La pluie et le vent menaçaient et ont certainement conduit une partie des spectateurs attendus à rester à l’abri. C’était sans compter sur la capacité des toreros, et les novilleros présents ce samedi 29 juin aux arènes d’Arles sont de la graine de toreros, à affronter vent et pluie… et même à les arrêter ! En effet, à part une ou deux courtes ondées, vent et pluie ont préféré passer leur chemin.
Pour qu’une novillada (ou une corrida) soit belle il faut d’abord de bons toros. Le joli lot, harmonieux, bien présenté, alliant noblesse et bravoure, avec des caractéristiques diverses d’Alain et Frédérique TARDIEU a constitué un magnifique matériau pour de jeunes apprentis toreros ayant soif de faire valoir leurs qualités. Enhorabuena ganadero … et merci pour eux !
Pour leur faire face, l’école taurine et son directeur, Mehdi SAVALLI, ont composé un cartel avec 4 jeunes novilleros prometteurs et de styles contrastés. Les présents ont ainsi pu goûter à une novillada toujours intéressante, riche et pleine d’enseignements pour chacun des participants.
Ouvrant le bal, Marco POLOPE (ET Valencia) a pu faire goûter l’élégance de sa tauromachie. Et s’il lui a fallu un peu de temps pour s’ajuster à un novillo très mobile et plein de fougue, l’épée foudroyante donnée à « l’encuentro » méritait à elle seule la première oreille accordée par la présidence.
VICTOR (ET Pays d’Arles) était particulièrement attendu après son triomphe au Trophée Sébastien Castella de Bellegarde et sa qualification pour le cycle de novilladas sans picador organisées par les arènes de Séville (ce sera le 18 juillet, seul représentant d’une école taurine française). Il n’a pas déçu. Une tauromachie affirmée, verticale et templée, le sens du rythme en accord avec son novillo (sans doute le meilleur du lot), il a livré une faena construite et émouvante à la fois. Et si une première épée trop en avant l’a obligé à retenter sa chance et lui a fait perdre une deuxième oreille largement méritée, le saintois a maintenu vivaces les espoirs que sa saison font naître pour son avenir taurin.
VALENTIN (CFT Nîmes) aime à illustrer l’expression « estar en novillero »: fougue, engagement, diversité des passes et démonstration de courage. Il porte sur le public. Mais il lui arrive de confondre vitesse et précipitation: sa mise à mort d’une « épée de gendarme » (autrement dit peu conforme aux règles de la tauromachie) vint ternir une prestation enjouée mais un peu brouillonne et limiter sa récompense à un tour de piste.
Cristian RESTREPO avait laissé une belle impression lors de sa présentation à Arles pendant la Feria du Riz. Malheureux au sorteo il avait montré sa toreria malgré le manque d’options. L’école s’était engagé à lui redonner une nouvelle chance. Engagement tenu par l’école et pleinement justifié par le jeune colombien qui face à un adversaire plus faible que ses congénères a su distiller quelques passages pleins de « planta torera » et tuer d’une épée efficace pour couper la dernière oreille de cette très bonne novillada.
Hier à Burgos Curro Díaz a subi un vilain coup de corne Burgos face au quatrième toro de l’après-midi. Le torero de Linares, après une faena intéressante, a été attrapé de manière spectaculaire et dramatique au moment d’aller tuer, tombant d’un coup sec au sol, ce qui a également provoqué un une entaille à la tête. Il a subi une blessure par corne la cuisse droite, au tiers moyen de la face antérieure, avec une trajectoire superficielle ascendante, affectant les fibres du muscle quadriceps, et une autre trajectoire vers l’intérieur, bordant le fémur. Il n’y a pas de saignement abondant. De même, il présentait une luxation du coude gauche, qui était réduit et immobilisé. Pronostic : grave. Transféré à l’hôpital.
D’autre part la corrida a donné le résultat suivant:
La deuxième corrida consécutive à Mostoles pour le finale à deux après la finale à trois a rassemblé un public nombreux dans lequel apparaissaient de nombreux professionnels. Trois élevages ont été présentés Baltazar Iban, Pedraza de Yeltes et Victoriano del Rio tous bien présentés certains un peu faible mais donnant du jeu. Pour les deux finalistes
Molina silence oreille et salut
Victor Fernandez oreille, vuelta al ruedo et oreille.
Molina n’a pas été gâté par le sort touchant le lot le plus difficile mais sa faillite aux aciers est certainement responsable de son échec ce soir.
Son premier adversaire de Baltazar Iban, sérieux de présentation, répond bien au capote par véronique que lui offre Molina en gagnant du terrain. A la muleta les premières séries à droite sont liées et templées mais le passage à gauche s’avère compliqué avec des passes d’une en une le toro protestant. Le retour à droite n’arrange rien le toro raccourcit la charge et il faut en finir. La mise à mort et laborieuse.
En second lieu Molina hérite d’un Victoriano del Rio charpenté et bien armé. Molina le reçoit à puerta gayola par une bonne larga suivie d’une série de véroniques profondes. Malheureusement à la sortie de la deuxième passe de muleta le toro plante ses cornes dans le sol et fait une terrible vuelta de campana. Il mettra un long moment à se remettre ce qui amène Molina à allonger démesurément une faena pauvre avant de pouvoir sorti quelques passes intéressantes un avis sonne avant qu’il prenne l’épée. L’entière est tombée mais efficace et permet de couper une oreille.
Son Pedraza de Yeltes est très haut et bien armé mais très vite il laisse paraître une faiblesse certaine. Il s’en suit une faena convenue à mi hauteur entre les chutes de l’animal ici encore la mise à mort est plus que laborieuse.
A contrario Victor Hernandez aura touché e meilleur du lot. Son premier le Pedraza est armé commode, la réception de capote est compliquée. Le début de faena se fait au centre par des inversée dans le dos et des statuaires. La série suivante à droite est bien liée et templée par la suite le toro proteste et relève la tête. A gauche les choses sont plus claires et les séries enchaînement avec goût et une certaine profondeur. Le final sera par luquesinas. L’épée est tendue mais efficace.
Son second est un cinqueno de Baltazar Iban très armé mais plutôt petit modèle. C’est un violent qui arrache facilement le capote. La pique particulièrement dure réduit cette fureur et le toro s’avère très toréable surtout sur le bord gauche ou les naturelles longues et profondes s’enchaînent avec bonheur. L’entière tendue nécessite l’usage du verduguillo en deux essais privant Fernandez des oreilles mais pas d’une vuelta chaleureuse.
L’ultime Victoriano del Rio fait l’avion dés la première passe de capote. L’entame de faena a genoux au centre est intense. Le toro entre au galop dans la muleta de Fernandez et ne se lasse pas de charger sur les deux bords dépassant parfois un peu le torero mais la faena reste intense. Malgré une entière tombée et un coup de descabello Fernandez coupe sa deuxième oreille qui lui ouvre la grande porte et la victoire dans la Copa Chenel 2024.
Mimizan. Samedi. Corrida de toros. Deux tiers d’entrée. Temps gris.
Toros de Zacarías Moreno. 5em changé pour le même fer.
RAFAELILLO, oreille et oreille.
DANIEL LUQUE, silence et oreille après avis.
EL RAFI, palmas après avis et oreille.
A 17 heures la marée changea, les nuages disparurent et même si ce n’était pas la canicule, ce n’était plus la pluie. Un peu de sable et la piste était en état. C’est sûr la succession d’orages qui s’était abbatue avait freiné les ardeurs mais l’ambiance était à l’espérance sur les bords de l’embouchure du courant et nous partîmes le cœur léger aux arènes : on avait évité le pire, la corrida aurait bien lieu.
De présentation idoine à la catégorie des arènes de Mimizan, sans excès mais corrects, les toros de Zacarias Moreno eurent un comportement varié manquant parfois de race, mais nobles aussi comme le premier et le sixième ; le quatrième étant le plus complet parce que transmettant plus que ses frères. Le cinquième qui avait fait impression se cassa la corne à sa sortie et fut changé fort à propos ; son successeur déçut.
On est content pour Rafaelillo, héros du jours souvent à la peine et rarement opposé à un lot aussi amène. Il est vrai que le Murciano toucha la bonne paire. Il s’attacha à montrer qu’il n’est pas uniquement l’homme des coupes-gorges mais qu’il peut réussir dans des circonstances plus agréables. Deux toros qu’il conduisit avec aisance à la muleta dans des faenas plaisantes, en s’engageant. Peu de fantaisie, pas de démagogie mais des moments élégants comme lors du début de sa seconde faena genoux plié dans de beaux et longs derechazos. Une entière tombée et une entière portée au centre de la piste lui valurent un gros succès et le droit au triomphe.
Daniel Luque n’eut pas la chance de son ami (qui lui brinda un toro) ; il tomba sur un lot de peu de race qui dura peu et ne se livra que parcimonieusement. Le torero de Gerena ne pouvait sortir les mains vides et il fit un réel effort à son second passage, il obtint donc quelques séries courtes menées de la main droite conclues par une mise à mort rapide. Cela lui valut une récompense et l’estime public qui avait pris la mesure de ses efforts. Daniel pour sa part semblait assez insatisfait de son passage.
Rafi aura laissé sur le sable de la « Perle de la côte d’argent » de bonnes impressions. Il mania la cape avec temple et élégance face à ses deux adversaires. Cela semble son point fort. A la muleta dans les deux cas il fit preuve de rigueur optant pour un toreo classique, agréable à regarder mais un tantinet froid; les manières du jeune homme ayant du mal à passer sur les gradins. Plus enjoué à son second passage il débuta à genoux puis construisit son travail avec ces bonnes manières qui lui sont propres. On sent chez le nîmois une volonté de faire le « beau » toreo il manque cependant à ces intentions louables, un poil d’âme, de fantaisie, ce clin d’œil nécessaire à la connivence. Il tua mal le premier et en deux temps le second ce qui ne l’empêcha pas d’empocher un pavillon mérité.
La soirée se termina par une sortie en triomphe de Rafaelillo tout sourire d’être à la fête et nous étions heureux pour lui.