Valence.8ème festejo des Fallas . Une moitié d’arène.
3 toros de J P Domecq (1,2 et 6), 2 du Puerto de San Lorenzo (3 et4) 1 de la Ventana del Puerto (5).
Pour Cayetano Ordoñez, Fuchsia et or: salut au tiers et Silence
Juan Ortega, Blanc rosé et or, Ovation et Ovation
Borja Jimenez, Bleu roi et or, Oreille et Vuelta.
Affluence réduite à un tiers d’arène (que voulez- vous, Roca Rey ne peut pas être là tous les jours). Présidence de mr Maicas, qui a bien tenu son poste.
Les toros ont tous été dignes d’une place de première et le premier dévolu à Cayetano était un grand toro. Ils ont tous poussé plus ou moins au cheval mais la bravoure du lot n’est pas à mettre en cause. Le 5eme dont Juan Ortega avait la charge a été le plus compliqué, alternant les phases d’humiliation et les retours ou coups de tête brutaux ou sournois.
Tous bien armés , particulièrement astifino le 6ème.
Cette tarde de toros nous a proposé trois toreros de valeur mais comment le dire sans vexer l’un ou l’autre, c’est Juan Ortega qui a crevé le plafond avec une entame au capote de son premier toro à donner la foi à un athée.
Mais parlons de la soirée dans l’ordre: Cayetano a toujours envie, il a des fulgurances de toreria pure, se jouant la vie, ratant ceci, réussissant cela mais sans jamais se dégonfler. Le vent soulève sa muleta et le toro lui fonce dessus,, il fuit à toutes jambes, mais que vouliez- vous qu’il fît? Le toro était extraordinaire et ce fut lui qui régla le ballet, cela n’empêcha pas l’héritier Ordoñez de monter ses talents son courage son culot. Il se mit à genoux en début de faena et aussi pour le final. Un avis sonna, entière rapière au second essai.
Salut au tiers et énorme ovation au toro à l’arrastre. ( imaginons Puntero, de JPD et ses 517K devant Roca, non non ça ne se fait pas de dire des choses pareilles, il aurait tout raflé, oreille s queue et patte, comme jadis!).
Le plus gros de Puerto de San Lorenzo ( 571 K) est haut, brave il met les reins pour deux bonnes piques. Hélas il est violent dans sa bravoure , devient dangereux, cherche l’homme. Le public est partagé et siffle et applaudit.Cayetano va chercher l’épée, , puis le descabello qui tue au premier essai. Silence.
A mes yeux l’homme du jour , c’est Juan Ortega, nonobstant l’oreille gagnée de haute lutte par Borja Jimenez. Ortega , artiste infini sait arrêter le temps, bloquer les horloges faire voler les anges , rêver les brutes, il nous a bouleversés avec sa réception au capote à son premier, Poderoso un Juan Pedro de 541K, negro mulato, très sérieux , qui chargeait vite et qu’il sut ralentir accompagner avec une infinie douceur, quatre veronicas et rematées par une revolera d’anthologie. Borja vint au quite par chicuelinas, et on vit le million de kilomètres entre les deux .
Brindis au public, toreo lent et lié, des séries de droitières en rond sans jamais rompre, des naturelles templées et très retenues, comme mises en réserve pour continuer jusqu’au bout. Malheur , le vent empêcha le final de rester au même niveau, l’épée fut une estocade courte, efficace mais au second essai. Qu’importe , ce fut tellement beau.
Au 5ème Juan Ortega a hérité du plus difficile des adversaires, un castaño haut , très armé devant. Bonne entame de faena de muleta, le toro fait mine d’humilier mais c’est un leurre, la tête navigue à hauteur des jambes. Malgré le danger Ortega insiste et le fait avec courage. Mais il ne sortira rien de bon de ce toro de la Ventana, il faut abréger. Belle épée haut et court en sortant des cornes à l’ultime centième de seconde. Ovation.
Dans cette terna artiste cherchez l’erreur. Non que Borja Jimenez en soit une, mais son style violent , rapide et tremendiste s’associait bizarrement a ses deux compañeros de ce soir. Entrega totale, son quite par chicuelinas est un exemple de témérité, comme toute sa faena au premier, de l’audace de l’audace encore de l’audace, mais après? Eh bien, après il y a une oreille! De poids,
Et le torero d’Espartinas nous gratifiera d’une aventure risquée elle aussi avec ce Juan Pedro de 5 ans , negro entrepelado. Le toro est rapide vif et le capote de réception est autoritaire. Tito Sandoval en bon picador dose comme il faut ses deux actuacions. Borja nous offre ensuite deux belles séries droitières et à gauche , compas ouvert il ordonne au toro de passer, en se jouant la vie dans les cornes, fait des luquesinas et lâche sa muleta.
A ce moment là on sait que tout repose sur l’épée. Hélas une demie insuffisante laisse le toro aux planches dont il ne veut pas sortir ni tomber tout près. Un avis sonne, le descabello fait tomber l’animal au premier essai et c’est une belle vuelta, déception pour Borja qui ne sortira pas en triomphe, qui couronne cette soirée.
Un bon lot de Juan Pedro Domecq avec un excellent premier.
Jean François Nevière