On ne saurait trop recommander à ceux qui souhaitent découvrir la corrida de commencer par le campo: c’est là où l’aspect le plus naturel du combat des toros se manifeste directement. Lorsqu’en plus, on a la chance d’accompagner un maestro comme Adriano, (Adrien Salenc), aux petits soins pour ceux qui le suivent, on ne peut qu’en sortir enchanté!

Adriano en véronique devant une vache de Casa de los Toreros. ©JYB

Adriano a quitté sa famille à 13 ans, après seulement une année à l’école taurine d’Arles, pour intégrer l’école taurine d’El Juli à Arganda del Rey dans la banlieue de Madrid: il lui a fallu tout apprendre, l’Espagnol, d’abord, mais aussi la cuisine, le ménage, la lessive, le repassage enfin tout ce qu’il faut pour vivre en colocation avec 6 étrangers à Madrid, en suivant des études au collège local et à l’école taurine.

Doblon d’Adriano, à une vache de Casa de los Toreros, le 6 mars 2024. ©JYB

C’est l’époque où il considère qu’être apprenti torero c’est de la survie: il faut dominer la solitude, expérimenter le plus tôt possible la dureté de la profession et se rendre compte qu’on sera toujours seul devant le toro!

Passe par le haut de Adriano à une vache de casa de los Toreros, le 6 mars 2024. ©JYB

Pour surmonter ce stress, la pensée des blessures voire de la mort, il intériorise ses sentiments: c’est un processus d’acceptation. Il essaie de ne pas y penser tout en étant conscient. Mais il ne croit pas avoir besoin de psychologues ou de coach pour effectuer cette mentalisation, juste quelques bons amis qui l’entourent, le critiquent ou le conseillent.

Adriano en naturelle devant une vache de Hermanos Sampedro le 8 mars 2024. ©JYB

Il garde de grands souvenirs de son séjour à Arganda del Rey: à peine un mois après son arrivée, il sortait au campo avec El Juli qui lui a toujours parlé dans les callejons lorsqu’il est devenu matador.

Adriano en passe de las flores, devant une vache de Hermanos Sampedro, le 8 mars 2024. ©JYB

Au delà de ces confidences, on a pu admirer la technique et l’entrega d’Adrien devant successivement des vaches de Casa de Los Toreros, Soto de la Fuente (tienta sous un mauvais temps apocalyptique, voir mon précédent article), et Hermanos Sampedro. Chance du torero ou choix volontaire des ganaderos, au moins 3 de ces vaches devraient être sélectionnées pour perpétuer la race. (Habituellement les éleveurs ne gardent que 6 à 10% des vaches tientées).

Adriano en desplante devant une vache de Casa de los Toreros, le 6 mars 2024. ©JYB

Son concept du toreo est simple: analyser le comportement de chaque élevage pour adapter sa technique aux toros qui sortiront en piste. C’est ainsi qu’il considère Victoriano del Rio et Garcigrande comme les élevages les plus exigeants. Miura est particulier car il demande un toreo défensif.

Adriano en circulaire inversée devant une vache de Hermanos Sampedro le 8mars 2024. ©JYB

La vraie peur d’Adrien est qu’un bon toro lui échappe: c’est la peur de la scène qui surpasse la peur de l’animal. C’est pourquoi, il considère qu’il ne faut jamais baisser les bras, toujours faire l’effort pour dominer. Pendant 15 minutes il faut être à fond et concentré à 300 %

Pecho de Adriano à une vache de Hermanos Sampedro, le 8 mars 2024. ©JYB

Adriano débutera sa temporada le dimanche des Rameaux à Villarobledo où il donnera l’alternative à Sergio Felipe devant des toros de Voltalegre. la corrida sera télévisée par CMM

A ce jour, il n’a que 5 ou 6 contrats signés (contre 15 en 2023) dont La Brède, les autres attendant d’être annoncés par les empresas.

Adriano en trincherilla, devant une vache de Hermanos Sampedro, le 8 mars 2024. ©JYB
Circulaire inversée d’Adriano, devant une vache de Hermanos Sampedro, le 8 mars 2024. ©JYB

Au final de ces 3 jours, Adriano a confirmé : torero de classe que l’on devrait voir plus souvent car il transmet ses émotions, réagit avec ce qui le fait vibrer (comme le public espagnol) et montre en permanence son bonheur de toréer, sa passion du toro et sa joie de vivre. (Toujours un grand sourire aux lèvres signe de son caractère extraverti).

Adriano, avant la tienta (il retrousse ses manches!) ganaderia Casa de los Toreros, le 6 mars 2024. ©JYB

Jean-Yves Bloin https://facealacorne.fr/au-campo-avec-adriano/