
Mois : mars 2025 Page 5 sur 18

L’Association Française des VĂ©tĂ©rinaires Taurins a attribuĂ© le prix Pierre DELOUEDE 2024 Ă la Commission taurine d’Orthez pour la prĂ©sentation et la corrida proposĂ©es aux ArĂšnes du PesquĂ© en 2024.
Le trophée lui a été remis le samedi 22 mars à la ganaderia du Lartet.
Ce prix rĂ©compense le travail de fond et la persĂ©vĂ©rance des membres de la Commission taurine d’Orthez qui s’appuie sur une Ă©thique de la corrida oĂč le toro est au centre de sa philosophie
On les encourage à poursuivre leur travail intéressant et innovant.
ENHORABUENA

« Joselito ideó abaratar entradas
Plaza 1 ideó arruinarnos »
« Joselito voulait baisser les entrées
Plaza Uno veut nous ruiner «Â

Tardes de Soledad , n’en dĂ©plaise aux tenants des retransmissions tĂ©lĂ©visuelles n’est pas un documentaire. VoilĂ la premiĂšre vĂ©ritĂ© qu’assĂšne ce film magnifique et dur. Lors de la projection d’hier soir Ă La Rochelle en prĂ©sence du rĂ©alisateur, on a vĂ©cu des moments d’une assez rĂ©jouiissante diversitĂ©: il y avait dans la trĂšs nombreuse assistance de quoi tracer des portraits d’aficionados proches de la caricature: »Monsieur votre film m’a Ă©normĂ©ment dĂ©plu dit l’un, la soixantaine bien tassĂ©e, j’ai vu beaucoup de corridas, ce n’est pas come ça qu’il faut voir la tauromachie, et puis d’ailleuirs je dĂ©teste Roca Rey… etc etc.
Une autre, j’ai filmĂ© pour la tĂ©lĂ©vision des corridas Ă Bayonne et Ă BĂ©ziers,j’ai vu aussi le 16 septembre 2002 Ă Nimes la plus belle corrida possible et donc je ny vais plus…
Le malheureux Albert Serra était coi!
Alors que d’autres, enthousiasmĂ©s par l’Ă©mouvant montage, une bande son absolument formidable, pas de musique, le bruit la rumeur la fureur,la rĂ©pĂ©tition de scĂšnes impossibles Ă prĂ©voir.. Allez donc monter un scenario pour diriger les deux acteurs, toro et torero. Vous me suivez?
Imaginez aussi que le RĂ©alisateur soit gĂȘnĂ© par les exigences supposĂ©es du Matador, qu’adviendrait il de ce film qui ne veut qu’une chose, montrer le rĂ©el, les coups du sort, tout le temps heureux, chanceux malgrĂ© des chocs effarants, dont un Ă©pinglage du toro sur Roca Ă la barriĂšre pas loin du tendido 7 qui l’insulte et lĂ , la mort possible mais Ă©vitĂ©e, se taisent.
A un autre moment, merveille absolue de la tehnique sonore, tous les intervenants cuadrilla, torero, picador Ă©quipĂ©s de micros ultra sensibles cousus dans leur costumes, on entend, durant trois naturelles que l’on voit fort bien , rĂ©alisĂ©es un peu moins bien, on entend une fille hurler »Tenga miedo! »( Il a Peur) et aussitĂŽt en contrepoint, le regard fou de Roca qui se bat depuis un moment avec ce manso impossible comprend que la fille a raison non sur sa peur mais sur son toreo imparfait,et lĂ , il y a un grand plan sĂ©quence ou, sans jouer , Roca est un acteur au sens propre du mot.Notons qu’on ne voit JAMAIS le public .
On est tout le temps dans le rĂ©el si dur, si fort, que peut ĂȘtre m’a t il manquĂ© et je l’ai dit Ă Albert Serra, d’avoir montrĂ© un peu plus l’oxymore taurin par excellence,la douce violence.
Mais revenons Ă notre sujet, il faut aller voir ce film en cinĂ©phile et si on y va en aficionado Ă los toros il faut accepter le parti pris de ce qu’ implique le cinĂ©ma, une construction, un montage, une bande son une esthetique superbe , une impudeur totale, et d’ailleurs Roca Rey avait laissĂ© toute libertĂ© Ă l’quipe de tournage.
On voit la fraternitĂ©, l’amitiĂ©, l’admiration et la grossiĂšretĂ©  » Ă l’espagnole », des dialogues de PUTA MADRE! de Hijo de puta,Â
On n’est Ă aucun moment dans une acadĂ©mie de danse! On torĂ©e, on risque la MORT, on la donne, plus ou moins bien, En Public, Scandale assumĂ©, Fermez le banc.
Ce film a été récompensé en Espagne par les taurins.

Favoriserait il les positions anti corrida, et les Opposants Ă cet Art se sentiront ils confortĂ©s dans leur jugements? En aucun cas , ils ont dĂ©jĂ trichĂ© pour parler de notre passion et la plus claire argumentation favorable Ă u film consiste Ă dire, comme son rĂ©alisateur: « Jai fait un film sur le dĂ©roulement de cinq corridas, Madrid, SĂ©ville, etc…Je ne suis ni pour ni contre la corrida, j’ai filmĂ© avec mon regard neutre un ĂȘtre quelquefois si seul qu’il en est transparent, pas de fiction, la rĂ©alité » .
Contrairement Ă ce que j’ai pu lire ici sur ce film, on a des sĂ©ries de naturelles entiĂšres, au ras des cornes, peu de cape, Ă©viter l’ envol vers le joli, des costumes rouge et Azabache seul choix guidĂ© par le cinĂ©aste, des sorties des arĂšnes sans triomphe mais aprĂšs passage Ă l’infirmerie en tenue de pyjama hospitalier, les larmes de certains peones, leur admiration pour ce torero qui a les couilles plus grosses que l’arĂšne toute entiĂšre .(Dixit Viruta, banderillero)
Mais, Ă©videmment , si vous ĂȘtes assez sots pour dĂ©tester Roca Rey comme Madrid le fait et l’a fait naguĂšre pour Juli ou d’autres… N’ y allez pas, mais tant pis pour vous.
Grand FILM, pas pour grand public , et encore, justement, je me trompe peut-ĂȘtre.
Jean François NeviÚre

ArÚnes de Castellón . PremiÚre corrida de la Féria de la Magdalena Environ à moitié plein.
Taureaux de La Quinta, bien prĂ©sentĂ©s et gĂ©nĂ©ralement bons. Le quatriĂšme de l’aprĂšs-midi, nommĂ© « Nightingale », n° 34, a Ă©tĂ© graciĂ©. Le troisiĂšme de l’aprĂšs-midi, noble fut applaudi. Le troisiĂšme, applaudi Ă l’arrastre aussi.
- ANTONIO FERRERA , une oreille et deux oreilles et queue symboliques
- EL FANDI , oreille et ovation aprĂšs avertissement
- MANUEL ESCRIBANO , oreille et le silence
Plaza de toros de Las Ventas (Madrid). Premier spectacle de la temporada. 13.881 spectateurs.
Toros de Adolfo MartĂn,

âą RAFAEL DE JULIA, pitos et bronca

âą DAMIĂN CASTAĂO, ovation et blessure (son toro a Ă©tĂ© tuĂ© par Rafel de Julia)

âą ADRIĂN DE TORRES, silence aprĂšs avis et silence aprĂšs avis
L’aprĂšs-midi de DamiĂĄn Castaño Ă l’ouverture de la saison de Madrid a Ă©tĂ© de verdad du dĂ©but Ă la fin. Avant le cinquiĂšme de l’aprĂšs-midi, le diestro de Salamanque s’est retrouvĂ© avec un taureau qui rĂ©pondait violemment Ă ses attaques. L’animal l’attrapa violemment. Le torero a Ă©tĂ© blessĂ© en tombant au sol et a Ă©tĂ© rapidement transportĂ© Ă l’infirmerie. Sa cuadrilla a Ă©tĂ© ovationnĂ©e. Cornada de deux trajectoires sur la cuisse gauche de 15 et 10 cms de profondeur. Pronostic grave.

Arnedo (La Rioja). XXIIĂšme Zapato de Plata. Plus de 1/2 arĂšne.
Erales de GalbarĂn.

Javier Torres âBombitaâ, (E.T. de Ubrique): Ovation et saluts et oreille aprĂšs avis.

Diego Mateos, (E.T. de Salamanca): Oreille et silence aprĂšs avis.

David Gutiérrez, (E.T. de Badajoz): Oreille avec pétition de la seconde aprÚs avis et vuelta al ruedo aprÚs pétition et avis.
David Gutierez, Ă©lĂšve de lâĂ©cole taurine de Badajoz reviendra Ă Arnedo, en septembre en novillada piquĂ©e. Dimanche face Ă des novillos de Galbarin il sâest imposĂ© devant Javier Torres « Bombita » et Diego Mateos. DĂšs sa premiĂšre sortie avec le troisiĂšme Galbarin de la course il a dĂ©montrĂ© ses qualitĂ©s Ă la cape dessinant une longue sĂ©rie de vĂ©roniques, lentes et profondes. Sa faena fut marquĂ© de belles suites sur les deux mains mĂȘme si par instant il se laissa aller Ă torĂ©er le public. Une oreille aprĂšs un avis. Mais il allait livrer tout son savoir avec « Corresantos », le dernier Galbarin. Il fut obligĂ© de se battre Ă la cape avant de pouvoir offrir une longue sĂ©rie de chicuelinas. A la muleta il poursuivit un combat contre lâanimal et sâimposa sur les deux mains avec des changements frĂ©quents. Une tauromachie efficace et conquĂ©rante. David avait les deux oreilles au bout de lâĂ©pĂ©e et un triomphe majeur. Mais avec lâacier les choses se passĂšrent mal. Un premiĂšre voltereta Ă la premiĂšre tentative dâentrĂ©e Ă matar. Il dĂ» terminer en deux phases. Mas public et jury avaient compris quâil y avait lĂ de lâexcellente graine de torero. Quelque heures plus tard le prĂ©sident du club taurin lui remettait le cĂ©lĂ©bre soulier dâargent⊠qui doit permettre de franchir les chemins de la rĂ©ussite taurine.
Javier Torres « Bombita » avait ouvert la course sur un mode un peu brouillon, parfois Ă©clairĂ© par de belles sĂ©ries. Il Ă©choua Ă la mort mais se rattrapait Ă sa seonde sortie illuminĂ©e par quelques faroles Ă genoux et dâimmenses vĂ©roniques. Il donna ses premiĂšres passes de muleta assis sur une chaise⊠Mais il ne parvint jamais Ă trouver un style agrĂ©able.
Diego Mateos accueillit ses deux adversaires à « porta gayola » mais il ne les transforma pas par une bonne domination de cape. Sa premiĂšre faena, sans grand originalitĂ© fut acceptable et lâĂ©pĂ©e lui permit dâempocher un pavillon. Son deuxiĂšme combat, fut marquĂ© par une belle sĂ©rie de droite, mais il ne parvint pas Ă imprimer de la profondeur Ă sa tauromachie. CâĂ©tait plutĂŽt parfait mais on espĂ©rait mieux. LâĂ©pĂ©e ne lui permit pas de renouveler son prĂ©cĂ©dent succĂ©s.
Des novillos intéressants, une course entretenue et un beau vainqueur pour ce nouveau zapato de plata.
Jean-Michel Dussol

Le jury a déclaré David Guitérrez vainqueur du XXIIÚme zapato de plata.
Cliquez sur la photo ci-dessous pour voir la galerie de Philippe Gil Mir
Juan Leal Ă©tait lâinvitĂ© de Culturaficion cette semaine : il Ă©tait dĂ©jĂ venu au Ruedo Newton il y a 3 ans (voir ci-dessous) mais a dĂ©voilĂ© dâautres aspects de sa personnalitĂ© et de son art.
Son parcours est connu, mais rappelons-le : il est nĂ© Ă Paris, mais nây a pas vĂ©cu puisque sa famille est retournĂ©e en Arles quelques semaines plus tard. Il vit sa jeunesse au milieu dâune lignĂ©e de toreros dont il constitue la 5 Ăšme gĂ©nĂ©ration. Il confirme que sâil souhaite que son fils soit aficionado, il ne veut pas quâil devienne torero de la 6 Ăšme gĂ©nĂ©ration des Leal. Il a pu profiter de leur expĂ©rience et de leur entourage jusquâĂ 14 ans, Ăąge auquel il est parti en Espagne Ă lâĂ©cole taurine dâEl Juli. Il est encore surpris que ses parents aient approuvĂ© et accompagnĂ© sa dĂ©cision : « depuis que je suis pĂšre, je ne trouve pas ça normal ».

InterrogĂ© sur lâĂ©volution de son torĂ©o, il reconnait quâil nâa pas encore atteint ce quâil veut faire de son style.
« La tauromachie est un art et lâartiste doit avoir sa propre personnalitĂ©. Bien entendu, cela nĂ©cessite une expĂ©rience technique. »
Au dĂ©part il voulait surtout prĂ©senter quelque chose de diffĂ©rent, mais nâarrivait pas Ă lâexprimer : il devait chercher autre chose en se dĂ©marquant ou plutĂŽt en Ă©tant lui-mĂȘme. Donc, il nâavait pas rĂ©ellement de modĂšle mĂȘme sâil admirait la façon de torĂ©er de Damaso Gonzalez ou Paco Ojeda.
Car « ĂȘtre proche de lâanimal met en valeur le travail du torero : il contrĂŽle la charge au lieu de lâaccompagner ce qui permet un dialogue avec lâanimal et une relation intime. »

Sur une question : quid du courage ?
On sait quâil sâexpose beaucoup, mais le courage est le simple fait de dominer sa peur et face au toro, tous ont peur. Mais il faut se donner Ă 100% par respect pour lâanimal et par respect pour le public. Le pire, câest quand le public ne ressent rien nâa pas dâĂ©motion et sort dĂ©senchantĂ©.

Q : Il a toréé des ganaderias trÚs différentes ?
Au moins une soixantaine : « Le fait dâaffronter des Ă©levages si diffĂ©rents permet dâajuster les paramĂštres de son logiciel. » Par paramĂštre, il entend la solution technique Ă choisir ; câest pourquoi affronter des fers diffĂ©rents est ce qui enrichit. Pour lui, câest un choix et non une obligation : ainsi la premiĂšre fois quâil a affrontĂ© les Miura de Bilbao, cela lui a Ă©tĂ© imposĂ©, mais aprĂšs son succĂšs, lâannĂ©e suivante, câest lui qui les a choisis. Devant les Miura, les choses se sont toujours bien passĂ©es y compris Ă Madrid.

Les toros devant lesquels il se sent le plus a gusto sont ceux de Fuente Ymbro, car ils possĂšdent un Ă©quilibre entre transmission, torĂ©abilitĂ©, et possibilitĂ© de sâexprimer. Mais il sâentraĂźne dans une trentaine de ganaderias avec lesquelles il a une relation de confiance rĂ©ciproque, de Miura Ă Garcigrande en passant par Cebada Gago, Luis Algarra, ou Torrealta etc.

Q : Lâestocade ?
Le fait de faire un saut en portant lâĂ©pĂ©e a pu lui jouer quelques tours (il est moins facile de viser la cruz quand on nâa pas les pieds au sol), mais il a retrouvĂ© confiance en Ă©quateur oĂč il a trĂšs bien tuĂ©.
Q : Ses publics préférés : exigeants ou festifs ?
Incontestablement les publics des arĂšnes de premiĂšre catĂ©gorie, aussi parce que câest en lien avec un toro plus important. Donc : NĂźmes, bien sĂ»r, Bilbao, Albacete, Bayonne.

Q : Ă propos du film dâAlbert Serra que pense-t-il des toreros qui parlent des toros en les insultant ?
Câest peut-ĂȘtre la peur ou le soulagement. Câest peut-ĂȘtre une rĂ©action de la cuadrilla qui veut protĂ©ger le moral du torero. Les toreros ont tous de lâadmiration pour le toro. Lâaficionado doit se rendre compte du niveau de danger et de peur et ça excuse surement certains propos du film.
Q : sa temporada 2025 ?
Il est allĂ© en Equateur, retournera au PĂ©rou en juin, Ă ce stade ont seulement Ă©tĂ© annoncĂ©s ses cartels de Madrid et Arles (Riz), mais il y en aura dâautres, mĂȘme sâil ne peut pas les dĂ©voiler.
Q : sa relation avec les jeunes ?
Il continuera Ă rester impliquĂ© auprĂšs des jeunes car ils mĂ©ritent de se faire leur propre opinion de la tauromachie. Il va de ce fait relancer la Fragua (la forge) oĂč il donnait leur chance Ă des jeunes dâĂ©coles taurines.

AprĂšs avoir posĂ© pour la photo souvenir et signĂ© la cape « livre dâor » de Culturaficion, Juan Leal a reçu le trĂšs beau livre de Marc Thorel Toreros dans la ville lumiĂšre en souvenir de son passage chez Culturaficion.
JY Blouin (texte et photos) https://facealacorne.fr/juan-leal-a-culturaficion/
« La vie a-t-elle une valeur ? » Câest la question posĂ©e par le philosophe Francis Wolff dans son dernier ouvrage. Pour le professeur Ă©mĂ©rite Ă l’Ăcole normale supĂ©rieure, ce nâest pas la vie qui a une valeur absolue, câest chaque vie humaine. Pas le vivant, mais les ĂȘtres humains. DĂ©bat.
