Bayonne. Dimanche 3 septembre, en matinée, température fraîche, vent désagréable, toute petite entrée, une heure quarante cinq de spectacle. Deux novillos d’Alma Serena, bien présentés et mobiles, deux novillos du Camino de Santiago, lourds et agressifs, deux novillos de La Espera, encastés jusqu’à la pointe des sabots, mobiles et agressifs.

Andoni Verdejo (bleu marine et or), au premier, une entière, une oreille ; au cinquième, un pinchazo, une entière, trois avis, toro puntillé en piste.

Fran Fernando (bleu roi et or), un pinchazo, une demi-lame, quatre descabellos, deux avis, vuelta.

Pedro Luis (blanc et or), au troisième, une entière, vuelta ; au sixième une entière, une oreille, vuelta au toro.

Diego Mateos (rose et or), au quatrième, deux pinchazos, une entière, avis, salut.

Andoni Verdejo
Fran Fernando
Pedro Luis
Diego Mateos

A l’issue de la finale des novilladas sans picadors, Pedro Luis, Péruvien de l’école taurine de Tolède, croulait sous les récompenses. Du trophée du meilleur toreo de cape, à la meilleure estocade jusqu’au trophée de la ville de Bayonne, le garçon a tout raflé. On peut écrire que cette finale s’est déroulée en deux temps, des éliminatoires avec les novillos de Alma Serena et du Camino de Santiago et la finale avec la Espera. Les novillos de Jean-François Magesté ont soudainement transformé le concours avec deux exemplaire, très mobiles, agressifs, débordant de caste qui ont rappelé aux novilleros que la tauromachie est surtout un exercice de courage, parfois une danse mais aussi un combat.

Andoni Verdejo avait ouvert la matinée et à l’issue pouvait méditer le vieil adage latin : « le Capitole est proche de la roche tarpéienne… » coupant une oreille lors de sa première sortie, il entendait les trois avis avec le La Espera de la finale. Pourtant l’élève de Richard Milian, avec le novillo de Alma Serena (famille Bats) avait été parfait à la cape, maîtrisant totalement une faena très douce et harmonieuse. Sélectionné pour la phase finale, il allait être complètement dépassé et souvent mis en déroute par le novillo très compliqué de La Espera. Un très mauvais souvenir, mais l’occasion de s’accrocher et de repartir.

Fran Fernando, lui aussi face à un Alma Serena, après avoir brindé au public commençait dans un bon registre avec un toreo naturel et des moments de lutte avec une muleta très basse. Mais en fin de faena il « perdait les papiers » et devenait très brouillon.

Pedro Luis se présentait alors devant un Camino de Santiago (Jean-Louis Darré) applaudi à son entrée en piste. On découvrit un garçon très stylé dans ses passes de châtiment, reculant parfois, mais toujours très présent. Après avoir été qualifié pour la finale il poussera ces qualités au maximum. Il multipliera alors les passes changées dans le dos, changera de main au cours de chacune de ses séries et démontrera chaque fois une grande maîtrise.

Diego Mateos qui complétait le groupe de départ resta dans un répertoire très classique. Mais il sera trop souvent parallèle et loin du novillo. Il était nettement en dessous de ses compagnons de cartel.

Une novillada qui a confirmé l’élevage landais de Jean-François Magesté avec la vuelta accordée au dernier novillo de Pedro Luis. Le dernier né des ganadero du Sud-Ouest est en train de brûler les étapes. Cette belle réussite a Bayonne pèsera lourd pour la suite.

Texte Jean-Michel Dussol. Photographies Philippe Gir Mir.