C’est à Sanlucar de Barrameda que Solal Calmet « Solalito », 22 ans, prépare en ce moment le grand jour de l’alternative qui se déroulera dimanche à Nîmes avec des toros de Garcigrande et un parrain prestigieux : El Juli. Sanlucar, la cité d’où Magellan prit son départ pour le Tour du Monde a toujours accueilli avec sympathie les jeunes promesses du toreo. Après de longs footings le long du Guadalquivir, ils se retrouvent le matin sur le sable du Coso del Pino pour de longues séances de toreo de salon. On y trouve des noms célèbres comme Emilio de Justo ou Pablo Aguado mais aussi des aspirants à la gloire encore anonymes. Ici tout le monde bosse pour réussir : on refait cent fois les mêmes gestes avec humilité et abnégation. C’est à cette discipline austère que se plie Solalito à l’approche du grand jour. Il le fait avec simplicité et modestie, dans une apparente sérénité avec lucidité aussi…

Photo Michel Armengol

-Depuis toujours je rêve d’un jour comme celui de dimanche donc je m’entraine depuis le premier jour où ont débuté ces rêves. Concrètement c’est beaucoup de toreo de salon, beaucoup d’entrainement physique aussi. Je traine une blessure au dos donc je dois faire avec. Mon objectif est de m’entrainer tout en récupérant pour être prêt.

-Tu as beaucoup toréé de novilladas cette temporada avant cette échéance cruciale de dimanche, est-ce un avantage ?

-Oui, j’ai beaucoup toréé et c’est une bonne chose. Ça me permet d’arriver en fin de saison sur une lancée. J’ai eu la chance de combattre des novilladas pas toujours petites, loin de là. C’est une super préparation aussi. Je n’ai jamais pris aucune course comme préparant la suivante. A chaque fois cela a été une finale. J’ai eu une novillada très difficile physiquement c’est celle de Saint Perdon. J’ai eu une douleur énorme toute l’après-midi, surtout à partir de mon second novillo. J’ai pu atténuer cette douleur par la suite avec des médicaments et maintenant ça va nettement mieux. Ils m’ont fait très peur lors des examens mais au final il n’y avait rien d’inquiétant.

-Comment vois-tu ton alternative ? Est-ce un moment auquel tu penses depuis longtemps ?

-L’alternative c’est le jour dont chaque torero se souvient parfaitement de tous les détails : de la date, du lieu, du cartel, des toros, même du nom des toros, de leurs numéros. Ca n’est pas pour rien : c’est le grand jour ; le premier jour dans la réalité…

-Quand tu as débuté dans le toreo pensais-tu pouvoir atteindre cet objectif de l’alternative?

-Prendre l’alternative ça n’a jamais été pour moi un objectif inatteignable. La prendre dans des conditions aussi bonnes je n’y pensais surement pas. J’ai rêvé de ce jour et donc j’ai atteint mon rêve. Mais je pense que si on m’avait demandé le cartel de mes rêves je n’aurais jamais pensé à une affiche aussi belle.

-Es-tu angoissé ? Stressé ? Dors-tu bien ?

-Je dormais bien jusqu’à maintenant… Mais j’ai de l’anxiété, beaucoup de trac. Je me mets beaucoup de pression car j’ai envie que ça soit un jour réussi. Pour que ça soit réussi, il faut que je donne tout et cela engendre énormément d’appréhension avant la course.

-Sais-tu à qui tu vas brinder ton toro d’alternative ?

-Oui je le sais. J’ai déjà mon idée.

A une dame ?

-Peut-être… Peut-être…

Itw Pierre Vidal

PS. Le prénom Solal est d’origine hébraïque. Ce prénom signifie « celui qui fraie un chemin ». Solal est le nom du héros du roman d’Albert Cohen “Belle du Seigneur”; un « chef-d’œuvre absolu » selon Joseph Kessel.