Mariscal Ruiz a dominé de la tête et des épaules la finale des novilladas piquées d’Andalousie dans le superbe cadre de la Real Maestranza de Cabaleria de Séville. La place sévillane était pleine au deux tiers malgré la retransmission télévisée et en soi cela est déjà un bon succès.

Six novillos de Firmin Bohorquez dont la présentation aurait fait pâlir plusieurs plazas pour leurs courses de toros, très inégaux de jeu et de caractère pour :

El Mella petite ovation après avis et silence après avis
Xavier Zulueta silence et silence après avis
Mariscal Ruiz une oreille et forte ovation saluée

El Mella touche un premier novillo qui se révélera particulièrement soso tout au long de la lidia. Une soseria qui s’accompagnera d’une certaine faiblesse et jamais le jeune torero malgré ses efforts ne parviendra à élever le débat. La faena est souvent accrochée et désordonnée laissant toutefois quelques bons détails. Un avis sonnera entre une entière tendue et en arrière et deux tentatives de descabellos avant que le toro ne s’agenouille seul.


A son second le jeune extremeño tentera tout : de la série de largas et faroles à genoux devant la porte des torils qui font se lever le public jusque à une entame de faena assis sur l’estribo. Mais les choses en restèrent là. Certes le novillo était un peu compliqué et demandait de l’attention et de la fermeté ce qui a le plus manqué. La faena a été à menos le novillo finissant par se décomposer totalement dans un combat désordonné de la part des deux protagonistes. La mise à mort fut laborieuse.


Xavier Zulueta est à domicile, fils et frère des alguazils de la Real Maestranza , il brindera le premier à sa sœur qui officie en callejon. Ce geste fraternel sera le mieux avec ce premier qui se muera bien vite en la statue du commandeur parfaitement intoréable. Zulueta laissera cependant quelques beaux détails dans sa manière très sévillane. L’estocade est sans discutions mais ne suffit pas à réveiller le public.


A son second Zulueta laissera quelques belles véroniques bien templées. Bien mal servi par le sortéo, le sévillan hérite d’un animal qui proteste systématiquement en sortie de passes et manque totalement de caste. Son travail est méritoire et démontre une belle élégance mais le novillo refuse de se livrer et comme de plus la mise à mort est compliquée cela finira dans le silence.


Mariscal Ruiz est le plus jeune des trois et certainement le plus chanceux puisqu’il héritera en premier lieu du meilleur novillo de la soirée. L’animal a du moteur et de la caste et se montrera rapidement un excellent collaborateur. Cet autre sévillan est aussi un bon banderillero et il se chargera avec art et réussite du second tiers à ses deux opposants. Le novillo qui a du rythme s’accordera très vite à celui que lui impose Mariscal qui torée de face avec fermeté et temple. L’accord est parfait et la faena s’élève pour culminer dans la suerte suprême parfaitement exécutée. L’oreille est plus que méritée.

A son second Mariscal Ruiz passant en dernier sait qu’il a gagné mais le jeune homme a son orgueil et c’est à la porte du toril qu’il ira chercher son adversaire. L’animal est nettement moins commode que le précédent. Qu’à cela ne tienne, après avoir brindé à ses compagnons de cartel, Mariscal s’attelle à la tâche dans son style très vertical et templé. Finissant par soumettre le novillo à droite, il passe à gauche et là aussi impose sa loi et sa vitesse à l’animal. En sortie de passe de poitrine il est violemment pris par le novillo qui l’a vu, heureusement sans mal, et il revient pantalon vaguement rafistolé. Mariscal Ruiz aurait pu en rester là, le novillo était avisé et il aurait pu le tuer et personne ne lui en aurait voulu, mais non il reprend un combat héroïque jusqu’à se faire prendre à nouveau en sortie de sa troisième manoletina finale dans une série particulièrement exposée. La voltereta est spectaculaire mais sans trop de dommages. La mise à mort se fera en deux temps et le privera d’un nouveau trophée mais pas de l’ovation vibrante de Séville et bien sûr du gain sans discutions du concours.

Jean Dupin