Dernière corrida des Fallas de Valence, en demi-teinte, avec des toros très bien présentés de Montalvo ,d’un poids moyen de 535 Kg, une arène à demi pleine pour ne pas dire vide à demi. 

Il fait froid, le vent souffle et va gêner les toreros. 

Pour : El Fandi, blanc et parements noirs :oreille et oreille 

Paco Ureña, rouge et or: Ovation au tiers et très grande ovation au tiers. Emilio de Justo,marine et or: palmas et silence. 

Disons vite que Emilio de Justo a tiré le plus mauvais lot, compliqué” violent parado regards en coin, mettant en fuite les banderilleros, et même si on reconnait au maestro une entrega remarquable, notamment quand il n’a pas tremblé au sixième infect  malgre son physique avantageux( se souvenir qu’il faut se méfier des beaux !). 

Exit Emilio de Justo. 

Le triomphateur maintenant: au premier de la tarde  qui entre en galopant avec allégresse, le torero de Grenade, vêtu de blanc comme la neige que dans son jeune temps il avait l’habitude de fouler en skieur aux cuisses solides, effectués dare-dare une prestation style” vite fait bien fait” après trois paires de banderilles à ne faire pâlir personne. Une épée concluante , on a vu le public demander l’oreille, et on a vu du même coup un président obeir au règlement.  Vox populi … Normal. 

A son second , le Fandi avait peut- être décidé de faire mieux, ce qu’il fit aux banderilles avec une paire  posée poder a poder et une al violin, et l’autorisation de poser une quatrième paire. 

Son début de faena de rodillas aux planches en avançant sur les genoux vers un centre très lointain encore, le toro se chargea de signifier au Fandi qu’il devait se relever , ce qu’il fit sans attendre et là commença une suite de séries de bonne facture, un molinete  isolé, deux passages à droite et une série de naturelles interrompue par le museau du bicho.  Le toro lui, était très beau et très noble et accepta sans les contester deux redondos pas du meilleur goût. Un tiers d’épée finira par venir à bout de ce toro pein de possibilités, mort tristement aux planches. Cela a plu et le palco a donné l’oreille. 

Bon! Ceci dit on a vu un torero avec deux toros  forts, compliqués mais dont , avec beaucoup de courage et de talent, et d’AME, on a vu sortir des gestes magnifiques surtout, surtout la plus belle série de naturelles au 5eme toro dont Uréña, s’il avait tué sans faille aurait coupé une oreille de très grande valeur. 

Le brindis au premier de ses adversaires, Paco Ureña l’adressa à l’”aficion colombienne qui souffre tant en ce moment”. 

Ce  deuxième toro ne valait pas grand chose mais la difficulté on le sait stimule ce jeune homme triste qui a l’inverse du granadino ne cherche pas à tout prix à plaire, ce qui confine, on le sait bien, à la vulgarité. 

Parlons du 5ème que Paco Ureña combattit avec esprit, puissance et douceur, abnégation ,sens du risque , aguante et évidemment sévérite janséniste ce qui n’est le truc d’aucun de ses compagnons d’un soir. 

Compas a demi ouvert, la muleta trainant sur le sable, le maestro fait passer ce grand toro le bout des cornes à dix centimètres des zapatillas. 

Faena riche et digne des plus grands, et l’épée , une demie qui aurait pu tout aussi bien suffire tardera, toro refugié aux planches final pénible, sinon c’était l’explosion d’une grand pétition. Mais je veux souligner un détail important à mes yeux: le matador,   au-delà de l’échec, a souri, tellement heureux d’avoir si bien toréé avec un animal   qui au départ refusait d’aller au cheval puis  s’était mis à pousser  à fond. Mi- manso, mi- bravo, j’ai pour ma part assisté à une faena pour le souvenir. 

C’est bien pourquoi Fandi a triomphé oui, mais celui qui a toréé c’est Paco Ureña. 

Jean François Nevière