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« Une vie dédiée à la tauromachie : entretien avec Julien Breton Merenciano un banderillero passionné » suite et fin

Cette seconde partie est accès sur son travail de banderillero, son rôle et sa vision de la tauromachie.

lien vers la première partie de l’interview : https://www.corridasi.com/2025/01/30/une-vie-dediee-a-la-tauromachie-entretien-avec-julien-breton-merenciano-un-banderillero-passionne-1er-partie/?fbclid=IwY2xjawIIh-RleHRuA2FlbQIxMQABHQoP_6oi9VjDzEEgOHm3ohLErcqysb0wrlDvqefQF3eIEogjOkiAu8gb3Q_aem_BBrm59DZWXP8rUSnXb4egg

-Nicolas : Pourrions-nous discuter du rôle que tu occupes dans la cuadrilla ?

Julien Breton Merenciano : Je suis banderillero et lidiador, c’est-à-dire que je suis chargé de la lidia des toros. Sur un toro, je le lidie à la cape. Il s’agit de placer pour le torero, la pose banderille pour ceux qui vont mettre les banderilles, le sortir du cheval, évidemment et faire des quites au cas où le matador ou un autre compagnon se fasse attraper.

-Nicolas : Peux-tu nous parler de ton quotidien en tant que banderillero, en dehors de tes prestations publiques ?

Julien Breton Merenciano : En dehors de la piste, c’est souvent d’accompagner les toreros au campo, lors des tentaderos avec des vaches ou lorsqu’ils tuent un toro en privé. C’est aussi s’entraîner avec eux ainsi que nous même.

Je suis entré, depuis octobre 2024, à l’école Taurine de Béziers avec Thomas Cerqueira que je seconde dans les entraînements. J’adore transmettre ce que je sais de la tauromachie avec les plus jeunes et partager leur passion. Très peu deviendront matador et figuration, mais tous seront assurément de bons aficionados qui connaîtront la difficulté de cette profession et en seront respectueux.

-Nicolas : Quelle est la relation entre le poste de banderillero et le maestro ?

Julien Breton Merenciano : Elle est très importante puisqu’il faut que le torero soit vraiment confiant de sa cuadrilla. Qu’il sache qu’en cas de difficultés les banderillos iront au toro pour lui et de le suppléer éventuellement. C’est une relation de confiance qui est très forte. Notre devoir est de comprendre les besoins du matador le plus rapidement possible. La relation qui se développe lors des entrainements permet, sans avoir presque à se parler, à déterminer les attentes du matador lors des corridas.

-Nicolas : Comment interprètes-tu les réactions du public lors d’un événement taurin ?

– Julien Breton Merenciano : Elles sont peut-être plus importantes pour le matador que pour nous car nous sommes aux ordres du matador. Si on se fait siffler cela n’influe pas de notre travail en piste. Nous sommes là pour aider le torero à triompher et à tuer le toro. Il faut que l’on fasse un « petit peu » abstraction des réactions du public. Il est évident que lorsque les réactions sont positives, c’est-à-dire qu’on se fasse applaudir pour une bonne pose de paire de banderille, d’un quite ou d’une passe de cape, bien exécutée, évidemment cela fait toujours plaisir. Ce qui doit nous guider, nous, c’est vraiment le triomphe du matador. C’est notre priorité avec le fait qu’il puisse rentrer à la fin de la corrida en bonne santé.

-Nicolas : Peux-tu nous expliquer une technique ou un comportement d’un banderillero que le public ne remarque pas forcément ?

– Julien Breton Merenciano : En piste, cela va être tous les conseils que l’on peut donner depuis la contre piste pendant la lidia. Toute cette partie de conseil le public ne le remarque pas forcément. Il peut le percevoir sans vraiment l’entendre ce qu’on dit. Nous sommes à l’appui du matador pour l’aider dans la lidia et que tout se passe bien. C’est ça passe au possible.

-Nicolas : Pour finir cet entretien une question plus généraliste Quelle est ta vision de l’avenir de notre culture taurine ?

– Julien Breton Merenciano : Sachant que tout au long de notre histoire, la présence d’anti-corridas à susciter des débats politiques autour de notre culture. Elle est mitigée d’un côté en étant très optimiste avec les jeunes qui se passionnent pour la tauromachie. On peut l’envisager sur le long terme en voyant l’affluence comme aficionado ou apprenti dans les écoles taurine.

Il m’arrive de penser que certaines décisions pour le monde taurin prisent par les professionnels ne sont pas forcément les meilleures. Pour que la corrida perdure il faut des llenos dans les arènes, une diffusion maximale dans les médias. Lorsque que l’on voit se qui se passe avec la télévision par exemple on peut penser que cela peut être difficile. Je suis optimiste quand à l’avenir de la tauromachie et qu’elle va durer encore très longtemps tant qu’il y aura des gens passionnés comme actuellement. Personne ne peut venir à bout de cette passion.

La corrida reste une économie importante en Espagne, dans le sud de la France voir même en Amérique Latine. Elle génère énormément d’argent autour des élevages, des organisateurs, des professionnels taurins. Elle participe à l’économie locale autours de la restauration, de l’hôtellerie et des feriais. Cela serait beaucoup moins sans la tauromachie. De ce côté-là elle a encore un avenir serein. Il faut veiller à ce que les choses soient bien faites dans l’intérêt du public« .

Je souhaite remercier Julien pour le temps qu’il m’a accordé en répondant à mes interrogations, avec l’espoir d’avoir présenté une vision plus valorisante des individus qui évoluent dans l’ombre du maestro.

Texte et photos Nicolas Couffignal

« Une vie dédiée à la tauromachie : entretien avec Julien Breton Merenciano un banderillero passionné » 1ère partie

Julien Breton Merenciano a transformé sa passion en profession. Nous le voyons souvent dans les arènes en France et en Espagne, mais nous allons maintenant découvrir son travail et mieux le connaître en deux publications

« -Nicolas :  Bonjour Julien, Qu’est-ce qui t’a attiré vers la tauromachie et comment as-tu commencé dans cet univers ?

Julien Breton Merenciano :Mon père était aficionado, nous habitions Lyon. Quand j’étais petit, il regardait les corridas qui passait à l’époque sur Canal plus. Chaque année, nous partions en vacances à Béziers, Barcelone et nous allions aux arènes. Petits, j’étais vraiment passionné de tauromachie à jouer à la corrida dans ma chambre. J’ai vraiment aimé ce monde-là. Et à vouloir le découvrir d’abord comme aficionado.

Ensuite, en grandissant, j’ai eu l’opportunité d’être inscrit dans un club taurin à Lyon qui faisait des sorties dans des ferias et nous allions voir des corridas. Lors d’une fiesta campera que l’on a faite à l’époque chez un manadier, il m’avait réservé une vache Camargue. J’ai pu torer pour la première fois sans jamais avoir pris de cours.

Par la suite, j’ai contacté Patrick Varin, lyonnais, comme moi. Je lui disais que j’étais aficionado et que je voulais évoluer dans ce monde-là. Il m’a invité à un tentadero chez Occitanica propriété de Pierre-Marie Manadier et de Simon Casas. Je suis parti de Lyon en prenant le train pour assister ce tentadero pour Patrick Varin et Juan Bautista. J’ai pu sortir de second. Par la suite, il m’a emmené à l’école taurine d’Arles pour m’entraîner. J’avais 16 ans lorsque je me suis inscrit dans cette école.

-Nicolas : As-tu déjà rêvé de porter l’habit de lumière ?

Julien Breton Merenciano : J’ai toujours rêvé de porter l’habit de lumière dès mon plus jeune âge. Lors des mardis-gras je m’habillais en torero.

-Nicolas : On entend souvent les termes ‘banderillero’ et ‘peón’. Lequel de ces termes préfères-tu utiliser et pourquoi ?

Julien Breton Merenciano : En effet il existe plusieurs termes pour désigner les banderillos, peón et subalterne. Celui que je préfère, c’est « toreros de plates », c’est-à-dire torero d’argent. Il me paraît le plus noble pour un métier qui « est » et doit rester dans l’ombre.

Texte et photos Nicolas Couffignal

La suite de l’entretien demain

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