L’unique oreille pour Colombo au terme d’une corrida sérieuse et âpre…Ciel couvert, la pluie ayant finalement épargné les débats. Un tiers environ.Une minute d’applaudissements a été observée à la mémoire de l’arenero Jacques Gracia, ainsi que pour tous les professionnels et aficionados qui nous ont quittés cette année.Six toros de Valverde bien présentés, dans le type, formant un lot sérieux, exigeant, varié au mental.Juan de Castilla : applaudissements et silence.Jesús Enrique Colombo : vuelta et oreille.Maxime Solera : saluts et vuelta.Les gradins, particulièrement bien remplis la veille, ont laissé place ce jour à une vision plutôt squelettique ! Un bien singulier contraste… Et pourtant, il y avait des toros ! Juan de Castilla brinda une première faena à l’assistance après deux piques applaudies, la seconde de loin, puis un début arrodillado au centre en donnant la distance. Face à un toro bien décidé à ne pas se laisser dominer, le Colombien y parvint tout de même petit à petit, notamment à bâbord, mais le tout a été totalement réduit à néant après entière au second envoi, suivie d’un chapelet de descabellos (9 !). Une bien belle occasion de se distinguer venait de s’envoler ! Le quatrième, au demeurant superbe, eut quelques difficultés à tenir la distance ce qui fit qu’à la faena, le labeur de Juan n’a pas été valorisé comme il aurait pu l’être, la ferraille n’arrangeant rien. Sans pouvoir parvenir à ses fins, Juan de Castilla aura toutefois laissé une bonne impression pour son abnégation. Mais c’est vrai aussi que les toros, il faut les tuer, et bien de préférence… Jesús Enrique Colombo a eu lui aussi ses mérites. Dans son style bouillonnant, un jeune diestro complet dans les trois tercios qui ne plaint pas sa peine. Avec son premier, reçu par larga de rodillas puis plus tard piqué en deux fois sans grande réussite, le Vénézuélien se fit remarquer sur un quite par zapopinas avant d’assurer un second tercio enlevé bien soutenu par les tendidos. La faena brindée au respectable s’étira par mouvements méritoires, mais la conclusion par pinchazo puis une seconde entrée a matar après avoir jeté la muleta au sol, et enfin une entière réussie, a fait quelque peu retomber la note, la pétition n’étant pas suivie d’effet. Jesús eut ensuite affaire à un quinto charpenté qui s’avéra assez rapidement violent, notamment aux banderilles. A la muleta, après brindis au public, son trasteo a été abordé avec une certaine prudence, et il y avait de quoi ! Le danger était permanent et face à l’âpreté de son opposant, il dut se résoudre à conclure, ce qu’il fit en se jetant sans retenue, avec à la clé un choc très violent dans le buffet ! Jesús tomba raide sur le sable, un peu plus tard le Valverde en fit de même au grand soulagement général ! Pour cet acte de vaillance diversement apprécié, il reçut la seule oreille de la tarde quelque peu contestée par une partie des étagères. De là, il passa à l’infirmerie, d’où il ressortit un peu plus tard, apparemment sans trop de dégâts. Mais quel valiente ! Et pas que… Pour Maxime Solera, le challenge n’était pas mince dans la mesure où le Fosséen n’avait pas touché le moindre toro en public depuis l’année dernière ! Compte tenu de ce contexte, on peut dire que sans triompher, il a fait bonne figure. Son premier avait un fonds de noblesse, mais aussi de mansedumbre, que Maxime a exploité par bribes avec succès, mais hélas, un bajonazo est venu tiédir l’effet produit. Avec l’ultime, il fit encore un bel effort. A noter qu’il alla à quatre reprises au cheval, la quatrième rencontre en partant de loin étant la meilleure de l’après-midi où il y eut un peu de tout dans ce domaine. Ensuite, Thomas Ubeda salua au second tercio puis après un brindis à l’auditoire, Maxime s’est arrimé, faisant fi du danger, le bicho étant davantage doté de sentido que de bonnes intentions, ayant en outre tendance à fuir sur la fin. Après une estocade tombée, la pétition enfla, mais l’oreille n’a pas été accordée, Maxime concluant sa tarde par une vuelta bien chaleureuse… alors que tombaient les premières gouttes !En définitive, la course est restée sérieuse de bout en bout, âpre pour les hommes face à des toros somme toute fidèles à leur réputation. Bien sûr, il y eut un peu de tout, mais surtout face à eux trois valientes venus se la jouer, et rien que pour ça, ça mérite selon moi le respect… |