CommuniquĂ© de l’Observatoire National des Cultures Taurines Ă propos de la situation en Colombie…
Note de situation : Lâinterdiction colombienne…
AprĂšs avoir longuement conversĂ© avec CĂ©sar RincĂłn et Luis BolĂvar, voici ce que lâon peut dire
de la situation en Colombie.
1/ UNE INTERDICTION POLITIQUE
Comme ce fut le cas en Catalogne, lâinterdiction des corridas fait partie dâun projet politique populiste ayant pour but de stigmatiser une partie de la population par pur opportunisme clientĂ©liste.
En Catalogne, lâobjectif des partis indĂ©pendantistes Ă©tait de marquer la rupture avec la « Fiesta nationale » espagnole, et en Colombie, sous couvert dâanimalisme Ă©galement, il sâagit de distraire lâopinion des accusations de corruption qui pĂšsent sur le fils du prĂ©sident Petro qui a avouĂ© devant les juges avoir reçu des fonds provenant du narco trafic pour financer la campagne prĂ©sidentielle de son pĂšre.
Dans les deux cas, la corrida fut ciblĂ©e car elle ne disposait plus dâune base sociale suffisante pour ĂȘtre inattaquable : en Catalogne, seule la Monumental de Barcelone organisait des corridas, tandis quâen Colombie, au terme de dix annĂ©es de persĂ©cutions diverses, mais aussi en raison du dĂ©sintĂ©rĂȘt des figuras qui ne firent pas lâeffort dâadapter leurs cachets Ă la rĂ©alitĂ© Ă©conomique du pays, il nây a plus que deux ferias : Cali et Manizales.
Lâintention idĂ©ologique « marxiste bolivarienne » du prĂ©sident Petro est dâautant plus limpide quâen interdisant les corridas sans toucher aux combats de coqs et aux corralejas (capeas oĂč le taureau est souvent mis Ă mort), il stigmatise la classe aisĂ©e urbaine sans toucher aux classes populaires provinciales qui constituent une grande partie de son Ă©lectorat.
2/ ORGANISATION DE LA RĂSISTANCE
Depuis de nombreuses annĂ©es, CĂ©sar RincĂłn tenta de mobiliser les instances taurines europĂ©ennes en les informant du projet dâinterdiction mis en place mĂ©thodiquement dans une stratĂ©gie globale de conquĂȘte du pouvoir par lâex-guerillero marxiste Gustavo Petro.
Malheureusement, aprÚs avoir longtemps profité du marché trÚs porteur colombien, les grandes empresas et les figuras ne bougÚrent pas.
Il a fallu attendre l’annonce du vote dâinterdiction pour quâANOET, le patronat du mundillo, publie un communiquĂ© dans lequel il se met Ă la disposition des forces vives colombiennes dĂ©sireuses de faire abroger la loi. Ces forces sont aujourdâhui dĂ©cimĂ©es dans la mesure oĂč il ne reste plus que deux arĂšnes en activitĂ© (Manizales et Cali), cinq ganaderĂas braves, et aucun torero de premier plan.
Voici quelques annĂ©es dĂ©jĂ , quand Gustavo Petro, alors maire de BogotĂĄ, y avait interdit les corridas, lâONCT sâĂ©tait rapprochĂ© de Luis BolĂvar qui avait regroupĂ© une petite Ă©quipe dâavocats pour faire casser cette interdiction devant le Tribunal Constitutionnel et rĂ©-autoriser les corridas dans la capitale. Malheureusement, si la mairie fut contrainte de cĂ©der aux injonctions de la plus haute juridiction, elle imposa des conditions dâexploitation lĂ©onines interdisant de rentabiliser le moindre spectacle.
Aujourdâhui gĂ©rant des arĂšnes de Cali, Luis BolĂvar, appuyĂ© par un groupe puissant, va, avec lâappui dâavocats colombiens soutenus par le barreau de Madrid et des confrĂšres de lâONCT, mener le combat juridique sur les deux fronts oĂč il doit ĂȘtre portĂ© : le Tribunal Constitutionnel et la Cour IbĂ©ro amĂ©ricaine des Droits de lâHomme.
3 / CONSĂQUENCES INTERNATIONALES
La loi dâinterdiction colombienne a naturellement eu un impact nĂ©gatif important dans les sept autres pays taurins.
En France, tous les mĂ©dias ont publiĂ© les dĂ©pĂȘches de EFE ou AFP, mais peu dâentre eux se sont livrĂ©s Ă un travail dâanalyse bien que tous aient reçu, dĂšs le vote et avant ces dĂ©pĂȘches, une note dâinformation de lâONCT, prĂ©parĂ©e plusieurs semaines avant lâĂ©chĂ©ance qui paraissait inĂ©luctable.
Les mĂ©dias français qui ont souhaitĂ© sâinformer ont Ă©videmment posĂ© la question de savoir si une mĂȘme situation pouvait survenir en France.
La politique nâĂ©tant quâaffaire de circonstances, il est probable que si monsieur MĂ©lenchon – admirateur de la rĂ©volution bolivarienne de Petro – devenait prĂ©sident de la RĂ©publique et disposait dâune majoritĂ© Ă lâAssemblĂ©e, les mĂȘmes causes produiraient les mĂȘmes effets.
En dehors de cette hypothĂšse, lâenracinement de la tauromachie dans une soixantaine de communes françaises, le cadre lĂ©gislatif consolidĂ© par la jurisprudence et lâabsence de volontĂ© de nuire de la plupart des autres formations politiques, hormis quelques parlementaires isolĂ©s en leur sein, rendent improbable un « effet colombien » en France, en-dehors bien sĂ»r de la propagande alimentĂ©e par les fondations et associations anti spĂ©cistes.
4 / CONCLUSION
La bonne santĂ© de nos arĂšnes Ă laquelle contribuent tous les organisateurs et spectateurs, lâexistence dâune cinquantaine de ganaderĂas et de toreros importants, le travail de veille quotidien effectuĂ© par lâONCT et la reprĂ©sentativitĂ© institutionnelle trans partisane de lâUVTF sont Ă ce jour des lignes de dĂ©fense infiniment plus difficiles Ă renverser que ne lâĂ©taient celles quasi inexistantes dâun secteur colombien dĂ©jĂ largement dĂ©vastĂ© par son isolement dans un contexte Ă©conomique dĂ©labrĂ©…