Petite ganaderia de la région de Colmenar Viejo, la ganaderia Dona Maria Antonia de la Serna appartient à la « Associacion » et ne fait pratiquement jamais lidier de corridas ou de novilladas. C’est une de ces ganaderias qui, selon Thomas Thuries, ( l’auteur du site Terre de toros) permet de conserver vivants des encastes qui n’auraient plus leur place dans la tauromachie car négligés par les empresas et les figuras.
A la mort du ganadero Ignacio en juillet dernier, la ganaderia est passée au nom de sa veuve mais elle est gérée par son fils Jacopo qui a essayé des mayorals professionnels, mais avec trop de déboires et a donc choisi un jeune pour le former afin qu’il devienne le titulaire de l’élevage.
Le sang d’origine est du Santa Coloma par Dionisio Rodriguez, auquel s’est rajouté du Vega Villar d’où la présence au sein du cheptel de taureaux blancs à bouche noire et de berrendos en cardenos.
Ces robes sont propices aux attaques de loups, fréquentes car les loups prennent les veaux pour des moutons !
La ganaderia possède 75 vaches de ventre et 25 vaches à tienter, car même si les toros ne vont pas aux arènes, la bravoure des mères est un élément fondamental de toute tauromachie. Les produits sont conservés jusqu’à 4 ans pour être vendus à la rue. Les robes blanches font quasiment l’objet de ventes aux enchères tellement les organisateurs de courses se les disputent!
Albacete, corrida de bienfaisance d’Asprona( association pour les grands handicapées cérébraux).
Toros de las Ramblas( Daniel Martinez), petits les 4 premierss, légers, normalement armés, bien le 5èmz, très interessant mais plus difficile le 6eme. Cinqueños le 5 et le 6.
Poids moyen 460kg.
El Fandi, champagne rosé , or et noir: palmas et Oreille.
Ruben Pinar; Blanc et argent: Oreille et Palmas.Borja Jimenez: Bleu Natier et or, Palmas et Oreille
Beau temps chaud, arènes pleines, présence nombreuse des beneficiaires d’Asprona, public bon enfant.
On va m’en vouloir une fois de plus , malgré tous mes efforts, je considère El Fandi comme un sportif beaucoup plus que comme un torero. Il banderille, certes, à l’endroit à l’envers, plus ou moins justement, court beaucoup, à l’endroit à l’envers, n’oublie jamais l’insupportable paire de banderilles al violin, jamais de quiebro bien entendu…
Il défie les étagères en ouvrant une bouche d’où quelques instants plus tôt il a fait jaillir un crachat bien visible avant de prendre la muleta. Populiste si vous préférez, à vulgaire.. Il torée plié en deux devant des petits toros peu armés comme s’il s’agissait de faire passer d’immenses armures…
Cela peut plaire, la preuve , avec ce genre de gymnastique il a coupé une oreille.
Ruben Pinar lui au moins torée droit et même s’il n’est pas un maestro de grande classe il est honnête et cherche le sitio et le temple et le trouve aussi. Pensez une chose: aujourd’hui, ce torero livrait sa première corrida de la saison, quel mérite quelle aficion!
Le final de sa faena au premier de son lot, un castaño de peu de poids mais pas ridicule, il a tout essayé pour développer sa tauromachie, chicuelinas, manoletinas finales et une grande épée. A qon second de loin le meilleur de la tarde, un negro meano bragado de 5ans il livre une belle faena de muleta, autant sur la corne droite qu’en naturelles, bien templées. Le toro certes manque de race mais tient le coup et si Ruben n’avait terminé par un mete y sacca avant une demie bien placée et trois descabellos il aurait coupé une grande oreille.
Borja Jimenez nous a montré les plus beaux gestes taurins de la soirée; son premier est un castaño de peu de trapio, pas mal fait pourtant, harmonieux, qui saute dans le capote du torero d’Espartinas. Brindis au public, on sent l’envie de triompher mais sans vrai matériel … le toro n’humilie pas, Borja tente un recibir , pinche, met une quasi entière , avis, descabello, Palmas.
Au sixième, un noir de 5 ans bien fichu, grand début à la véronique, une seule pique comme tous les bichos de ce soir, mais bien administrée par Tito Sandoval. Brindis à l’Asprona. Il faudra du poder à Borja Jimenez pour soumettre ce toro assez grand qui saute et proteste. Avec gôut la présidence ne fera pas donner la musique et l’homme et le toro vont se confronter dans une grande faena, pour le coup ni populiste ni vulgaire: force, rythme, pouvoir, et pour finir une grande épée: oreille.
Souhaitons à Ruben Pinar d’avoir quelques contrats,et à Borja Jimenez de pousuivre une grande carrière.
Cette première demi-finale se vécut sous le signe de la faiblesse et du manque de caste. Les six toros provenant de Concha y Sierra (1,3 et 5) et Anna Roméro (2,4 et 6) ont brillé par leur peu de caste voire pour l’un ou l’autre une noblesse décastée parfois avec du genio mais surtout une faiblesse désarmante, pour :
Luis David Adame : ovation et une oreille Christian Perez : ovation après avis et oreille Victor Hernandez : silence et oreille après avis
D’entrée le premier Anna Romero fait montre de faiblesse et durant toute la faena il sera impossible à Luis David de baisser la main sans provoquer la chute du toro il réussira toutes fois à tirer quelques séries intéressantes sur les deux bords avec de bons détails. Le meilleur sera certainement la série de fin de faena, quatre manoletinas de face pieds joints rivés au sol conclue d’un immense pecho. La mise à mort se fait en deux temps, la pétition est insuffisante et le mexicain reçoit une belle ovation. Son second sort des chiqueros tel un missile, à la première passe de capote Luis David est jeté au sol la corne droite frôle la jaquetilla et pulvérise le burladero, le toro se précipite sur le premier banderillero à sa portée qui vole aux étoiles s’en suit une panique indescriptible avant que le toro qui semble-t-il a tout donné ne s’arrête de lui-même. Après ce moment d’incertitude et alors que tout le monde se remet sans mal on pense que l’on va de nouveau avoir une faena morne. Le toro est lui aussi faible décasté et doté de très mauvaises intentions. C’est compter sans le jeune Adame qui sous les yeux de son grand frère Joselito, va s’employer à dompter le fauve. Il y parvient, après quelques muletazos compliqués, il tire de bonnes séries à droite comme à gauche et termine par trois circulaires inversées immenses et totalement improbables quelques minutes auparavant. L’entière tombée est efficace et lui vaut une oreille après s’être réellement joué la vie.
Le premier Ana Romero de Christian Perez est imprésentable de cornes totalement escobillées à la sortie d’une mini pique sans pousser. L’animal est faible la faena sera toute à mi-hauteur, sur le voyage, sans aucune transmission et pour tout arranger d’une longueur désespérante qui lui vaudra d’écouter un avis avant de tuer en deux temps de deux vilaines épées.
Il attend son deuxième adversaire à puerta gayola mais le toro l’ignore et se montre d’entrée plus que distrait et faible. La première série à la muleta se fait à genoux au centre, esthétiquement rien à dire sinon que le toro se couche en fin de série. Perez se relève donc est relève la main, toute la faena se fera à mi-hauteur et sur le voyage pour ne pas affaiblir l’animal. Le toro tient un fond de noblesse bien exploitée pour un toreo trémendiste et populiste qui porte sur le public. Une anecdote lors du dernier desplante il jette sa muleta est se trouve obligé de sauter au callejon pour récupérer l’estoc, ce fut certainement considéré comme un geste héroïque puisque le « respectable » réclama avec force l’oreille après une épée légèrement en arrière, Perez fit même une deuxième vuelta, le président ayant refusé la seconde oreille
Le premier de Victor Hernandez, un Concha y Sierra d’à peine quatre ans (mai 2020) ressemble plus à un novillo qu’à un toro. Il est lui aussi très faible et Victor le torée à mi-hauteur sans forcer le toro est arrête dans la passe et ne transmet rien du tout il faut rajouter un peu de trémendisme pour réchauffer les tendidos la mise à mort est vilaine et en trois temps. Le dernier Ana Romero est un beau cinqueño, Victor Hernandez lui sert trois larga de rodillas et un beau quite par tafalleras. Malheureusement ici encore le manque de force domine et le président se fâche exigeant une deuxième rencontre au cheval après un simulacre de pique la deuxième ne sera pas plus appuyée. Certes l’animal est noble mais tellement faible. Hernandez fait illusion en construisant quelques belles séries esthétiques à droite et surtout à gauche le meilleur côté de l’animal. Trois quart de lame mal orientée et un descabello après avis, le public réclame son oreille.
Pas de jaloux pour les trophées et bon courage au jury pour déterminer le triomphateur qui est qualifié d’office pour la finale.
Rafael Finat Riva, conde de Mayalde est (selon ses dires) un descendant direct de Charlemagne !
Sa ganaderia est impressionnante par son étendue et par la qualité des cercados où paissent en liberté 700 têtes de bétail dont 160 vaches de ventre, réparties en 5 lots. Au départ, l’origine était essentiellement Contreras, mais dès les années 50 il y a eu un apport de Domecq par El Ventorillo, Santiago Domecq etc. sang qui prédomine aujourd’hui. Malgré cela, les Conde de Mayalde gardent la réputation de toros avec un certain piquant.
L’économie de la ganaderia ne peut se limiter aux toros, surtout que la camada est courte. C’est pourquoi l’élevage comporte aussi 2000 porcs et une partie des terres est plantée d’oliviers. Compte tenu du climat rude des plateaux castillans, les cercados sont semés de céréales pour compenser la disparition de l’herbe déjà sèche en mai (malgré une saison pluvieuse cette année). Les vaches et les jeunes toros qui ne vont pas sortir aux arènes dans l’année y trouvent une nourriture qui évite de leur donner du pienso.
Les camadas sont courtes : en 2024, 3 corridas et 1 novillada ont été vendues. 2 de ces corridas sont déjà sorties, ne reste que celle prévue pour Albacete en septembre. La novillada est vendue pour Villaseca de la Sagra. En réserve des sobreros pour Madrid dont certains sont déjà revenus de la San Isidro. S’ils ne sortent pas à l’Otono, ils seront proposés en corrida comme cinquenos en 2025. L’opération « sobreros » devrait être renouvelée en 2025, les novillos correspondants sont déjà sélectionnés.
Mais tous les animaux non sélectionnés pour l’échelon supérieur sont vendus en becerrada. Toute la camada est donc vendue et aucun toro ne termine sa vie à l’abattoir.
Lorsque vous quittez Jerez en direction d’Algeciras, vous empruntez la mythique route du toro . Les coteaux sont exceptionnellement verdoyants en cette fin de printemps,. La première finca que vous rencontrez sur votre gauche est la fameuse casa de los toreros, surnom donné à la maison du Marquis de Domecq en raison du nombre et de la qualité de tous les toreros qui s’y sont croisés tout au cours du siècle passé. Deux fers prestigieux, Marques de Domecq et Martelilla, paissaient sur ces terres. A la mort du Marquis le sang brave avait avait quitté les lieux laissant place à une agriculture plus classique, renvoyant le mythe à l’histoire.
La visite se termine par un tour dans le parc des sémentales, remarquablement présentés eux aussi . Le dernier âgé de quatre ans est le premier pur produit de Casa de Los Toreros .
En 2014, Juan Pedro Domecq Bohorquez et sa sœur Lourdes, petits neveux du Marquis décident de ramener le sang brave sur leurs terres et c’est Juan Pedro qui nous accueille aujourd’hui pour visiter son élevage et nous faire partager sa passion pour le toro. Cette année la centaine de vaches qui composent la ganaderia ont la chance de pouvoir profiter d’une alimentation verte qui profitera certainement à tous les veaux qui commencent leur sevrage. Nous passons ensuite aux parcs des novillos et la première chose qui frappe le yeux des aficionados que nous sommes, c’est la présentation des animaux. Erales et novillos sont remarquables et le ganadero de nous expliquer que pour lui la présentation doit être impeccable. Il sélectionne sur le modèle mais aussi sur le caractère son toro doit être brave et noble avec de la caste. Certes son encaste de base est Domecq mais, nous dit il on peut faire des Domecq très différents, et lui recherche la bravoure. Mais la caste sans la force ne sert à rien ajoute-il et il privilégie celle ci dans sa méthode d’élevage, de grands parcs en pente où les animaux doivent se déplacer pour boire et manger.
Actuellement la jeune ganaderia ne sort qu’en novillada sans picadors et en novillada piquée. Un lot de novillos a été toréé en piquée ce printemps à Antequera. Trois des novillos ont pleinement satisfait le ganadero mais il reste encore du travail pour que tout soit parfait et l’on peut compter sur Juan Pedro Domecq pour que tous les ajustements soient faits. En ce moment deux novillos de la maison sont dans les cercaderos de Madrid réservés par Florito comme sobreros pour les novilladas de cette année à La Ventas. La plus jeune des ganaderias jerezana a tout son avenir devant elle et mérite d’être connue.
Parfois les promesses électorales peuvent se réaliser ! La Maire de Jerez de la Frontera, Maria José Pelayo, en a donné la preuve éclatante hier en rendant officiellement les clés des arènes portatives de l’École Municipale de Tauromachie à Rafael Valenzuela, président de la fondation Cultura Taurina. On notait la présence d’une forte délégation municipale mais aussi de nombreux professionnels du monde du toro dont Juan José Padilla et les ganaderos jerezanos Santiago Domecq et Juan Pedro Domecq
Fermée depuis huit ans par la précédente municipalité socialiste, l’école de Jerez renaît de ses cendres, c’était jour de liesse pour tous les aficionados présents et au de-la pour toute l’aficion jerezana. Le projet de la fondation est particulièrement innovant. Il s’agit de la création d’un centre de divulgation et d’apprentissage ecosensible de la culture taurine dont l’école n’est qu’une partie, en fait nous assistons à la création de la première « université » taurine ouverte à tous pour promouvoir la culture taurine. A ce jour cette structure semble unique dans le monde taurin et il n’est pas surprenant que Jerez qui fût souvent dans le passé innovatrice en matière taurine, ne poursuive dans cette voie.
Maintenant que les locaux sont disponibles le vrai travail commence et c’est à toute l’aficion d’apporter son grain de sable pour sa réussite. L’aficion française sera bien évidemment la bien venue et Rafael Valenzuela nous a assuré que le drapeau français flottera en vbonne place sur ces nouvelles arènes.
Madrid le 9 juin. Corrida placée sous le haut patronage de l’Infante Elena.
Mano a Mano entre Sébastien Castella, lilas et or. Ovation, silence et silence et Fernando Adrian, blanc et argent. Oreille,silence, oreille, Puerta Grande
lleno de no hay billetes ( 13ème édition de cette San Isidro).
Beau temps, sans vent, 25°.
Toros de Garcigrande les 1,2,4,5,6 et de El Pilar le 3.
Poids moyen de 545 kg à l’exception notable du sixième, 597 kgs et 5ans et demi.
Comment aborder cette chronique autrement qu’en dénonçant une fois de plus la faiblesse , le manque de force et de race des toros et tout particulièrement les fragilités des antérieurs (les mains des toros) pratiquement à chaque animal. Le pire ayant été le toro de chez Fraile, d’El Pilar, qui cumulait tous les défauts, mansedumbre, décasté, faible, derrotant, fuyard etc..
Et si au lieu de se répéter à propos des lacunes des 3,4 et 5 on disait deux mots agréables sur le 1 qui échut à Castella?
Pas bien joli ce colorado claro mais le maestro qui l’a tout de suite jaugé a demandé à son picador de ne pas forcer la dose de fer. Castella est un très grand capotero et distribue avec suavité et rythme des natuelles bien conclues par une larga magnifique.
Adrian vient au quite et montre que lui aussi, par chicuelinas et tafalleras il sait parler « toro ».
La faena de muleta est très élégante, initiée à gauche avec changement de main.
Cité de loin et de face les muletazos de Sébastien castella sont très doux, mais autoritaires démontrent à quel point le matador français est poderoso. Avis, echec à l’épée, c’est rare mais ça arrive aux meilleurs.
Le second, pour Fernando Adrian est reçu à genoux, largas afaroladas six fois de suite et le public, étrangement ne bronche et n’applaudit que lorsque le matador se relève. Le toro se couche sur le flanc tout seul, Adrian insiste et torée de verdad, faisant plusieurs fois passer l’animal dans son dos et termine, imitant Castella à son premier par un desplante dans les cornes, les outilsjetés loi derrière lui. Final par Bernadinas, le toro va a mas, on se sent mieux , on espère pour la suite, grande épée et OREILLE.
les trois suivants seront des invalides, le troisième dont hérite le malheureux Sébastien est bien banderillé par José Chacon deux fois et il doit saluer, très justement. Pour le reste, soseria. Le bicho derrote, donne des hachazos à hauteur d’homme…Faena impossible charge brouillonne, Pinchazo, entière et descabello.
Sifflé à l’arrastre. Le suivant un Garcigrande tout noir et pas vilain mais invalide qui tombe plusieurs fois, bien que peu piqué.
Le 5ème, pour Castella, un joli noir de 4 ans nommé Pistolero va t il nous enchanter ?
D’une noblesse infinie, mais si décasté et faible que Castella doit lui laisser de longues poses entre les passes. Le toro avait la bouche ouverte dès son entrée en piste, le final laisse des regrets, avec un poil de hardiesse c’aurait pu être un toro intéressant. Mais rien, non, rien de rien, trois muletazos, une pose de 2 minutes, trois muletazos, et une épée en se mouillant les doigts, le toro plonge sur le sable , lamentablement.
Vint le 6 ème, LE toro de la tarde, un grand Garcigrande de 597 kgs et presque 6ans, fort, charpenté, qui dura , lui, bien fait, hechuras parfaites. Adrian devait triompher avec lui et joua le tout pour le tout, ce qui lui réussit puisque , coupant une belle oreille parfaitement méritée il obtint la sortie par la Puerta Grande.
J’aimerais savoir au cours de cette San Isidro sur les 125 toros combattus, combien ont mérité de rester dans nos mémoires de 2024, un Santiago Domecq, un Victoriano del Rio, Dulce pour Borja Jimenez et deux ou trois autres, c’est peu, non?
MADRID – 8/06/2024 Corrida hommage à la police nationale pour son 200° anniversaire (!), minute de silence et hymne national à l’issue du paseo. 21°, vent, Arène pleine pour la 13° fois en cette San Isidro. Toros de ROMAN SORANDO 572,564,593,578,554,541Kg, robe variée, de 4 ans, les 3 et 5, à quasi 6 ans, les 2,4 et 6 en passant par 5 ans, le 1. Carrure et cornes conformes aux exigences madrilènes. Du Domecq pur, noblesse mais faiblesse, parfois extrême. Pas de race. Mansos. Mouchoir vert au 3° d’une faiblesse insigne, remplacé par un sobrero de José Vasquez de 6 ans. José Vasquez, la plus vieille ancienneté d’Espagne, 1788, mais encore du Domecq depuis quelques années, faible et sifflé lui aussi à son départ. Mouchoir vert au 6° aussi faible, remplacé par un sobrero de MONTALVO de 5 ans et 586 kg, intoréable lui, visiblement avisé, sans doute ayant séjourné trop longtemps dans les corales. Pour :
DIEGO URDIALES, saumon clair et noir, silence et silence.
JUAN ORTEGA, vert printanier et or, silence et silence.
PABLO AGUADO, noir et argent, gilet or, silence Tous les toros sifflés à leur départ. Bronca et jets de coussins de dépit à l’issue de la corrida.
Cet après-midi Madrid a touché le fond du fond avec ces toros de Roman Sorando infumables. Ce n’était pas la peine de faire venir trois toreros classés « artistes » pour ne pas leur offrir du bétail leur permettant de s’exprimer. Trois toreros si brillants à la feria de Séville. Pas une passe de cape, pas un quite artistique, cinq ou six passes de muleta conformes en tout pour l’ensemble de la corrida. Nous avons rarement vu un tel désastre ganadero. En général il y a toujours un toro, pas forcément le cinquième, qui sauve l’après-midi. Mais là, aucun. Le public n’en pouvait plus, réclamant des toros, et nous avec. Et comme en plus les deux toros remplaçants ne voulurent pas faire d’ombre à leurs congénères, l’ennui fut total. Il va donc falloir que la police, à laquelle les organisateurs avaient voulu offrir un hommage, ouvre une enquête sur cette après-midi désastreuse et trouve le ou les coupables.
Madrid, 6 juin. Plus de trois quarts d’arènes. Pluie intense à partir du quatrième. 6 toros d’Adolfo Martín, très armés, certains trop grands, les trois premiers avisés et sans charges, sifflés à l’arrastre, les trois derniers plus nobles mais faibles. Antonio Ferrera silence et salut après avis. Manuel Escribano salut et vuelta après forte pétition. Bronca à la présidence. José Garrido silence et salut.
Il aura fallu attendre le quatrième et la pluie pour qu’on puisse voir des éclairs et beaucoup d’engagement. On n’avait rien vu jusqu’alors, à l’exception d’une très bonne estocade de Manuel Escribano, car les toros d’Adolfo Martín, vite avisés, coupaient leurs charges, et même si le danger était là, le public s’ennuyait. Mais sous la pluie, après une chaleur torride, des éclairs dans l’arène. Comme avec Antonio Ferrera, face à un Adolfo avec une certaine noblesse mais qui s’écroula à plusieurs reprises. Devant un public clairsemé (les gens étaient partis se réfugier à l’intérieur des arènes ou dans les places vides des « gradas » et « andanadas » ) et avec un tendido 7 moins omniprésent, Antonio parvint à mettre en confiance le toro. Vinrent quelques passes droitières enchaînées de très bon goût et surtout une série de naturelles d’un relâchement absolu, non forcé et naturel. Superbes ! S’il l’avait tué, il aurait peut-être coupé une oreille. Le toro, comme les trois précédents, fut sifflé à l’arrastre.
Manuel Escribano accueillit ses deux toros à genoux, « a porta gayola ». Chapeau pour le risque encouru, d’aurant plus au cinquième vues les conditions de la piste et ce qui l’attendait dans les torils : un toro extrêmement armé mais qui lui aussi cachait une certaine noblesse. Manuel le banderilla, comme à son premier, avec assurance et éclat. Sous l’orage, le toro s’affala en tout début de faena mais son matador sut très bien calculer les distances et trouver les hauteurs. Après une très belle naturelle où Escribano s’était senti « a gusto », le toro, inopinément, l’attrapa. Sans l’encorner. Des instants dramatiques, surtout quand il se retrouva à terre et le toro le cherchait. Un miracle qu’il en soit sorti sans la moindre égratignure. La faena fut vécue dès lors avec beaucoup d’émotion et Manuel instrumenta des passes de belle facture et surtout il remata sa prestation d’une très bonne estocade. De manière incompréhensible, le président ne lui accorda pas l’oreille alors que la pétition était largement majoritaire. Un manque de sensibilité de sa part et probablement d’aficion.
Le dernier Adolfo, excessivement haut et pesant plus de six cents kilos, montra parfois, lui aussi, une certaine noblesse. Garrido le toréa avec toreria à la cape, lui endossant de superbes véroniques. Faena inégale à la muleta, surtout du fait que le toro n’humiliait pas vraiment, où le matador parvint à enchaîner des passes des deux côtés. Prestation de torero mûr, technique et sûr de lui, mais mal conclue à l’épée avec un bajonazo très laid. Antonio Arévalo
MADRID – 2/06/2024- 21° acte taurin de la San Isidro 2024.
25°, pas de vent. 2/3 d’arène.
Toros de PEDRAZA DE YELTES et TORRESTRELLA (6°) 545,540,531,560,580,573 Kg, tous de 4 ans et demi sauf le 6° de 5 ans et demi.
Le 2° juste de force et souffrant d’une vuelta de campana à la cape de réception remplacé par un sobrero de la ganaderia de CHAMACO (provenance Jp Domecq et Jantilla) de 590 kg, 5 ans et demi.
Pour :
JUAN LEAL, rose bonbon et or, silence et silence.
FRANCISCO JOSE ESPADA, blanc et or, silence et blessure.
ISAAC FONSECA, vert olive et or, une oreille et blessure.
Salut des banderilleros JUAN CARLOS REY et JESUS ROBLEDO au 3° toro et de MARCO LEAL au 4°
A l’heure où nous écrivons ces lignes nous ne connaissons pas la gravité des blessures subies par Francisco José Espada au 5° toro, de Pedraza de Yeltes, et Isaac Fonseca au 6°, de Torrestrella, tous deux pris par leur toro respectif mais de façon différente.
Espada renversé par une patte du toro à l’issue d’une passe, pris au sol et envoyé deux fois en l’air dans le berceau des cornes de façon très effrayante, tombant inanimé au sol, mais apparemment sans coup de corne reçue. Il a été transféré dans une clinique pour une évaluation des traumatismes.
Au toro suivant, un Torrestralla doté d’un berceau de corne phénoménal, agé de cinq ans et demi, Fonseca, qui a coupé très justement une oreille à son premier toro, veut forcer le destin en coupant une seconde oreille, lui assurant ainsi une sortie des arènes par la grande porte.
Mais ce toro est (trop ?) âgé et est doté d’une corne droite assassine. A la sortie d’une passe de poitrine suivant une série de naturelles le taureau lui met cette corne dans le dos et le corps du torero monte en l’air d’une façon effrayante nous rappelant la tragédie du YIYO.
Heureusement, à notre vue, la corne est plutôt rentrée en bas du dos et n’a donc pas pénétrer la région du cœur. Après avoir été évacué très souffrant à l’infirmerie, c’est à nouveau à Juan Leal d’occire ce sixième toro, son quatrième toro donc à estoquer en son après-midi de chef de lidia dont il va se rappeler toute sa vie.
A noter que Juan Léal lui aussi avait été renversé par une patte de son premier toro mais s’était heureusement relevé sans dégât malgré la charge du toro voulant le prendre au sol.
Importance des cuadrillas venant au quite pour chacun des toreros, quite tardif car les deux blessés étaient en train de toréer au centre du ruedo de Las Ventas, très éloigné des burladeros, alors que Juan Léal était près de la barrière, permettant ainsi aux peones d’intervenir très rapidement pour mettre leur cape sous le muffle du toro.
Voilà, c’est comme cela que cette corrida débutée ennuyeuse la faute aux toros est devenue tragique la faute également aux toros.
Comment se fait-il que les Pedraza de Yeltes que nous avions vu si brillants à Azpeitia puis à Dax dans les années 2010 soient devenus à Madrid en 2024 fades, sans force, sans race, protestés, tous sauf le 3°, le plus léger, ne permettant pas aux toreros de toréer avec succès, et n’offrant aucun tercio de pique sérieux, ce qui était leur point fort en terre française.
Que dire de plus ?
Que Juan Leal a été mal servi, c’est sûr, ainsi que Espada par le toro de remplacement, de la ganaderia de Chamaco, aussi mauvais si ce n’est plus que les Pedraza.
Qu’Isaac Fonseca a été très bon au troisième toro de l’après-midi, le seul vraiment acceptable, toréant de façon classique, ce qui est nouveau chez lui, par des séries authentiques de la droite et de la gauche précédant une grande estocade libérant une oreille réclamée ardemment par le public.
Que la sortie des trois cuadrillas groupées autour de Juan Léal, le seul matador rescapé, a été très émouvante.
EXIR
PS nous apprenons à l’instant que Fonseca souffre d’une cornada de 20cm dans le thorax et qu’Espada souffre d’un traumatisme crânien. Souhaitons-leur le meilleur et un prompt rétablissement.