Le 11 mai à Las Ventas, jour anniversaire de la mort de Pepe Hillo tué de trois coups de cornes  tous mortels par « Barbudo », le jeune et aussi talentueux que courageux torero mexicain Leo Valadez à pris par son premier toro de Fuente Ymbro » Hichezo » à  deux reprises qui l’une comme l’autre auraient pu lui être fatales.

A la première le piton se glissa sous l’empeigne de sa zapatilla et le matador se trouva soulevé la jambe tendue vers le ciel pour retomber ensuite sur la tête, n’échappant que par miracle aux deux cornes immenses qui le cherchaient au sol.

Quelques minutes plus tard, après une faena engagée, audacieuse et belle, quoique difficile à extirper de ce toro compliqué et plein de genio, le torero se profila pour tenter la suerte de mort, bien en face des cornes et n’eut pas le temps de passer la corne droite qui le prit violemment, mollet, ventre et aisselle droites sous ce scalpel , l’envoya rouler sur l’albero de Madrid comme en un sacrifice commémoratif de la mort de Pepe Hillo, en trois points du corps presque identiques, jambe, ventre, coeur. 

Deuxième miracle, alors qu’on croit la corne entrée, miracle dont on ne peut plus douter, le torero se releva, le bras tueur, comme brisé tenu par l’autre bras, écarté du corps plié en deux sous la douleur.

Leo Valadez aurait pu, ce que bien d’autres auraient fait, gagner l’infirmerie dans les bras de ses banderilleros, mais il tint à rester jusqu’à la mort de son adversaire. L’oreille qu’alors il aurait peut être reçue sur « la toile cirée » de l’hôpital ne lui fut pas accordée et personne d’ailleiurs ne la réclama, choqué par l’évènement. Saisis  de peur pour lui, rassurés de voir le jeune maestro encore debout de manière incompréhensible, les spectateurs ne lui offrirent qu’une belle salve d’applaudissements, salaire de son extraordinaire courage.

On sut très vite que la corne n’était entrée nulle part et qu’une luxation de l’épaule droite avec possible fracture du bras droit  étaient probables, transport à l’hôpital de la Fraternité et la vie continue…

Le pire n’est jamais sûr, heureusement, mais quelle honnêteté faut il à un homme pour risquer ainsi sa vie en échange de celle du toro, tout droit entre les cornes.Hier à Las Ventas les superbes toros de Ricardo Gallardo ont entretenu dans le public un climat de risque  et de beauté  dont surent l’honorer les deux vrais triomphateurs de cette tarde.

Roman et Leo Valadez, unis l’un et l’autre avec une hombria remarquable.

Merci à eux de nous avoir montré de manière différente  ce qu’est l’engagement sincère des vrais toreros devant des toros bravos.

Jean François Nevière