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Santander: la beauté des émotions

Plaza de toros de Santander. Quatrième de la Feria del Norte 2024. Plus de 3/4.

Toros de Domingo Hernández,  

 ENRIQUE PONCE, oreille après avis et deux oreilles après avis. 

MORANTE DE LA PUEBLA, oreille et oreille après avis. 

FERNANDO ADRIÁN, deux oreilles et une oreille

Tous les subalternes ont fait un travail de qualité : Victor del Pozo, Joao FERREIRA et Alberto ZAYAS ont salué.

Jour de grand soleil au COSO DE QUATRO CAMINO de SANTANDER.

Quasi LLENO d’un public jeune, de comportement respectueux , un peu déroutant par son calme et sa maturité. Son manque d’enthousiasme laissa peut-être échapper une ou deux oreilles.

Six toros de Domingo Hernandez légers et nobles, tous de très bonne tenue même si une seule pique suffisait pour chacun d’entre eux. Le dernier comme c’est le cas dans beaucoup de fratrie se montra plus violent et agressif. Fernando Adrian en fit les frais.

En piste :

Enrique PONCE : 34 ans d’alternative venait offrir sa despedida . Le Valencien qu’on ne présente plus était venu comme à Istres ou nous le vîmes indulter un joli petit toro de JUAN PEDRO DOMECQ se montra  sous son meilleur jour.

MORANTE DE LA PUEBLA : 27 ans d’alternative nous revenait après un moment difficile

FERNANDO ADRIAN : 11 ans d’alternative et des années de galère avant l’année bénite pour lui de 2021 qui lui permit de sortir largement vainqueur de la « COPA CHENEL «  et qui n’en finit plus d’enchainer les « PUERTAS GRANDES »

Ce soir, pour tous, Toreros, entourages et publics fut une grande soirée. Celle qu’on gardera dans nos mémoires, tellement sélectives !

Nous avons vu Le » ROI HENRY » tel qu’en lui-même  nous offrir face à deux adversaires commodes de cornes et de trapio une danse enchantée avec la souplesse et la tendresse qui convient à un jeune amant. Il a été magique d’intelligence, de science, de sensibilité. Il n’a jamais surjoué son rôle de star qui se retire. Merci Maestro, une larme à l’œil nous y repenserons…C’est sûr les « doblones » c’est vous Maestro .

Et puis il y avait celui que nous attendions tous…MORANTE ! Je l’avoue je n’y croyais pas trop et puis miracle… Dès le premier derechazo tout devenait possible. Morante avait toujours sa main,, son poignet, son charme irrésistible. Tu regardes Morante et tu pleures, tu pleures parce que c’est beau, c’est doux, c’est sensible, c’est intelligent.

«  Là tout est ordre et beauté

Luxe calme et volupté »

Baudelaire et Morante ne se sont pas connus et pourtant l’un l’a dit et l’autre l’a fait.

Le sort désigna au plus jeune qui en même temps que le respect n’avait pas intention de s’en laisser compter plus que de raison, le deux moins commodes des six ? Les deux restant tout -de -même très toréables .Le deuxième l’avertit sérieusement et il sut en tenir compte. Dans un style plus « moderne », plus fleuri, plus vibrant il sut se mettre à la hauteur (considérable) des deux maestros. Les marches étaient hautes, avec bon goût, sans tape à l’œil, il sut ciseler deux faenas de grande qualité. Nous serons toujpurs contents de retrouver ce Maestro dans des temps prochains.

Tout ceci n’aurait bien sûr pas été possible sans un superbe lot de toros de quatre ans de moins  de cinq cent kilos de moyenne. Il faudra y repenser !

Ch FIGINI

Madeleine erre dans le désert !

Mont-de-Marsan. Troisième corrida de feria, soleil et forte chaleur, arènes quasi combles, deux heures quarante de spectacle. Corrida concours.

Fernando Robleño (vert et or), avec le premier, un Saltillo bien présenté, bien armé, (quatre piques), trois quart de lame et deux descabellos, avis, vuelta ; avec le quatrième, un Peñajara (trois piques), trois pinchazos, un mete y saca, un descabello, silence.

Morenito de Aranda (noir et or), avec le second, un Conde de la Corte (trois piques) deux pinchazos, une entière trois descabellos, salut ; avec le cinquième, un Flor de Jara (deux piques), un pinchazo et une entière, une oreille.

Alberto Lamelas (vert olive et or), au troisième, un Dolores Aguirre (trois piques), une entière, vuelta ; au dernier, un Yonnet (deux piques), un pinchazo et trois-quart de lame, silence.

Président Hugo Lavigne, assesseur, Yoaan Texeira et Romain Hilotte.

Madeleine est encore en pleine traversée du désert… A l’issue de la corrida concours aucune récompense d’attribuée, aucun prix, pas de toro vainqueur, pas de picador récompensé. Desierto comme l’on dit en Espagnol, désert, rien à voir ou presque. On attendait peut être trop de cette corrida concours, parfaite sur le papier. Espoirs ravivés par l’entrée en piste de Jamuquero, solide toro de Saltillo, lourd et superbement armé qui reviendra quatre fois sous la pique. Mais ce ne fut là qu’un feu de paille dont Robleño, malgré une faena assez morne parvint à tirer quelques éclats. Notamment une excellente séquence à droite terminé par un surprenant changement de main. Mais dans l’ensemble la faena est resté morne. Tout de même le maestro s’est octroyé cette vuelta que personne ne demandait. Ce fut pire pour sa seconde sortie, un nouveau toro distrait. Robleño fera tour pour le faire charger. Mais le marbre reste souvent immobile.

Le seul grand moment de cette course viendra de Morenito de Aranda qui accueillit son second adversaire, un Flor de Jara, à porta gayola et servit ensuite un farol à genoux. Le Castillan donnera un véritable festival de bon goût, corps relâché, muleta traînant sur le sable, concluant chaque série, sur l’une ou l’autre main par de magistrales tricheras. Enfin un toro qui bougeait et permettait de toréer. Mais ici se pose une question, ce toro n’avait reçu que deux châtiments… les autres pouvaient-il en recevoir plus et participer à une corrida concours ? Morenito terminera en beauté s’offrant la deuxième oreille de cette feria.

Et soudain un nouvel éclair… Le toro de la course était-il du fer de Yonnet qui sauta dans la cape présenté à porta gayola par Alberto Lamelas. L’animal passa au dessus du garçon qui frôla l’accident. Des cornes à toucher le ciel mais lors des faroles que lui propose le maestro, le toro se blesse et devient l’ombre de lui même. Envolé le dernier espoir de triomphe. A son premier le Madrilène n’avait guère été favorisé par la chance, malgré son style de lutteur il ne s’imposa pas dans les premières séries et rapidement l’animal s’éteignit.

Une nouvelle déception dans cette madeleine qui ne compte plus que deux courses pour faire oublier ces début chaotiques.

JM Dussol

Photographies Bertrand Caritey

Mont-de-Marsan, Julio Norte triomphe à la NSP

J

ll aura fallu attendre le dernier eral, un Alma Serena,de la novillada sans picadors de La Madeleine, pour en découvrir le triomphateur, Julio Norte. Il coupe une oreille, la seule de la course et empoche le prix des organisateurs (ACOSO). Un torero prometteur qui a démontré beaucoup d’aisance.

Eduardo Ruiz Velasco (bleu ciel et or), avait ouvert la course avec un Alma Serena, plutôt bien présenté. Mais dès les premiers moments on voyait que ce garçon manquait de technique et de connaissance du toro. Raide comme un piquet et sans la moindre élégance il dessinera quelques naturelles acceptables. Cherchant toujours le bon sitio il sera pris et bousculé à trois reprises. Toutefois il termine d’un belle épée. Il s’octroiera une vuelta que personne ne lui demandait.

Hadrien Lucq (bleu marine et azabache) commence par une porta gayola avec le second eral, un Lartet, très bien fait, véritable petit toro. La sortie de la figure se passe mal. Il tente de servir une véronique et reçoit une superbe correction. Il exécutera un toreo très classique avec des muletazos. de grande lenteur. Chaque fois sa muleta est au plus bas. Il tuera d’un pinchazo et d’une entière. Salut.

Pedro Rufo (bleu ciel et or), le vainqueur du bolsin de Bougue et frère de Tomas, défend toujours un parfait classicisme. A la cape ce sont quelques véronique très lentes face à un colorado du Lartet, très bien présenté et mobile. Il affichait déjà de belles promesses de toro. Il brindait cet adversaire prometteur à Sébastien Castella. Il écrivait alors, sur les deux mains, un festival de passes très fines. Il terminait par quelques ayudados por alto du meilleur effet. Pour finir, un pinchazo et une demi-lame. Pedro Rufo saluait.

Julio Norte (violet fade et or), brindait lui aussi à Castella. Auparavant, il avait signé un farol enchaîné sur de belles véroniques. Il ouvrait sa faena, à genoux, au centre de la piste. Passes spectaculaires qui précédaient de longues séquences à gauche avec quelques naturelles d’excellence. Le toro ne demeura pas à la hauteur de ce combat. Il termina d’une entière. (rappelons le une oreille et le prix de l’ACOSO);

Jean-Michel Dussol

Becerros de qualité et une oreille pour Jorge Hurtado à Plaisance du Gers

Hervé Galtier

Le 14 juillet est taurin dans le Gers et plus précisément à Plaisance du Gers.  Le matin avec du toreo de Salon et le tentadero de deux vaches de Camino de Santiago pour Herve Galtier et Guillaume Teulé de l’Afap. La première vache est faible et compliquée avec un fond de noblesse. La seconde un manque de force mais des qualités supérieures de fixité et tellement de noblesse qu’un débutant pratico à tirer une série.

 18h l’heure du paseo avec la remise d’un cadeau à la peña Al Violin pour ses vingt ans. Concernant le bétail, il y a trois becerros de la Ganaderia Durand de jolie présentation  encastés, de la noblesse: le cinquième avait le trapio d’un novillo et mérite une rencontre.  La Ganaderia Jalabert est aussi présente ayant un trapio identique à celle de l’autre ganaderia. Le premier becerro qui est sorti aurait mérité un mouchoir bleu. L’ensemble des becerros permirent aux novilleros de montrer leurs compétences

  Président : jean Christophe Dabadie. Un peu plus d’une demi arènes.  Musique  : Pena Al Violin. Meteo : Estivale

  Julio Mendez    : Avis et Silence / Avis et Silence

  Jorge Hurtado   :  Avis et Vuelta /  1 oreille  Prix de l’Acosso  

  Pedro Rufo: Avis  et vuelta / Silence et deux avis  Julio Mendez tue le becerro après blessure à la mort du novillero.

Julio Mendez : Becerro de la Ganaderia Durand lidié à la cape de très belle façon.  Il commence à la muleta par des doblones. Plein centre il enchaîne une majorité de derechazos avec domination. Le numéro 38 est plus compliqué sur la gauche.  Deux pinchazos et deux épées les mouchoirs ne s’agitent pas mais le becerro est applaudi à l’arrastre. Le second becerro est le numéro 106 de la Ganaderia Jalabert avec un joli trapio comme ces demi-frères. Jorge Hurtado exécute un quite.  Comme sur le précèdent, il commence par des doblones. Il commence et enchaîne plusieurs séries de naturelles.  Les séries à droite sont sur le pico. Il ne trouve pas la distance non plus.

Jorge Hurtado : Son premier becerro est de la Ganaderia Jalabert de très belle présentation.  Ce numéro 102 est noble et répète. Il exécute principalement des naturelles alors qu’il est aussi bon sur la droite. Le novillero exécute un pinchazo à sa première tentative à l’épée et tentatives pour une entière. Jorge Hurtado manque de domination sur ce très bon becerro encasté et qui va à mas. Le novillero a de la violence dans ses manières et heureusement que « Al violin » exprime de la douceur dans la musique. Il met une épée contraire.  L’oreille du public est-elle pour la faena ou pour la musique ? L’éral est applaudit à l’arrastre.

Pedro  Rufo : Sur le numéro 117 de la Ganaderia Jalabert a une charge courte, le novillero exécute des véroniques avec douceur.  Sur la majorité des derechazos il exécute des séries sur le passage sauf en fin de faena.  Les naturelles sont plus appliquées. Son épée est contraire.  Il est obligé d’utiliser le descabello. Le dernier becerro de la Ganadería Durand a le plus joli trapio. Il le reçoit avec une larga.  Le numéro 6 met la tête. Le novillero exécute une faena décousue. Le becerro a tendance à fuir alors qu’il peut donner plus.  Le novillero se blesse au-dessus de la main à l’épée. Le becerro est avisé au moment où Julio doit le tuer avec un bajonazo  et deux avis.

N Couffignal texte et photos.

PAMPELUNE, DERNIERE : IL NE FALLAIT PAS PARTIR AVANT LA FIN

PLAZA DE TOROS DE PAMPLONA _ Dimanche 14 Juillet 2024 ; Dixième et dernière du cycle de. San Fermin.

6 toros de MIURA (Zahariche – Andalousie) entre 555 et 650 Kilos. Tous très armés, longs comme des trains de marchandises, de comportements variés. Un sobrero de Cebada Gago pour remplacer l’énorme second qui fut remplacé (corne droite cassée)

Temps : Très chaud

Dernier lleno du cycle.

Pour : Antonio FERRERA : 27 ans d’alternative. Violine pâle et or. Silence et silence

             Manuel ESCRIBANO : 20 ans d’alternative . Sang de toro et or. Silence et oreille

             Enrique COLOMBO : 7 ans d’alternative, Vénézuélien d’origine .Bleu nuit et or. Oreille et deux oreilles

Antonio n’a pas perdu son style ni en bien ni en mal. IL n’hésite toujours pas à affronter les toros les plus compliqués, mais il continue de les traiter à sa façon et dans son style baroque très affirmé. Et en termes de difficultés il fut servi puisqu’aussi bien le premier que le quatrième (620 et 640 KG) n’était toréable. Le quatrième fit illusion lors de sa première rencontre au cheval. Ensuite ce ne furent que coups de tête violents et comportements inattendus. Le plus souvent les deux arrêtés, cherchant des querencias improbables. Les deux épées, basses et la première atravesada eurent l’avantage d’être efficaces.

Manuel Escribano : a gardé après 20 ans d’alternative son sourire de gamin. Il partit, c’est pratiquement devenu une habitude à « portagayola », il eut le temps de se relever et  de voir cet adversaire effrayant de puissance et de cornes heurter le burladero . Corne cassée à la base. Le sobrero de Cebada Gago semblait plus fréquentable, malheureusement dès la première pique on découvrit un MANSO d’école qui passa son temps à chercher des issues à ce combat qui ne le concernait pas. Le maestro partagea les banderilles avec Enrique COLOMBO . Deux bons spécialistes qui firent le boulot et puis …plus rien. Il dut s’engager à la mort, l’épée était trasera et tendida mais le plat de la corne avait touché sans dommage la poitrine du maestro qui s’en tira sans mal. Un descabello.

A son second, il repartit à portagayola mais le toro (le plus « petit du lot, 555Kg) le négligea, il dut aller le chercher auprès des planches pour lui administrer quelques passes à genoux.  Il ne partagea pas les banderilles avec une troisième paire toujours aussi tendue à « violin » et contre les planches.Il brinda au public et attendit son adversaire au centre, deux « cambiadas » très méritoires et les gradins l’accompagnèrent dans une faena de bon goût malgré les réticences de l’animal. Une estocade efficace et une oreille qui le combla de joie.

En termes d’enthousiasme, de volonté et de courage le jeune Venezuelien n’a rien à envier à personne. Son envie de triompher était évidente, une belle démonstration à la cape, une belle première pique, une deuxième plus anecdotique. Il partagea les banderilles avec Manuel Escribano. Un toro qui sans être un bonbon était beaucoup plus accessible et qui assez rapidement accepta de baisser la tête. Le jeune Vénézuélien ne laissa pas passer et malgré un comportement changeant en cours de lidia réussit de bons enchaînements des deux côtés. Une entière d’effet immédiat lui assura la première oreille.

Ce torero valiente reçut le plus impressionnant du lot, un cardeño, salpicado de 650 Kilos avec un enthousiasme étonnant. Sa fougue ne le lâcha pas pendant toute une faena vibrante, risquée, mais à un toro finalement plus toréable que ses frères. Tout ce qu’on pourra reprocher au jeune homme c’est d’avoir un peu toréé les étagères…. Une estocade d’un engagement total et d’une efficacité spectaculaire lui valut le triomphe ( 2 Oreilles)qu’il avait tant voulu et qui nous l’espérons lui ouvrira bien des portes en Espagne et chez nous.

Les sorties par la grande porte à PAMPLONA sont très spectaculaires et en même temps organisées et protégées des enthousiasmes excessifs.

Ch. Figini

Pampelune: Viva Colombia libre !

PLAZA DE TOROS DE PAMPLONA- Samedi 13 Juillet 2024 . Neuvième et avant-dernière de SAN-FERMIN.

Six toros de la Finca de LANZAHITA tous dans le type de la Ganaderia redoutée d’ESCOLAR GIL : Cornes redoutables soit hautes soit très larges, quelques fois les deux

Entre 540 et 595 Kilos

Temps : » L’air est pur, le ciel admirable »

Plus un strapontin. Décidément une idée de bien mauvais goût d’envisager une San-Fermin sans toro !

Au cartel :

Rafael Rubio, RAFAELILLO : somptueusement vêtu : cape de paseo rouge et or habit bleu nuit et or.

Noé Gomez del Pilar : bleu pâle et or, parements azabache

Juan de Castilla :  se présentait à Pamplona en blanc et or.

Le premier cardeno bragado très clair reçu comme il se doit par une larga sans risque de Rafaelillo. Il y a juste cinq ans la réception en cette même place d’un toro de Miura faillit lui coûter la vie. Il en a tiré les leçons. Un toro qui semblait être étonnamment simple. Noble, humiliant, la tête toujours dans la muleta après deux piques médiocres. C’est peu dire que le torero l’a négligé donnant des grands coups de muleta en tout sens pour faire croire à…je ne sais quoi. Une bonne estocade et mort sans combat d’un toro brave. De la belle ouvrage puisque la présidente lui attribua une oreille que personne n’avait demandée. Le maestro se pose moins de question (quoique…) fait sa vuelta. Il a le sourire et on le comprend.

Le second negro entrepelado a des cornes terribles (corniveleto) : Gomez del Pilar est un habitué. Il sait sur les deux bords donner des passes de très bon goût à ce toro qui sur le coté gauche devient vite très retord. Une épée un peu tendida et une mort un peu lente le privent  d’un trophée.

Le troisième, 595 kilos, nommé Escribano. Forcément je comptais sur lui. Impossible qu’il déçoive ; deux piques catastrophiques comme toutes les piques de la soirée à l’exception du sixième, mais je crois qu’un péché mortel à Céret ou à Vic est véniel et vite absout à Pampelune.JUAN DE CASTILLA, Colombien de Medellin d’origine s’est précipité sur ce toro comme un mort de faim. Impossible de ne pas penser à César RINCON ! A chacun son époque ce jeune homme a offert ce que la tauromachie a de meilleur : la science du toro, le calme et un courage sans limite. Avec un courage insensé il avait, comme il faut le faire ici, cité ce toro qu’il connaissait bien insuffisamment à genoux au centre. Ce jeune homme est accompagné d’une quadrilla, à mes yeux, très insuffisante.

Il coupe une oreille. Difficile de lui attribuer le même poids que l’oreille attribuée au chef de lidia quelques minutes avant.

Quatrième et cinquième n’ajouteront rien à la gloire ni de Rafaelillo ni de Noé…Trop facile de parler de naufrage ! Vraiment trop compliqués et dangereux.

Bien sûr notre petit Colombien voulait sa puerta grande, il y mit toute sa volonté, son savoir faire et son envie, on y a cru jusqu’à la mise à mort, mais face à un ennemi aussi effrayant, des cornes aussi hautes que larges, la tâche était surhumaine. Il fallut donc plusieurs épées. Il fut acclamé et j’en suis heureux.

Merci Maestro qui avait eu des mots émouvants en bridant son deuxième à son pays pour l’instant sans toros et en nous disant à nous Français et Espagnols son amour et sa reconnaissance.

Ch. FIGINI

PAMPELUNE : NOUVELLE GRANDE PORTE POUR ROCA REY ET GRANDE FAENA DE PABLO AGUADO

PLAZA DE TOROS DE PAMPLONA- vendredi 12 juillet 2024. Huitième rendez-vous de la feria.
Temps couvert, 20 degrés, arènes combles bien entendu.

6 toros de JANDILLA, 570,520,540,530,595, 535 Kg. Tous deux piques quelconques. Trois bons toros pour la muleta, les 2, 3 et 5. Et trois moins bons, les 1,4 et 6.

CAYETANO ORDOÑEZ, blanc et argent, Salut et Silence.
ROCA REY, chocolat et or, une Oreille et une Oreille.
PLABLO AGUADO, carmin et or, une Oreille et Silence.

ROCA REY : 4 toros cette semaine à Pampelune, 5 oreilles, qui auraient pu être 6, deux sorties par la grande porte sur les épaules de ses admirateurs. Qui dit mieux ?
Ce garçon est solaire.
Réception de ses deux toros de l’après-midi par deux « larga aforolada cambiada de rodillas a puerta gayola », le nom de passe le plus long de la terminologie taurine pour saluer le plus grand torero de l’époque. Véroniques allurées, Véroniques à genoux, Chicuelinas et gaoneras à toro vif, pas encore
piqué.
Puis Quites par chicuelinas serrées à son premier opposant, par gaoneras à son second, aussi serrées.
Début de faena à genoux, passes par devant, passes dans le dos toujours à genoux, derechazos liés dans le terrain du toro, séries dans les cornes, par devant et par derrière. Epées concluantes par elles-mêmes.
ROCA REY sait tout et peut tout. Sitio, dominio, répertoire varié sont ses trois grandes qualités. Avec lui tout est millimétré, son engagement total n’est pas celui d’un risque tout, mais celui d’un génie.


Ceci ne doit pas faire oublier la grande faena de PABLO AGUADO à son premier toro qui a conquis Pampelune par des naturelles templées éternelles qui valurent à elles seules une oreille bien méritée au torero de Séville, avec pétition de la seconde. La faena terminée un genou en terre par des aidés par le haut fut la marque du grand chic andalou

Il est difficile de dire du bien de Cayetano, triomphateur ici même l’an passé, mais comme absent ce jour, certes mal servi au sorteo, mais son costume blanc restant blanc immaculé du début à la fin de la corrida. L’heure de la retraite a sonné comme l’a annoncé lui-même le matador aux prémices de la saison.
L’opposition de style entre ROCA REY, torero puissant comme déjà évoqué, et PABLO AGUADO, torero profond, a fait des merveilles cet après-midi à Pampelune.
Et tous les spectateurs sont sortis comblés des arènes, selon leurs gouts respectifs, par la magie de ces deux grands toreros.
EXIR

Roca Rey figura maxima, Miguel Angel Perera en grand maestro et Tomas Rufo coupe deux oreilles.

10 juillet, corrida de Fuente Ymbro. 6 toros tres bien faits, cinq noirs et un castaño bragado de 5 ans. Poids moyen 530 kgs, Très armés, bravoure limitée au cheval, 12 rencontres.

Extraordinaires de  noblesse le 2 et le 3, compliqué le 4, deslucido le 6.

pour Miguel Angel Perera , vert émeraude et or: salut au tiers et 1 oreille de poids.

Andres Roca Rey, Rouge et or, 2 oreilles et 1 oreille.

Tomas Rufo, Bleu marine et or, 2 oreilles et silence.

Lleno de no hay billetes, grand beau temps et ambiance brulante au soleil, plus réservée à l’ombre.

Si vous avez vos boules quiès vous pourrez entendre la superbe musica callada que nous a offerte Miguel Angel Perera à son second, le quatrième, un noir qui mit du temps avant de se laisser conduire par la merveilleuse muleta du maestro de Badajoz, 20 ans d’alternative et toujours cette ferveur et cette science qui lui fait construire des faenas savantes et templées devant n’importe quel toro et plus c’est compliqué plus il démontre.

Ce toro il l’avait brindé au ganadero avec des mots d’une grande amitié et affection. Les dernières séries à gauche sont un exemple de préparation à l’épée. On attend  que le réglage de cette tête soit parfait, Entière tendida après un avis. OREILLE.

A son premier , pourtant on aurait aimé  voir tomber l’oreille. Au capote il y avait eu 5 chicuelinas bien ajustées conclues par une demie. Début de faena par 5 statuaires et pecho, pieds joints, données avec une calme autorité et templées. Tout se passe bien mais  le toro  transmet peu et l’épée est basse et pas entière, et même si le toro tombe, le puntillero le fait relever..SALUT AU TIERS

Que ceux qui doutent de la supériorité de ROCA REY ou qui font la fine bouche  ne lisent pas ce qui va suivre. C’est sans doute qu’ils n’aiment ni l’enthousiasme ni l’audace ni la force ni le courage, ni la sérénité , ni les estocades fulminantes. Parlons d’elles d’abord : à ses deux adversaires et encore plus à son premier , Roca Rey s’est jété entre les cornes , se mouillant les doigts, passant d’extrême justesse au dessus de la corne droite, matar o morir, illustration parfaite de l’adage. Et il a recommencé à son second.

Et il fallait passer au dessus de ces poignards dressés jusqu’au ciel. Toro numero 2, le castaño bragado, belle réception au capote et quite de Rufo par delantales rématé par une rebolera. Réplique de Roca Rey par gaoneras  sublimement exposées, tout s’emballe. Brindis au public et entame à genoux au centre de la piste, les cornes sont à hauteur des yeux et le toro n’humilie pas. A droite comme à gauche R R est contraint de toréer à mi hauteur, les dagues gigantesques passant tout près du visage. A force de puissance dans le poignet , de ceinture , de caractère et de rythme , le toro humilie en fin de faena: intensité, volonté et suprême élégance, enchainements suaves, on attend l’épée, tout vole et bascule, la muleta, l’homme qui passe par miracle au dessus de la corne droite et le toro qui tombe  ; sin puntilla, victoire de la figura maxima del toreo; quoi qu’en disent les tenants du jansénisme taurin et les frigides. DEUX OREILLES

Roca Rey revient pour le 5eme, , un noir lui aussi très bien fait, il le reçoit la main tenant la barrière et gagne doucement le centre. On devine que ce toro là est plus compliqué , les réglages sont plus lents, par deux séries droitières , naturelles, à chaque fois de bons pechos de conclusion, puis on recommence avec deux séries drotières pour finir en toréant de très près, quasiment dans les pieds, le réglage est fini. Reste l’épée, un espadazo sin puntilla, comme au premier, matador s’il en est, cette épée à elle seule valait l’oreille. OREILLE

Tomas Rufo torée très bien, Tomas Rufo ose beaucoup, Tomas Rufo a fait de très belles choses à son premier, mais il passait  juste après Roca Rey.

Comme lui il débuta, fort bien, à genoux, il templa toutes ses actions avec une très convaincante application, son épée fut efficace  , sans puntilla, mais un peu de rigueur castillane ou de froideur de Tolède nous ont fait trouver les deux oreilles octroyées excessives. 

Au dernier , le plus deslucido du lot, Rufo tenta le tout pour le tout, pour rejoindre le nombre d’oreilles coupées par son concurrent péruvien peut- être? 

Tout le début de la faena consista à fixer ce toro gazapon collant ou distrait selon les moments. A la fin, le matador jeta l’épée et livra une longue série de luquesinas , bien réalisées  et l’estocade malheureusement fut defectueuse (deux tentatives) et plusieurs descabellos. SILENCE

Tout au long de la tarde les banderilleros se comportèrent dignement  et les picadors des uns comme des autres donnèrent chacun et à chaque toro 1 pique  et un picotazo.

Si la belle jeunesse du soleil pouvait garder ses  t  shirts blancs….

Qu’est devenu l’homme en noir au haut de forme  qui  récompensait les toreros faisant leur tour de piste d’un foulard rouge de San Fermin?

Jean François NEVIERE

PAMPELUNE : UNE GRANDE FAENA D’EMILIO DE JUSTO

PLAZA DE TOROS DE PAMPLONA- mardi 9 juillet 2024. Cinquième rendez-vous de la feria.
Temps couvert, 24 degrés Celsius, arènes combles de gens vêtus de rouge et blanc.
6 toros de Victoriano del Rio de présentation variée mais tous de cornes comme il se doit dans la capitale de la Navarre. Le cinquième le plus complet, un toro brave. Les autres avec des aspérités rendant difficile le « toreo bueno », quoique les avis peuvent être partagés.


SEBASTIEN CASTELLA, costume san ferminero, silence après avis et silence après deux avis.


EMILIO DE JUSTO, olive et or, silence après avis et deux oreilles.


GINES MARIN, moutarde et or, oreille et silence.


Des fêtes de Pampelune on a déjà tout dit et tout écrit depuis bientôt un siècle, « Le soleil se lève aussi » d’Ernest Hemingway en témoigne. Sur le plan taureaumachique il y a les pour, il y a les contre. Les pour se régalent de la visite des toros aux corrals du Gas, des encierros, des apartados publics, de la présentation irréprochable des toros, et du courage dont font preuve les toreros de venir affronter de tels fauves. Les contre ne supportent pas le vacarme et le manque de respect des Peñas pour le drame qui se joue en piste, confondant une corrida de toros avec un match de football.
Mais aucun matador refuse de venir à Pampelune à part le Pharaon de Camas venu une fois mais pas deux après la bronca reçue. C’est que le silence de Séville rencontre son symétrique à Pampelune. Certes le cachet qu’ils reçoivent tient compte de « l’exception pamplonaise » par une augmentation moyenne de 20% pour les vedettes, mais cela n’explique pas tout. En fait les figures adorent l’ambiance des fêtes et ils ne sont jamais distraits par le public, concentrés qu’ils sont dans le combat avec leur opposant aux cornes démesurées.


Il y a les toreros pour Pampelune, qui savent et veulent se connecter avec le tendido sol pour obtenir un grand triomphe. Pour cela il faut se mettre à genoux dès le début de la faena, si possible au centre de la piste, et enchainer les passes sans se poser trop de questions sur l’académisme de la taureaumachie.
Et puis il y a les autres, ceux qui viennent toréer pour faire ce qu’lls savent faire, du bon ouvrage comme s’ils étaient dans une arène de première catégorie « normale ». Les trois matadors de cet après-midi faisaient justement partie de cette catégorie. Aucune concession au public, tout pour une taureaumachie authentique avec des toros d’un élevage réputé. Merci à eux.


SEBASTIEN CASTELLA nous a paru comme il est un peu cette saison, moins décidé, moins allègre, moins dominateur, un peu comme si son retour gagnant de l’an passé lui avait inconsciemment suffi. Il « fait le métier » cette année, certes bien, mais sans envie de triomphe. Ses échecs à l’épée ont gâché un succès d’estime pour ses deux faenas de vétéran à deux toros dont un, le quatrième, le crocheta heureusement sans gravité.


EMILIO DE JUSTO a lui envie de triompher, il aurait pu le faire à son premier toro après une série initianale sensationnelle par naturelles de la main droite, mettant en évidence une complète domination. l’épée…
Mais il le fit à son second toro, brave et collaborateur des deux cornes. A ce toro Emilio a fait un grand travail des deux mains, toujours dans le terrain du toro, toujours centré, terminé par une série de doblones de haute volée. Après très forte pétition deux oreilles tombèrent de la présidence, tenue par…une femme, conseillère municipale de la ville, comme de tradition. Emilio de Justo est en train de se hisser progressivement tout en haut de la profession par la qualité de son travail.


GINES MARIN est apparu très concentré et volontaire, arrivant à couper une oreille à son premier opposant après des bonnes séries de naturelles et une grande épée. A son second, le sixième donc, il ne put rien, le toro ne voulant rien, sans doute trop lourd et trop âgé. 620 Kg et cinq ans.


Mais c’était l’après-midi d’Emilio….
EXIR

Céret, la matinale de Barcial

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Les Barcial n’avaient que leur trapio et leurs cornes (très larges) mais leur comportement n’était pas à la hauteur : pourtant les 6 étaient lucero (tache blanche sur le frontal) ce qui est censé porter bonheur ! Ceci étant la novillada était à la fois intéressante et instructive pour les novilleros qui y ont appris à maîtriser certaines difficultés de leurs adversaires comme le manque de charge ou le fait de s’aviser.

Mario Arruza a eu un premier toro qui est sorti suelto de sa première pique avant de revenir, puis est allé à menos en s’arrêtant en fin de faena. Sa faena est techniquement correcte mais sans transmission et la mise à mort difficile.
Au quatrième, sorti mansote et se réservant rapidement, scénario identique : quelques bonnes passes mais qui ne transmettent pas, même si son toro ne l’aide pas. Là encore la mise à mort est délicate.

Jesus de la Calzada touche un premier toro grand et lourd très applaudi à l’entrée. Mais il sort suelto de la première pique avant de revenir à l’assaut et donne l’impression d’être mansote. De bonnes séries de derechazos pour une faena entièrement droitière ne lui permettront pas de régler totalement les hachazos de son novillo. L’estocade en haut un peu trasera déclenchera une pétition majoritaire refusée par la présidence qui entend une bronca. Vuelta pour le novillero.
Au 5ème, mal piqué, l’entame de faena se fait au centre en donnant de la distance au toro. Mais celui-ci ne tient pas et c’est le torero qui fait tout le travail réussissant par son envie et son entrega. L’estocade est tombée malgré un engagement évident et nécessite le descabello : nouvelle pétition, moins importante, à nouveau refusée par la présidence et nouvelle vuelta. On reverra Jesus de la Calzada avec plaisir.

Miguel Andrades montre 2 visages : à son premier, qui provoque un tercio de piques agité avec glissade du cheval qui chute, suivi par des banderilles très bien posées par le matador, la faena le voit se réserver dès la 2ème série et Andrades doit lui arracher les passes une par une en se croisant. L’estocade entière trasera ne sera pas concluante et nécessitera le descabello.
Au 6ème, c’est un autre novillero qui semble en piste : larga à genoux au centre, puis bonnes véroniques, mise en place à la pique par gaoneras marchées, nouveau tercio de banderilles très applaudi, entame de faena à genoux et de bonnes séries de derechazos et de naturelles liées. L’estocade tombée nécessitera encore le descabello et Andrades s’octroiera une vuelta (méritée même s’il n’y a pas eu de pétition). Lui aussi sera à suivre pour ses banderilles et son talent d’animateur.

Jean-Yves Blouin.

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