Plaza de toros de Las Ventas (Madrid). Deuxième de la feria de San Isidro. Lleno de no hay entradas. Vent violent qui aura gêné les toreros.

Toros de Garcigrande et Domingo Hernándezle cinquième Valentón’, nº 13, negro listón, 03/18, 523 kilos, de la ganadería de Domingo Hernández, combattu par Emilio de Justo a été récompensé par la vuelta al ruedo. 

MORANTE DE LA PUEBLA, division après avis et pitos.

EMILIO DE JUSTOpalmas après avis et deux oreilles. 

TOMÁS RUFO, oreille et silence. 

Emilio de Justo a été obligé à saluer après le paseo. Le torero cacereño est sorti en triomphe au son de « Puerta Grande ».

Il y a une justice quoiqu’on en dise et le mérite finit par être récompensé c’est l’admirable leçon du toreo qui invite à ne jamais renoncer ni perdre courage. La tauromachie, c’est le théâtre de l’abnégation et du courage, vertus qu’il faut louer et qu’illustre bien cette triomphale sortie d’Emilio de Justo –le bien nommé- qui a connu tant de vicissitudes avant de se hisser dans les rangs les plus estimés et qui après avoir perdu dans le sang le bénéfice  de ses efforts et revenu couper les lauriers du triomphe sur cette même piste où il avait été victime d’une blessure que d’aucuns croyaient définitive. Il est tombé, il s’est relevé, il est revenu avec la même conviction et le public de Madrid a fait de ce retour un moment de gloire…

Les Garcigrande ont contribué au succès de cette tarde. Un lot dépareillé pourtant, juste dans sa présentation : les premiers et troisièmes protestés avec raison. Il a donné un jeu varié mais très mal réparti puisque les premiers et quatrièmes se sont avérés mansos avec du sentido (pour Morante), les seconds et sixièmes nobles, encastés avec de la transmission et de l’émotion dans la charge (pour De Justo) et les troisièmes et sixièmes maniables sans relief véritable (pour Rufo). Au cheval, aucun n’a réellement brillé.

Morante de la Puebla a été accueilli avec froideur mais sans l’hostilité montré la veille à l’encontre de Roca Rey. Le cigarrero eut un lot épouvantable auquel il administra deux faenas de aliño  car il n’y avait pas d’autres alternatives. Il le fit avec plus ou moins de bonheur et tua comme un sagouin ce qui déplut, à juste titre. Il y eut des sifflets mais pas de broncas comme on en vit dans le passé.

Beaucoup de décision de la part d’Emilio de Justo « le miraculé de Madrid ». Poussé par le public il montra la qualité essentielle du toreo contemporain : l’entrega. Le second Garcigrande demandait beaucoup: il fallait de l’aguante pour supporter ces charges franches mais violentes. L’extremeño semblait souffrir, faire un effort démesuré pour rester immobile devant ces assauts féroces. Cela sans doute, les tendidos le virent car la faena rompit, on allait vers un premier succès s’il n’y avait eu d’ultimes lacunes à l’épée. Au cinquième, plus tempéré dans ses charges, Emilio, revenu avec la même foi, put mieux imposer son toreo : clacissisme, sobriété, austérité même, ces valeurs qui plaisent à Madrid. Il se hissa ainsi à la hauteur de « Valenton » bon toro de Garcigrande pour conduire ses charges avec sincérité et sans détails superflus : une faena de Madrid. Une entière desprendida et deux oreilles.

Tomas Rufo plut à son premier passage face à un castaño qui faisait tâche par son manque de sérieux. Tomas entama la faena à genoux et mit dans sa muleta la vibration que le toro n’avait pas. Ce fut une faenas d’altos y bajos avec des passages agréables à gauche. Une entière et une mort rapide emportant l’adhésion du respectable que l’on a vu plus sagace en d’autres occasions. Décentré, sur le voyage à son second passage il ira de mas à menos terminant dans la confusion.

Pierre Vidal