ne connaissent pas. Mais à Vic où il pleuvait, tout est différent. Et le temps qui pouvait tout gâcher à donné une dimension exceptionnelle à cette course grâce à la volonté des toreros et de leurs cuadrilla qui ont osé prendre tous les risques pour offrir un spectacle complet.

Un drôle de personnage, ce Sanchez Vara qui depuis bientôt un quart de siècle saute d’une pointe de corne à une autre devant les élevages les plus compliqués qui soit. Dimanche à Vic, il fut magnifique, héroïque… Spectaculaire incarnant très souvent une figure du tragique. Dans cette piste transformée en bourbier, il n’hésitait pas à se jeter à genoux pour les premières passes de sa faena avant de nous étonner par quelques somptueuses naturelles. Mais il fallait dominer ce Saltillo, ce qu’il fit par d’interminables muletazos. Il avait aussi su prendre les bâtonnets avec élégance. Malgré une mise à mort chaotiques le public lui accorda une vuelta. Transfiguré par ce premier succès, le Madrilène revint avec un impeccable tercio de cape, puis demanda une chaise pour offrir quelque banderilles et tout cela dans la boue, quand les zapatillas sont à jeter. L’homme flirtait avec la légende et après quelques naturelles aidées coupait une oreille. Sanchez Vara, un héros dans la boue.

Juan de Castilla voulait être au cartel de cette course, aux prix d’une organisation compliquée pour arriver à Madrid, quelques heures plus tard pour rencontrer des Miura. Il commençait avec ce vieux sang assassin de Prieto de la Cal. C’est lui qui attaquait, comme un fantassin quittant sa tranchée pour monter à l’assaut et finissait avec des naturelles accompagnées par les olés du public. L’homme saluait… mais maintenant il allait croiser un toro de Camargue, un certain « Ranchero » qui avait grandi auprès des ruines romaines d’Arles. On avait vu l’animal dans un somptueux troisième galop vers les cheval ou il gagna sûrement sa victoire dans le concours… Mais désormais c’est Juan de Castilla qui prenait le commandement en se jetant à genoux dans la boue vicoise pour, débuter une faena qui ne cessait de grandir en émotion et qui s’accompagnait de la musique. Une estocade comme on ne les croit plus possible et l’oreille que l’on aurait voulu double. Le deuxième héros de l’arène de Vic venait de naître.

Octavio Chacon malgré de bons moments fut un peu terne comparé à tant d’héroïsme.

Deux toreros qui ont apporté une immense dimension à cette corrida concours.

Jean-Michel Dussol

galerie photo de Bertrand Caritey

Nîmes, Navalon gagne la cape d’or

Photo Bruno Lasnier

Nîmes. Matinale. Un tiers. Très beau lot de novillos de Piedras Rojas (Patrick Laugier). Le sixième novillo fait une vuelta. Navalon remporte sans discussion la 63em cape d’or de Nîmes.

Photo Bruno Lasnier

Lalo de María, oreille et silence après deux avis

Photo Bruno Lasnier

Manuel Román, silence après avis et oreille après avis

Photo Bruno Lasnier

Samuel Navalón, oreille et deux oreilles

Les Piedras Rojas de Patrick Laugier ont fait preuve d’une belle noblesse et permis à Samuel Navalon d’obtenir trois oreilles pour gagner la Cape d’Or. Lalo de Maria et Manuel Roman ont également obtenu un trophée. Un lot bien présenté avec de la classe même s’il manquait de la force.

Samuel Navalon a lors de ses deux faenas entretenues montré une belle variété de son répertoire à la cape et à la muleta. Les séries se sont enchaînées avec fluidité et profondeur. Nous l’avions vu déjà très intéressant à Arles à Pâques. Face au sixième il a montré déjà un talent et une maitrise incontestable. Après ses bonnes prestations à Madrid, Séville, Valencia et Valdemorillo, le Valencian s’impose comme un grand espoir des novilleros.

Lalo de Maria a ouvert la novillada avec une tauromachie lente et esthétisme. Son taureau est peu châtié au cheval, comme la plupart de ses congénères. Beaucoup de douceur avec un novillo qui manque de transmission. Une bonne épée, un peu décentrée, a fait tomber le mouchoir pour la 1er oreille. Face au 4em taureau de la matinée il s’applique avec beaucoup de relâchement et le public est conquis. Il rate la mise à mort et perd tout trophée.

Manuel Roman avec un toreo lent à mi-hauteur gère un novillo manquant de force avant de connaître des échecs à l’épée. Il est vrai que sa petite taille semble un handicap certain pour l’exercice. Son second novillo était doté de bonnes qualités. Il toréé avec facilité et une certaine élégance. Il nous avait séduit à Arles à Pâques. Malgré un pinchazo et une épée portée sur l’avant, un trophée un peu généreux lui est décerné.

Galerie photo de Bruno Lasnier

Feria de Vic Fezensac 2024 : deux saluts face aux Cuadri

Vic-Fezensac. Première corrida de feria, temps couvert et pluie en fin de course, deux tiers d’arène, deux heures trente cinq de spectacle. Six toros de Célestino Cuadri, admirablement présentés, de deux piques le troisième, à quatre châtiments, le quatrième, pour les autres trois rencontre avec le cheval. Tous très compliqués et agressifs à la muleta .

Fernando Robleño (blanc et argent souligné de noir), au premier, deux pinchazos et une entière, un avis, salut, au quatrième, un pinchazo et une entière, silence.

Esau Fernandez (bleu marine et or) au deuxième, une entière, silence ; au cinquième, une entière basse, un avis et neuf descabellos, silence.

Gomez del Pilar (saumon et azabache), au troisième, trois pinchazos, avis, silence ; au dernier, un pinchazo et une entière, salut.

Présidence, Hugo Lavigne, assesseurs, Guy Bournac et Pascal Darquié

Vic, feria du toro ne pouvait mieux respecter sa tradition et son éthique qu’en faisant revenir, après plus vingt ans d’absence les toros de Cuadri. Force et puissance deux mots qui peuvent résumer cette course avec trois toreros, parfois débordés par cette caste et cette agressivité.

Des quatre ans s’approchant des cinq années, la difficulté ne fut pas une question d’âge puisque le premier, le plus « malléable » était né en octobre 2019. Robleño, cet habitué des courses dures depuis, bientôt un quart de siècle, signa la plus belle faena de la course avec une séquence à gauche particulièrement séduisante. Tout avait commencé sur l’autre main et après un subtil changement se promenait sur la gauche. Beaucoup d’harmonie dans ce jeu avec cet imposant adversaire… dommage qu’on ne lui ait pas accordé la musique, elle aurait rehaussé ces bons moments.

Par contre il n’allait pas rencontrer pareil adversaire pour sa deuxième sortie. Ce fut un moment où la technique du maestro, son habitude de vieux briscard lui permit de s’imposer sur le Cuadri qui avait déjà fait trembler le picador avant de revenir trois fois sous le fer. Un toro d’enfer !

Esau Fernandez qui a pourtant dominé des Victorino et des Miura se trouva par moment perdu pour maîtriser, cette caste. Certes il signa de forts belles séries sur les deux mains, offrit de superbes pechos. Il montra sa personnalité mais après une entière, l’arène garda le silence. Face à son second adversaire dédié au public l’équation multiplia les inconnus pour arracher quelques passes. Il termina en pleine difficultés, dans un ensemble brouillon dominé par ce terrible Cuadri qui avait été applaudi à son entrée en piste avant de pousser trois fois sur le cheval. Un sérieux client.

Pour Gomez del Pilar, habitué aux difficultés vicoises, la journée fut de celle que l’on ne veut pas imaginer. Manifestant une belle maîtrise à la cape et beaucoup de combativité avec le dernier toro de la course, il vint se jouer la vie sur les cornes pour dessiner quelques séries débordantes de volonté. La aussi un toro à ne pas mettre entre toutes les main.

Ce retour des Cuadri à Vic était la poursuite de la légende. Six lutteurs, lourds et bien armés poussant fort sous la pique le toro comme on l’aime à Vic.

Jean-Michel Dussol

Galerie photo de Bertrand Caritey

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