Real Maestranza de Sevilla, dimanche 7 avril, preferia. 

Corrida de Fermin Bohorquez 

Pour Lama de Gongora, vert wagon et or, Salut au tiers et Oreille 

         Ruiz Muñoz, Vert pâle et azabache Silence et silence après avis 

         Juan Pedro Garcia “Calerito”, sangre de toro et or Oreille et Oreille. 

Un tiers d’arène, beau temps, pas de vent. 

Poids moyen des toros540kg, tous noirs, quatre ans, très bien présentés, bas et armés, fades les deux premiers,intoréable le 5eme, vifs mobiles et puissants les 3eme, 4eme et 6eme. 

Bien dans le type Murube ces toros ont obligé les toreros à aguanter faute de quoi ils risquaient la correctionnelle. Ruiz Muñoz a tiré le mauvais lot , et devant le danger et l’intoréabilité supposée du 5eme il est allé chercher l’épée   après trois tentatives  de passes , désarmé à chaque fois. 

Lama de Gongora qu’on ne voit presque plus en Europe mais qui fait carrière au Mexique et au Pérou (où pourtant le lama andin ne manque pas… oh pardon),s’est donné de toute son âme et  avec le premier , tardo, sans mobilité et qui s’arrêtait à mi passe, il a su attendre  , sans toutefois pouvoir construire une faena.  Le plus grand mérite sur ce toro fut que Paco Lama de Gongora le tua  recta alors que l’animal était totalement arrêté. Palmas et Salut au tiers. 

A son second la copie qu’il rendit à ce public bienveillant fut de belle qualité, d’un engagement total puisqu’il s’en fut à Porta Gayola, puis, le toro l’ayant survolé, il se remit trois fois à genoux dans la foulée, 3 largas de rodillas devant un toro ultra rapide et remate par trois veronicas de bonne facture. Le public se lève! Belle conduite au cheval.  Le reste de la faena sera émaillé d’imperfections mais ca va vite et il faut parer au plus pressé, pour finir par templer les dernières passes  , notamment des naturelles au cours desquelles le toro ne se livre pas entièrement. Grande épée trasera (mais oublions cela, elle est efficace) et après l’ouvrage accompli comment refuser l’oreille: le garçon est un vaillant. 

L’homme du jour ce fut  Calerito ( nieto du vieux Calerito mort à 33 ans en 1960). Au troisième, il se plante au centre du ruedo, appelle le toro qui charge  a pleine vitesse depuis les planches sur la muleta du jeune homme à genoux, et il va le faire tourner ainsi très vite autour de son corps agenouillé pour se relever et lui refiler deux muletazos et une pase de pecho à vous faire frémir.  Et le public frémit, applaudit, crie, et on est à Séville. 

La faena se bâtit peu à peu intelligemment, pas trop longue parce que ce grand toro va a menos( peut- être en raison de la vuelta de campana  du début). Il faut une grand épée, un estoconazo très en place et d’effet immédiat pour déclencher la pétition quasi unanime d’une oreille de grand poids. Calerito a dans la tête une envie de triomphe qui se mesure à son regard et sa démarche, 543 kg de muscles tout noirs et de cornes blanches à pointes noires entre dans l’arène à un train d’enfer. 

Le torero va jouer le tout pour le tout, faire un quite par chicuelinas très audacieux auquel  avec panache mais avec moins de précision  répondra Lama de Gongora. Grand début de faena de muleta   d’abord rapide en citant de loin, puis petit à petit avec style et entrega, Calerito cite le bicho et temple les passes plus rapprochées. Très belle fin de faena  , variée avec un molinete comme improvisé, suivi de naturelles de face, ce fut un très beau moment et je me suis dit alors que s’il tuait bien…  deux oreilles .. qui sait… pouvaient tomber.  Il tua bien , l’effet fut un peu long et le recours au descabello précipita l’animal dans le paradis de prairies oubliées.   

Quelle belle tarde de toros, gorgée d’énergie et de courage, et souhaitons à Calerito que ces deux oreilles pas volées fassent sonner le téléphone de son apoderado. Signalons que tous les banderilleros ont fait un travail engagé et sincère, et deux d’entre eux, Juan José Dominguez et Fernando Sanchez furent appelés à saluer. 

Jean François Nevière