Arnedo (La Rioja), corrida des fêtes de Printemps. Arène couvertes, très bien remplies, deux heures trente de spectacle. Six toros de Jandilla, pauvres de cornes et souvent faibles, tous une pique.
Diego Urdiales (vert bouteille et azabache), au premier, une entière, une oreille ; au quatrième, avis, une entière, avis, une oreille.
Alejandro Talavante (violet et or), au deuxième, une entière, deux oreilles ; au cinquième, une entière deux oreilles.
Juan Ortega (bleu ciel et or), au troisième, un pinchazo et trois-quarts de lame, silence ; au dernier, quatre pinchazo et un quart de lame, silence.
Sortie en triomphe de Diego Urdiales et Aldejandro Talavante.
Cette corrida de Printemps d’Arnedo a été celle du classicisme. Il est vrai qu’avec Urdiales Talavante et Ortega, on était très loin des répertoires baroques. Dès le début Diego Urdiales donna le ton en ouvrant sa faena par des statuaires ponctuées de quelques trincheras. Il suivait avec la main droite dans des mouvements très lents et épurés et terminait sur une série de ayudados à l’ancienne. Une tauromachie qui plait à ses compatriotes qui lui accordèrent une oreille. Pour sa deuxième sortie, les choses furent plus compliquées mais il insista jusqu’à l’avis pour fabriquer le toro qu’il voulait. Trouvant aussitôt la distance il lui servait une impeccable série de naturelles… Une deuxième oreille.
Talavante, mit la barre très haut dès la cape, tercio remate par trois véroniques d’anthologie. Avec quelques quites par gaoneras, il avait déjà tout dit. Mais il compléta par une série de passes de châtiments prolongées par une main droite très basse et des naturelles de grande lenteur. Un fulgurant coup d’épée et il arrachait deux pavillons. Il donna un peu dans le populaire a sa seconde sorti avec un faena ouverte à genoux et citée à mi-distance, mais il revenait dans son répertoire de changement de mains pour de brèves séries sur les deux côtés. Tout était parfait et débordant de lenteur… Il répétait son premier final et doublait une fois encore les pavillons.
Juan Ortega ne parvient pas encore à convaincre le nord, un demi-échec à Valdemorillo il y a quelques semaine et hier il n’a pas encore rencontré son toro de rêve. Pourtant son premier tercio de cape avait été un modèle du genre, avec une somptueuse media pour terminer une série de quite. Il ne trouvait ensuite, jamais la bonne distance et échouait sur la main gauche. Pour terminer la course il brilla à la cape mais sera très souvent débordé à la muleta. Dommage qu’il n’ait pu parvenir à la hauteur de ses compagnons de cartels qui ont laissé un excellent souvenir dans cette arène.
À l’invitation du Club Taurin de Paris, le cinéma L’Arlequin avait bien rempli sa plus grande salle pour accueillir l’avant-première de Tardes de Soledad en présence du réalisateur Albert Serra qui a explicité son projet et sa réalisation, à la fin d’une projection très applaudie.
Albert Serra n’était pas aficionado quand il a lancé ce projet. Il avait vu quelques corridas dans sa jeunesse, mais sans vraiment accrocher : « La base, c’est que je n’ai rien à en dire, je filme donc pour voir ce qui se passe. » et donc, ce n’est pas un film sur la corrida et il ne satisfera pas non plus les anti-taurins : c’est une visite au plus intime du combat entre l’homme et le toro.
Les aficionados présents étaient unanimes : « on n’a jamais vu une corrida comme Serra nous la montre ; on vit la corrida comme si on était en piste. »
Francis Wolff l’explicite : « On ne l’a jamais filmée à une telle hauteur, au ras du sable et avec un cadrage aussi serré. On ne voit jamais la charge complète du taureau, ni une passe du début à la fin, ni une série complète enchainée. On voit essentiellement le corps à corps sans le début ni la fin de l’assaut, du geste dont le sens est volontairement gommé. On ne voit pas non plus la corrida, la fête. » (article dans les cahiers du Cinéma)
Albert Serra justifie ces gros plans : « les plans larges donnent de l’information comme un direct TV. Le Gros plan donne un film et permet de passer à l’art. »
Pour Serra, la corrida est une énigme et pour la résoudre, son seul moyen est de s’approcher au plus près, afin d’obtenir dans la salle de cinéma les mêmes réactions que le public dans l’arène. Il faut « faire confiance à la caméra pour dévoiler la vérité d’un sujet ».
Certes, quelques-uns trouveront qu’il met trop en avant la violence. Mais il s’en explique : « Je montre la mort du toro parce que c’est un moment de grande émotion et qu’elle est très belle. La violence est nécessaire, c’est elle qui apporte la transcendance : le film parle du courage et de la mort.On ne peut pas apprécier l’engagement, la valeur du torero, si on ne voit pas la violence. Et surtout : il est moins question de violence que de mort et de sacrifice. » Au total, il aura filmé 15 morts du toro mais n’en a gardé que 3.
Le regard du toro, en ouverture du film, dans la nuit face à la caméra, sans distraction est aussi un moment fort : Serra y voit la solitude de l’animal et (peut-être) une prémonition d’une mort prochaine, même si l’homme est seul à savoir qu’il va mourir. De là le titre du film.
Autres moments d’émotion, les cogidas subies par Andres Roca Rey, à Madrid et Santander. Mais elles mettent aussi en évidence l’extraordinaire engagement du (des) torero(s) : il retourne au combat comme si rien ne s’était passé. « Mais surtout, il ne surréagit pas, jamais. Il avance à un rythme plus lent que la normale aussi bien dans l’arène que dans la vie : c’est très poétique et très cinématographique ! Quand on voit son calme au milieu de l’agitation, c’est que sa vie dépend entièrement de sa capacité d’observation ; il doit rester calme et concentré afin d’étudier le toro. » On en retire une autre image d’Andres Roca Rey qui apparait bien comme le numéro 1 de cette décennie !
Une grande partie de cette émotion vient du son : Albert Serra a obtenu que Andres Roca Rey et sa cuadrilla portent des micros sur leurs épaulettes. De là les commentaires en direct tant dans le combat de l’arène que dans les moments plus intimes du coche de cuadrillas. Retenons cette phrase d’Antonio Chacon : « la vie ne pèse rien », au sens de il faut mépriser la vie, il y a des choses plus importantes à en faire « il faut l’utiliser pour en faire quelque chose de grand » ! Albert Serra y voit une métaphore de la corrida.
Mais ce qui frappe le spectateur dans ces moments, c’est la manière de la cuadrilla de veiller sur le moral du torero en multipliant non seulement les encouragements mais les compliments et les éloges donnant parfois l’impression de symboles d’esprit de cour.
Il a aussi pu enregistrer le son du toro, le martèlement des sabots, le souffle que le public, même en barrera n’entend jamais. Et pour compléter, il est allé enregistrer des toros dans les ganaderias ! Quant au public, il a disparu sauf par le son ce qui paradoxalement renforce sa présence !
Il y aurait sans doute encore bien des choses à dire sur ce film : le mieux est d’aller le voir pour ressentir l’énorme émotion qu’il transmet (sortie en France le 26 mars prochain) et de lire les interviews du réalisateur dans le dossier de presse du distributeur (à télécharger) :
En ouverture de son assemblée générale, l’Union des Bibliophiles Taurins de France présentait son dernier livre publié : « Toreros dans la ville lumière » de Marc Thorel.
Rappelons que l’UBTF est un éditeur associatif dont le seul objet est de publier des ouvrages documentaires ou historiques sur la corrida et les arènes de France.
Pour mettre l’eau à la bouche au nombreux auditoire présent, elle avait invité l’auteur à raconter, ce qui occupe une grande partie de l’ouvrage, l’histoire des arènes de la rue Pergolèse, la plus grande arène du monde à sa création, mais qui n’aura duré que 4 ans même si elle aura vu passer quelques-uns des plus grands toreros de l’histoire tauromachique.
En ouverture de son exposé, Marc Thorel explique comment il découvre chez un libraire de la rue de Châteaudun un dossier sur les arènes de la rue Pergolèse, dont il récupérera une bonne partie quelques années plus tard.
Pour en savoir plus sur les toreros à Paris, il faut consulter le livre : Marc Thorel y signale des spectacles taurins en 1879, 1884, 1887, pourtant Auguste Lafront dans son histoire de la corrida en France en cite en 1865. Mais il s’agissait soit de spectacles « hispano-français » soit de « parodies ».
LA CREATION DE LA PLAZA.
En fait, c’est l’exposition universelle de 1889 qui provoque la création de la plaza de la rue Pergolèse : comment mettre en valeur l’Espagne auprès des parisiens et des visiteurs ? Un seul moyen : leur présenter des corridas !
Mais tout ne va pas sans mal ! Contre la construction des arènes, les riverains se mobilisent pour des motifs futiles (des corniches en saillie non conformes !). Pourtant les arènes sont construites et prennent rapidement le nom de Grande Plaza du Bois de Boulogne : grandes, elles le sont à l’évidence avec un ruedo de 56 mètres de diamètre et une capacité de 22000 places ; de plus, luxueuses, puisque, au lieu de gradins et de bancs, on dispose de fauteuils, qu’elles seront couvertes et électrifiées dans l’année qui suit etc.
Les créateurs du projet des arènes de la rue Pergolèse.
Les organisateurs du projet sont le Duc de Veragua, sommité du monde taurin de l’époque, le Comte de Patilla, et le Comte del Villar. Tous 3 sont éleveurs de toros… Les propriétaires des arènes seront Antonio Hernandez le gérant et Ivo Bosch, le financier. Joseph Oller, l’homme des festivités parisiennes de l’époque, aurait également contribué au projet, mais c’est plutôt une légende.
Plan de la plaza de la rue Pergolèse.Vue de la plaza de la rue Pergolèse.
Les travaux ayant pris du retard, après un permis de construire tardif, mais une construction menée au pas de charge en 2 mois (!) l’inauguration ne pourra s’effectuer que le 10 août 1889, alors que l’exposition avait déjà accueilli plus de 4 millions de visiteurs ! Mais ensuite on donnera 2 corridas par semaine.
Cartel d’inauguration de la plaza du Bois de Boulogne rue Pergolèse.
Les « figuras » au cartel seront Currito, fils de Cuchares, F. Garcia, un torero navarrais et Frascuelo, plutôt aventurier, frère du grand Frascuelo. Il est vrai que c’était le plein de la temporada en Espagne. Les vraies vedettes viendront plus tard, dont Angel Pastor et surtout Luis Mazzantini.
Dès 1889 il existe des protections (caparaçon) pour les chevaux de picadors.
Pour contrer les attaques de la SPA qui proteste contre les picadors et le massacre des chevaux, on fait appel à des rejoneadors portugais qui alterneront avec les piqueros. Surtout, on protège les chevaux avec les premiers caparaçons (alors que leur officialisation n’interviendra qu’en 1926). En outre, la mise à mort n’est initialement pas autorisée mais le deviendra sous la pression du public.
C’EST L’AUTOMNE QUI SERA SOMPTUEUX.
Parmi les matadors qui officieront rue Pergolèse, Angel Pastor, Guerrita, Valentin Martin, Luis Mazzantini, (portant un costume avec des colombes sur les épaulettes ce qui plaira beaucoup aux dames et lui vaudra le surnom d’El Palmolillo), Lagartijo.
Luis Mazzantini dans son costume aux hombreras ornées de colombes (vivantes)
Mais il ne faut pas oublier que pendant cette exposition universelle, Paris compte pas moins de 5 arènes où sont donnés des spectacles taurins : Celles de l’exposition seront fermées parce que Lagartija y a tué un toro à l’épée et sans autorisation ! Les artistes viennent aux arènes dont Toulouse-Lautrec, Caran d’Ache, JL Forain etc.
De nouvelles revues taurines paraissent et des opuscules sur la corrida sont édités pour informer les spectateurs.
Brochure éducative distribuée aux arènes de la rue Pergolèse.
Parallèlement les salles de spectacles accueillent des gitanes (très surveillées par leurs pères ou maris qui ne visiteront jamais Paris !) et aux Folies Bergères, la Tortajada qui chante notamment El cafe de Chinitas, repris en direct dans la salle par un artiste contemporain qui a joué le spectacle « des toros dans la tête ».
Cafe de Chinitas chanté par La Tortajada aux Folies Bergères.
LES EFFORTS POUR TENIR AVANT LA CHUTE
Dès 1890, les attaques des anti corrida vont se multiplier. Par ailleurs, la mairie de Paris ne paie pas ses factures aux entrepreneurs qui ont construit les arènes et les investisseurs espagnols s’esquivent eux aussi en se déclarant en faillite. L’entreprise est confiée à Arthur Fayot qui sera empresa de presque toutes les arènes de France, mais qui, à Paris sera obligé de trouver des solutions ailleurs. Il embauche Maria Genty, écuyère de talent qui sera briefée par des rejoneadores portugais ; puis il propose des spectacles divers comme 5 mois au Soudan, des concerts, des événements sportifs, même des patinoires (trop couteuses en terme de fonctionnement) et même les « indios » qui seront interdits par la préfecture comme spectacle dégradant. Pour rentabiliser l’entreprise, il fait appel aux toreros français et aux toros de Camargue que l’on peut réemployer !
Mais la chute est inéluctable et en 1893 les arènes sont vendues à des investisseurs seulement intéressés par le terrain. Et la Grande Plaza du Bois de Boulogne sera démolie par l’entreprise Lapeyre. La rue Lalo occupe aujourd’hui leur ancien emplacement.
Au total, elle aura vu passer 130 corridas environ, et fut la seule où de vraies corridas furent données, les spectacles de l’Hippodrome pouvant être qualifiés de mixtes. Plus significatif, c’est la première fois que des documents officiels mentionnent que les toreros sont des artistes.
Au final, une excellente mise en bouche pour un livre qui devrait avoir sa place dans toute bonne bibliothèque taurine. Il peut être commandé sur le site de l’UBTF :
Au cours de l’AG qui a suivi, le président Philippe de Graeve a annoncé les prochaines parutions qui susciteront sans doute autant d’intérêt que ce livre, mais nous en reparlerons.
Alors que la majorité des prix viennent récompenser soit un torero, soit un taureau, soit encore un acte de combat particulièrement remarquable, le Club Taurin de Paris souhaite rendre hommage, au terme du saison européenne, à ce qui sera apparu à la majorité de ses membres comme la rencontre marquante de l’année entre tel taureau et tel torero, dès lors que cet évènement revêtira une dimension mémorable. Une telle rencontre ne doit pas être confondue avec avec la prestation la plus complète, la plus artistique ou celle qui a reçu les trophées maxima.
Le premier prix de la rencontre a été attribué pour la saison 2006 distinguant conjointement torero et éleveur, depuis il a été attribué chaque année au terme de chaque saison.
Delicado de Santiago Domecq combattu par Clemente à Dax le 15 aout photo Ferdinand de Marchi
Beduino de La Quinta combattu par Daniel Luque à Nîmes le 14 septembre photo Ferdinand de Marchi
Le prix 2024 a été attribué à Dulce de Victoriano del Rio combattu par Borja Jimenez le 7 juin à Madrid
L’esprit du Prix de la rencontre et la mise à jour des prix attribués depuis l’origine en 2006 Jean Pierre Hedoin Président d’honneur du Club Taurin de Paris
Myriam Comte
photos Plaza 1/ Carlos Gomez Litugo/ Ferdiand de Marchi
À l’issue de son assemblée générale où fut décerné le prix de la Rencontre ( nous y reviendrons), Le CTP recevait Marc Lavie, rédacteur en chef de Semana Grande, pour le traditionnel bilan de la temporada 2024.
Après avoir évoqué quelques bons souvenirs d’une invitation au Club, il y a une trentaine d’années, avec __ Arevalo, il entrait dans le vif du sujet :
LES DONNEES :
Il y a eu en France et en Espagne 498 corridas dont 15 mixtes soit 5 de plus qu’en 2023, et 312 novilladas, soit 20 de plus que l’année précédente. Certes, il y a 50 ans les chiffres étaient supérieurs, (653 corridas, 394 novilladas), mais cette temporada s’annonce de ce point de vue comme un bon cru.
L’année a vu 25 novilleros prendre l’alternative, dont certains ont certainement un brillant avenir dans la profession. Il ne faut pas oublier que depuis le COVID, 70 matadors ont pris l’alternative, ce qui peut expliquer la bousculade inévitable face aux postes disponibles.
Il y a eu 21 indultos dont un seul en arène de première catégorie espagnole, c’est un peu moins que les années précédentes.
Parmi les nombreuses blessures de l’année, 16 ont été graves dont 4 très graves.
L’escalafon des matadors est dominé par Roca Rey avec 70 cartels, devant Talavante 68, et Luque et Castella avec 52 contrats. Chez les novilleros, c’est Marco Perez avec 38 novilladas qui est en tête. Il est d’ailleurs annoncé pour une despedida de novillero, en seul contre 6 à Madrid pendant la San Isidro, le 30 mai.
L’escalafon est vieillissant avec des leaders ayant plus de 20 ans d’alternative, mais l’escalafon des novilleros est plus intéressant : parmi les noms à citer El Mene qui n’a lidié que 10 novilladas mais est très prometteur au milieu de nombreux bons toreros, comme Jarocho, Mario Navas, Israël Martin, Nek Romero, Samuel Navalon.
On craignait une pénurie de toros, mais cela a été résolu, parfois en transformant les corridas classiques en défis ganaderos.
Il apparait une nouvelle génération d’aficionados qui réagissent plus aux provocations des antitaurins et des politiques ce qui a un effet régénérateur sur la communauté.
Les problèmes : certaines plazas sont en crise notamment Bilbao, même si le vide des gradins existait déjà il y a 30 ou 40 ans, mais la mairie tourne le dos aux arènes. La télévision : la corrida est soutenue par les télévisions régionales mais One Toro a un modèle économique qui ne lui permettra sans doute pas de survivre longtemps. Enfin, les critiques et les questions se font jour en Espagne sur le système de santé et de gestion des infirmeries en France.
Le fait marquant est l’absence de Morante malgré ses 35 corridas ; on a vu lors de ses derniers cartels à Azpeitia ou Santander que son corps continuait à toréer, mais son visage était ailleurs !
Les figuras ont connu leurs lots de succès, mais d’une manière générale sans se maintenir au niveau auquel elles nous avaient habitué.
Roca Rey avait atteint un sommet lors de son triomphe héroïque de Bilbao en 2022, mais semble avoir du mal à rester à ce niveau. Mais c’est le seul à remplir les arènes !
Talavante a semblé privilégier la quantité sur la qualité.
Castella a été en dessous de 2023, malgré la nouvelle profondeur de son toréo et la beauté de ses lances à la cape. Mais il a connu des problèmes à l’épée.
Le soleil est venu de Juan Ortega, le meilleur artiste actuellement. Mais ce n’est pas un torero de grand public ni sans doute un torero pour la France.
Borja Jimenez a donné la meilleure faena de la San Isidro mais a perdu des oreilles à l’épée. Il progresse à chaque sortie, mais attaque beaucoup ses adversaires ce qui nécessite pour lui des toros très encastés.
Fernando Adrian a triomphé à Madrid en 2023 et 2024. Mais lors de la corrida de Victoriano à la féria d’automne, le public a pris parti pour Borja et lui ne s’est pas montré à la hauteur.
Tomas Rufo semblait parti en 2022 pour perturber l’escalafon, mais il est devenu plus précautionneux. Sa force était aussi ses apoderados (les Lozano), cependant, sans El Juli ils ont eu moins de poids. Mais à la féria d’automne, il a très bien commencé sa faena à droite avec beaucoup de ligazon ; le tendido 7 ayant protesté parce qu’il ne se croisait pas assez il a écouté et le toro s’est décomposé : il est difficile voire impossible de lier en se croisant en permanence (il faut se replacer).
Parmi les Français, seul Clemente semble avoir une chance de percer en Espagne même si ses premières tentatives n’ont pas été couronnées de succès et où il reste inconnu. Les autres matadors français, sans l’appui de grandes maisons et sans triomphes susceptibles d’impacter de l’autre côté des Pyrénées n’ont que peu d’opportunité malgré la garantie que leur apporte le circuit français.
Les toreros sud-américains en Espagne sont actuellement assez nombreux : 6 ou 7 novilleros parmi lesquels Bruno Aloï à suivre et chez les matadors Juan de Castilla auréolé de sa double journée à Vic et Madrid, Isaac Fonseca qui tient bien sa place et Jesus Enrique Colombo qui fait le spectacle et tue bien.
En ce qui concerne le rejon, l’escalafon est là aussi vieillissant : Ventura domine.
Léa est une cavalière extraordinaire mais a perdu des trophées à l’épée car il lui manque un cheval de muerte (très rare et difficile à former).
Guillermo Hermoso de Mendoza va perdre le soutien de son père et devra bâtir sa carrière sur ses seules qualités.
LES GANADERIAS :
Après la dure période des années 80 à 2000 où les toros chutaient, on constate aujourd’hui qu’ils ne tombent plus. Peut-être parce qu’on les fait courir, mais sans doute plus spécifiquement parce qu’ils sont mieux suivis sur le plan sanitaire : il y a aujourd’hui une médecine vétérinaire du sport qui s’applique aux toros !
Les 3 fers pour les vedettes sont restés sur leur position dominante : Victoriano del Rio, Nunez del Cuvillo et Garcigrande. Victoriano se détache car ses bons lots ont la noblesse, la caste et une certaine exigence. Nunez del Cuvillo et Garcigrande, moins réguliers et moins brillants sont en baisse.
De son côté Juan Pedro Domecq (qui reste en tête de l’escalafon ganadero) a eu une temporada inégale.
Parmi les ganaderias encastées, Victorino Martin domine incontestablement. Victorino est un grand ganadero car il a su adapter ses toros à la toreria actuelle sans perdre leur caste.
Fuente Ymbro a sorti 2 bonnes corridas à la San Isidro et Bilbao et beaucoup de bonnes novilladas. Roca Rey l’a affronté à 2 reprises, mais il n’est pas sûr qu’il renouvelle l’expérience.. On espère revoir ces toros en France l’an prochain.
Il faut rajouter à ce groupe Margé qui a sorti des lots exceptionnels à Dax et Béziers (sans oublier Nîmes où le vent a empêché des triomphes attendus). L’élevage devrait sortir à nouveau en Espagne (Madrid) en 2025.
Les ganaderias toristes ont moins d’aura qu’il y a 30 ans : Dolores Aguirre reste la plus régulière. Los Manos a sorti un bon lot à Vic. La nouveauté viendra des élevages portugais qui montent en puissance : Murteira Grave à nouveau triomphateur d’Azpeitia, Sobral à Céret.
C’est désormais officiel Daniel Luque a choisi Luis Manuel Lozano comme nouvel apoderado. Il succède à Juan Bautista. L’accord évoque niquement 2025. Daniel Luque « a montré sa satisfaction »; Lozano fait pat de ses ambitions dans la conduite de la carrière d’un des toreros les plus importants de a temporada 2024.
Présentée en amont dans la capitale, avec notamment, outre Marc Serrano, Yannis Ezziadi et Afida Turner, ce sera cette année la troisième édition à Méjanes…
« On va dire qu’avec un autre nom, mais dans le même esprit, il est né il y a plus de dix ans à Vauvert ! En fait, la première fois, je venais de connaitre les responsables de l’association La CLE qui m’avaient demandé de devenir parrain. Je leur ai donné mon accord, mais en leur demandant de me préciser ce que je pouvais leur apporter. Le lendemain, j’avais rendez-vous avec Philippe et Dominique Cuillé, je leur en ai parlé et l’idée de faire un festival était lancée…
Je leur ai fait part de mes préoccupations pour monter un tel projet et spontanément Philippe m’a dit qu’il ferait cadeau des six toros ! Le premier festival était alors né grâce à ce bel élan de solidarité de la part de cette ganadería, relayée ensuite par les autres catégories de professionnels…
Après, on est parti sur Samadet puis on est revenu dans le Sud-Est avec l’association « Un toro pour un Rêve d’Enfant. » Le nom de cette association provient des expériences des festivals précédents qui se faisaient ailleurs car les bénéfices permettaient à des enfants, comme c’était l’objectif, de pouvoir réaliser un rêve grâce notamment à la générosité de la ganadería qui a permis de se lancer dans ce projet, avant que d’autres ne suivent.
Après la période de Samadet, comme j’avais toujours le souvenir d’avoir vu très jeune des festivals à Méjanes, ce site m’a toujours plu et rappelé de bons souvenirs d’enfance. Pendant le Covid, j’avais rencontré Michèle Ricard qui m’avait dit que si un jour j’avais envie d’organiser un festival dans le coin, le site de Méjanes pouvait être à disposition. Je m’en suis souvenu, et un peu plus tard, après une discussion avec Michèle Ricard et la famille Guillot, l’idée allait se concrétiser. En effet, à partir de leur approbation, grâce à l’aide de tous, ça a été une belle réussite puisqu’en 2022 on a remis plus de 17.000 € et l’an dernier, on a réussi à passer la barre des 20.000 ! Une somme répartie équitablement entre les deux associations qui pour cette année seront les mêmes bénéficiaires.
On est donc reparti comme les fois précédentes, avec pour ce festival la chance que Claude Viallat accepte d’être parrain de cette journée. Il nous a fait cadeau de l’affiche, une peinture réalisée dans les années 80 qui n’avait jamais été publiée ! En outre, il a accepté de mettre quelques-unes de ses œuvres dans les arènes…
Quant au programme, il y aura le matin un petit bolsín taurin avec des élèves des écoles de Béziers, Arles, CFT, AFAP et Madrid (Yiyo), le triomphateur désigné par le public revenant l’après-midi pour lidier le dernier novillo. Il faut aussi souligner que le bétail est offert par divers éleveurs français, avec toutefois une précision concernant Jean-Marie Raymond, ganadero français dont le bétail se trouve en Espagne. Des complications pour le transport nous ont contraint à renoncer, mais il a tenu tout de même à s’impliquer. En définitive, le bétail proviendra de Valverde, Cuillé, Turquay, deux d’El Campo dont celui pour le rejón et un de Pagès-Mailhan. En ce qui concerne les toreros, les rejoneadors mexicains père et fille Cuauhtémoc et Ximena Alaya ouvriront les débats, puis par ordre d’ancienneté je sortirai suivi de Javier Cortés, Gómez del Pilar, Andy Younes et l’aspirant vainqueur du bolsín. »
Ce n’est pas une faute ni un hasard si j’ai écrit art avec une majuscule.
En effet, le comportement de Mr Urtasun ministre espagnol de la culture relève en matière de bêtise, de grossièreté et d’ignorance crasse des règles de la bienséance minimum à l’égard du roi, de la reine , de la tauromachie représentée en l’occurrence par Julian Lopez El Juli.
Explication: sur une même ligne , debout et applaudissant El Juli , de gauche(en effet!) à droite
le sieur Urtasun ci devant ministre étiqueté Catalogne en commun extrême gauche; puis le Roi d’Espagne, puis la Reine.
Le matador honoré arrive pour saluer cet aréopage et, en homme bien élevé se dirige droit vers le Roi et la Reine qu’il salue en premier. Notons au passage que l’annonce de l’arrivée du Juli était unanimement applaudie avec chaleur et sourire bienveillant par le roi et la reine, mais pas par le malheureux idiot que l’Espagne a pour ministre de la culture, lequel garde comme un cache sexe ses deux mains croisées à hauteur de sa braguette.
Ayant ainsi échangé avec le souverain une poignée de main franche et cordiale et quelques mots pleins de respect et d’admiration, le torero s’est alors dirigé main tendue vers le ministricule.
Tordant le nez, d’un air dégouté le sus nommé ministre n’a pu refuser la main du torero qu’à ce moment là, je l’avoue j’aurais bien voulu voir armée d’une lame pour un ‘julipié » rapide et efficace!
Et pendant ce temps là, chez nous, le même style d’imbéciles bien sûr trotsko gauchistes refusent aussi de serrer la main de leurs collègues qui ne partagent pas leurs « opinions », même bétise crasse, même intolérance qui autorise des fascistes de gauche à traiter de nazi quicinque ne pense ni n’agit comme eux.Les Caron, Panot préparent dans leur coin des projets de loi liberticide contre la corrida avec la complicité étrange de gens qui, allez savoir pourquoi, du centre ou de la droite dite « republicaine », se cachant derrière leur petit doigt en disant: notre projet n’interdit pas la corrida, il veut juste l’interidre aux moins de 16ans….Ah Mr le sénateur Pariât, passé par toutes les couleurs politiques, patron du domaine de Chambord et de ses chasses , chasse faut il le rappeler dont en France on obtient le permis dès l’âge de 15ans, cherchez l’erreur..
A un moment où les arènes se remplissent à nouveau de jeunes passionnés qui sont la relève du public vieillissant que l’on voyait sur les gradins, à ce moment précis où l’ancien projet de loi repoussé du triste Caron l avait été avec clarté, le jeune public comme le plus âgé s’apercevant que les toreros étaient des jeunes gens pleins de qualités , de courage et d’humanité, voilà que les animalistes antispécistes reviennent en scène et veulent interdire la corrida aux jeunes gens.
Urtasun, Podemos, Ecolo punitifs, LFI même combat, et même les Macronistes comme Patriat ex PSU ex PS et ces gens viennent vous parler de démocratie.
J’ai vu ma première corrida à 14ans et n’en ai retiré que le sens du beau, l’admiration pour le courage des toreros et la splendeur de l’animal le plus respecté au cours des siècles depuis la haute antiquité: le taureau.
Environ 300 entrées, temps pluvieux qui a quelque peu plombé l’ambiance de cette novillada non piquée. Par ordre de sortie, erales de François André, Fernay, Turquay, Roland Durand, Alain et Frédérique Tardieu et Giraud.
A l’issue du paseo, une minute de silence a été observée à la mémoire des toreros Nimeño II, Paco Camino et Pepe Luis Vázquez, ainsi qu’aux aficionados qui nous ont quittés, notamment Yvon Verdier et Patrick Testut.
Francisco Fernández : oreille et saluts.
Salvador Herrero : saluts et vuelta.
Javier Hurtado : saluts et silence.
Francisco Fernández a ouvert la séance avec un François André bien dans le type. Affichant une certaine aisance capotera, le novillero de Los Barrios brinda ensuite à l’assistance une faena comprenant des passages relevés, face à un bicho qui permettait. En fin d’exercice, Francisco fit taire une musique tardive avant entière déclenchant l’unique oreille de cette tarde. Avec le cuarto, de Durand, un superbe ensabanado sucio, le Barreño se montra très entreprenant, étalant entrega et aguante devant un animal exigeant qui lui imposa un bel effort pour soutenir la cadence. Las, les aciers lui ont probablement coûté un trophée, mais il est à noter aussi que Francisco a eu très chaud quand après un premier pinchazo il a failli se faire clouer aux tablas, s’en sortant indemne de justesse. Dans l’ensemble, on peut dire que Francisco a laissé une belle impression…
Salvador Herrero a débuté avec un Fernay devant qui, face à ses exigences, il éprouva quelques difficultés à lui prendre le dessus, malgré une évidente volonté et une torería par moments bien étayée. La conclusion a été assez heureuse avec une entière trasera habile puis deux coups de verdugo. Avec le Tardieu, un castaño sérieux, il brinda au conclave qui commençait à ressentir les effets d’une humidité « prenante » une faena égrenée de tandas méritoires. Le Salmantino déjà vu à son avantage à Bellegarde perdit une fois l’équilibre, frôlant la correctionnelle mais s’en tirant finalement sans la moindre égratignure. Après entière tendida desprendida, une pétition manquant un peu de force n’a pas été suivie d’effet. Mais le ressenti était tout de même favorable.
Jorge Hurtado eut en partage un lot plus compliqué à l’image du Turquay qui souffrit rapidement après avoir tapé aux planches de pattes antérieures diminuées. De là la nécessité de le maintenir à mi-hauteur, ce dont s’est employé à faire le novillero de Badajoz par la force des choses. On a pu constater une belle application et il était bien dommage qu’il y eut ce bémol car le Turquay avait du potentiel. Avec l’ultime, de Giraud, bien armé, Jorge réussit à instrumenter, dans une atmosphère plombée par la tombée de la nuit, plusieurs séries valeureuses dans un ensemble toutefois inégal peu relevé par la conclusion.
A l’issue de la novillada, les trophées ont été remis à l’abri de la Bergerie. Le prix du meilleur novillo a été attribué à l’exemplaire de Roland Durand, le second pour Francisco Fernández qui pour sa part a recueilli celui au meilleur novillero.
Enhorabuena aux deux lauréats, mais aussi aux autres novilleros et ganaderos, sans oublier les aficionados qui ont su jouer par leur présence la carte de la solidarité et bien sûr, les organisateurs de La Embestida qui n’ont pas franchement été aidés par les éléments…
Hasta la próxima, l’an prochain… bien sûr sous le soleil !!!
Plaza de toros de La Misericordia, Zaragoza. Quatrième de la Feria del Pilar 2024. Un quart.
Novillos de La Machamona.
VALENTÍN HOYOS, ovation après avis et silence
MIGUEL ANDRADES, ovation et oreille
BRUNO ALOI, vuelta al ruedo après avis et silence après deux avis.
Juan José Domínguez et Pablo García ont salué au quatrième.
Machamona est une jeune ganaderia (2016) formée à partir de vaches et semental de Flor de Jara donc d’encaste Santa Coloma – Buendia. Cela s’est parfaitement vu au cours de cette tarde avec des toros qui sortaient abanto, mais se réservaient au fil des passes avant de se relancer dans des arrancadas violentes, tout en ayant un fond de noblesse. L’un d’eux a été changé pour une boiterie pas si évidente ce qui a donné lieu à un gag avec les cabestros, qui appréciant leur sortie en piste ne semblaient pas avoir envie de rentrer au corral. Difficile pour les jeunes novilleros de s’accorder avec ce genre de comportement. Certes, ils savent bien toréer, ils connaissent les gestes et les suertes, mais cela ne transmet pas d’émotion.
Le seul qui brille un peu et qui paradoxalement semble avoir le moins de connaissances techniques, mais qui compense par son entrega est Miguel Andrades: D’abord c’est un des rares novilleros qui banderille et plutôt bien notamment à son deuxième toro; et puis, comme cela devient une habitude chez lui, après une première faena classique, il va à puerta gayola à son second toro, l’emmène à la pique en chicuelinas marchées, et le torée à genoux en début de faena. Une bonne estocade où il perd la muleta et se fait courser par le toro qui le piétine après une chute, lui permettront de couper la seule oreille du jour.
Bruno Aloi, jeune mexicain encore peu connu, semble lui aussi avoir de la personnalité en plus de la technique classique qu’il montrera à son premier en donnant vuelta.
Valentin Hoyos est resté un ton en dessous sans cependant démériter.