Interview à travers trois chefs d’orchestre

La musique est un élément de la tauromachie. Elle se joue en dehors des arènes mais aussi dans les ruedos. Bizet en a même fait un opéra dont l’air principal se joue lors des paseos. Elle peut être à la fois demandée mais aussi contestée lors des faenas. J’ai voulu connaitre l’avis de chefs d’orchestre qui font le bonheur de nos oreilles. Ces trois formations sont reconnues dans les arènes du sud-ouest. Il s’agit de la Pena Al violin, des Armagnacs d’Eauze et nous finirons par l’harmonie de la Néhé de Dax.

Premier tiers oblige, nous commençons par la Pena Al Violin de Samadet que Danielle dirige d’une main de maestro.

“Pouvez-vous Mme DANIELLE DUPOUY SISTERON présenter AL VIOLIN ?

D.D.S La formation musicale AL VIOLIN est née en août 2004 officiellement concrétisée en 2005. L’idée a germé pendant quelques années avant de franchir le pas. Faut dire que dans mon enfance, je suivais mon père trompettiste à l’harmonie de Garlin alors jumelée avec la ville de AYERBE… terre Espagnole et de corridas… cela va sans dire que c’était presque hier .
  Je me suis donc lancée le pari de former un orchestre pour animer les novilladas/corridas et soutenue par plusieurs copains musiciens, j’ai constitué le groupe en 2 temps 3 mouvements, sans aucune aide matérielle de quiconque, nous répétons toujours dans notre garage (bourret -châtaignes les soirs d’hiver, répétitions dans la nature l’été) Et hop… vive l’aventure !!!
Le groupe est solide avec la même vitalité qu’au départ – un groupe que j’affectionne particulièrement pour sa musicalité, simplicité, fidélité.

On va entrer dans le vif du sujet, quelle est la meilleure musique pour un paseo ?
D.D.S Pour moi PAN Y TOROS . Dès la première mesure, on crée une ambiance d’arène ; j’adore ce public qui tape dans les mains pendant le paseo, on ne peut qu’espérer par la suite un bon spectacle. A noter que certaines places ont leur propre paseo c’est bien. J’ai cependant l’impression que le public réagit moins, c’est dommage.

Nous allons changer de tiers, quelle est la difficulté de jouer un morceau de musique lors d’une
corrida ?

D.D.S Il n’y a pas de difficulté proprement dite à jouer. Il suffit de proposer le bon pasodoble que j’adapte au tempérament du torero et au rythme de la faena …. C’est ce que j’essaie de faire depuis maintenant 21 ans et j’y arrive plutôt pas mal (humour).

La musique est source d’émotion, mais lors d’une faena n’amplifie-t-elle pas exagérément celle ci ?
D.D.S Non je ne pense pas. A mon sens, la musique doit sublimer la faena, je la ressens comme une
communion entre le matador et nous. Vous noterez que le torero change immédiatement de comportement dès que la musique est lancée, prend de l’assurance, joue (si le toro s’y prête) avec le
public. C’est magnifique.

Une faena dure dix minutes, quel est pour vous le bon moment pour lancer la musique ?
D.D.S Dès la 2 ème série qu’elle soit de droite ou de gauche. J’ai l’habitude depuis 45 ans de côtoyer les plazas espagnoles avec des Présidences souples et festives (sans toutefois aller dans l’exagération). Mieux vaut éviter de se comparer à Bilbao… quoique… Si on a la chance de tomber sur une Présidence mélomane, tout va bien. Pour tous, que ce soient les organisateurs, le public, la jeunesse qui découvre, il faut que la corrida se lance à un moment donné. Cette ambiance là il faut savoir la créer.”

Pour finir quel est votre paso préféré ?
D.D.S Mon pasodoble préféré est EL CID qui nous a fait connaître en 2005 grâce à mon grand ami DANIEL qui a donné un sens, une interprétation magique émouvante à ce solo puis en duo avec mon fils Laurent. Nous continuerons de le faire vivre grâce à l’orientation musicale qu’il a donnée à AL VIOLIN.

Pour la prochaine interview, direction Eauze avec les Armagnacs et son chef d’orchestre Mathieu Larrieu.

Nicolas Couffignal