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Vauvert, Santiago López Ortega le plus en vue…

Santiago López Ortega le plus en vue…

Jeudi 8 mai. Cette édition de la Journée de l’Avenir a débuté le matin par le Bolsín organisé par le CT El Campo au cours duquel face au bétail de Jacques Giraud, six aspirants, Isaac Galvín, Sacha El Mosti, Hadrien Lucq, Baptiste Angosto, Rémy Asensio et Lisares, se sont disputés le troisième Trophée Robert Laurent. A la fin de l’exercice, c’est Rémy Asensio, de Nîmes, qui a décroché la timbale, ce qui lui a octroyé le droit d’intégrer le cartel de la novillada non piquée de la tarde.

Après les agapes de la mi-journée avec notamment une impressionnante paella, la novillada non piquée a démarré avec respectivement les « parejas » suivantes : Santiago López Ortega/Pagès-Mailhan, /Giraud, Clovis/Barcelo et Rémy Asensio/La Suerte.

Les représentants des clubs organisateurs se sont présenté en piste et ont reçu une belle ovation aux côtés de Patrick Bricongne, président du CT El Campo.

Beau temps, public restreint. Bétail inégal en présentation, en retrait le 2, au demeurant faible.

Santiago López Ortega : oreille.

Manuel Fuentes : silence.

Clovis : oreille.

Rémy Asensio : silence.

Le Mexicain Santiago López Ortega a ouvert la séance face à un eral de Pagès-Mailhan face auquel il s’est signalé au capote avant de banderiller lui-même pour un résultat mitigé. Brindis à l’assemblée d’une faena débutée du plus bel effet en se ployant, la suite cohérente chez le protégé de Luis Miguel Encabo, avec aussi le matador Juan de Castilla comme témoin. Au final, après une voltereta, entière tombée. Plus tard, il aura les honneurs sur le podium, au terme d’un trasteo somme toute réussi.

Manuel Fuentes a eu l’infortune de tomber en partage sur un eral limité en coffre et jarrets. Il a toutefois tenté de donner le change en posant les banderilles puis à la faena en exécutant quelques muletazos comme il pouvait entre deux chutes de son adversaire, le tout manquant forcément de ligazón et de mando. Conclusion à la peine.

Clovis arrivait auréolé de quelques succès depuis le début de la temporada, avec récemment celui du Bolsín de Bougue qui lui rapporte cinq engagements, et pas des moindres. Ce jour, il alla recevoir son Barcelo a portagayola avant de se montrer entreprenant au capote. Aux banderilles, il se fit spectaculairement accrocher aux planches au sortir de la deuxième paire. Touché au genou gauche et le traje déchiré, il alla le faire rapiécer, le costume pas le genou, et salua avant de brinder au respectable une faena qui semblait bien partie. Las, un autre tampon vint quelque peu refroidir l’ambiance, mais Clovis a alors montré tout son aguante, « s’entréguant » sur plusieurs séries avant d’en finir d’une entière tombée au second coup. On le connaissait talentueux, on l’a vu aussi, aujourd’hui, en valiente ! En espérant bien sûr, que son problème de genou soit vite réglé…

Rémy Asensio s’est fait applaudir sur sa réception capotera, mais après avoir brindé » à Gilles Raoux et Serge Alméras, les choses se compliquèrent et il eut par la suite pas mal de peine à tenter de dominer un La Suerte certes exigeant, mais qui n’était pas non plus un diable. Il est vrai que Rémy n’en est qu’à ses débuts et ce n’était déjà pas si mal d’exposer envie et courage. Comme dit l’adage, c’est en forgeant..

Paul Hermé torofiesta.com

Villaseca de la Sagra: David Gutierrez remporte l’Alfarero de plata.

Finale de la novillada sans picador de Villaseca de la Sagra. 3/4 d’arène, beau temps

Novillos de la Olivilla et de las Cantiles. 5è le meilleur, le plus imposant du lot crédité de la vuelta, le 2è applaudi à l’arrastre, plus compliqués les 3è, 4 et 6è.

Sur les 18 aspirants sélectionnés pour l' »Alfarero de plata », 3 se retrouvent aujourd’hui en finale.

   . Esteban Gordillo (malabar et or) 1 entière, 3 descabellos: applaudissements.  1 pinchazo, 1 entière, 1 descabello, 1 oreille

  . David Gutièrrez (oeuf en neige et or): 1 entière, 1 avis: 2 oreilles. 1 entière fulgurante, 1 oreille.

  . Clovis (bleu nuit et or): 2 pinchazos, 1 avis, 1 entière, silence; 1 entière, silence.

Profitant du meilleur sorteo, Gutièrrez n’a pas laissé passer l’opportunité de briller surtout à son 2è, le meilleur des 6 qu’il a toréé al gusto avec beaucoup de profondeur.

De l’envie aussi à son 1er dont il termine sa faena par redondos suivis de luquesinas. Gordillo a un bon lot ;  faena hachée à son 1er, il est dépassé par son 2è qui lui inflige 3 volteretas sans gravité; le public demande l’oreille du courage accordée avec la bienveillance du palco.

Clovis hérite du lot le mois favorable: il compose une faena de poder à son 1er qui hélas se termine mal aux aciers. Avec son 2è, après un beau capotazo par chicuelinas, il se fait accrocher à sa première série de muleta. Malgré son envie, le novillo avisé le cherche; 1 entière sans effet sur le conclave.

JJ Joaniquet

Les prix de cette IXème rencontre Alfarero de Plata, triomphateur David Gutiérrez,

Meilleur ganaderia La Ollivilla,

Meilleur Novillo N° 21 Escritor de Victor Huertas,

Meilleur subalterne Cristian Expósito

Séville: Escribano/Mosqueton rencontre au sommet

Maestranza de Caballería de Sevilla. Septième de la Feria de Abril 2025. Lleno.

Toros de Victorino Martín, le 5ème ºMOSQUETÓN, nº 76, negro entrepelado, né le 01/20, de 525 kilos vuelta al ruedo. 

• EL CID, silence et silence après avis

• MANUEL ESCRIBANO, ovation après avis et deux oreilles après avis. 

 DANIEL LUQUE, ovation et silence.

Avec les deux premiers toros, on se croyait parti pour un nouveau fracasso ganadero : 2 animaux tardos (le premier a mis plusieurs minutes à sortir du toril !)qui n’acceptaient que médiocrement la passe et ne chargeaient que sous forte pression. Heureusement, pour le public frustré de la Maestranza, les 4 suivants ont fait leur devoir, avec les difficultés propres aux Victorino, le 5 ème Mosqueton obtenant même la vuelta.

Magnifique brega de Juan Sierra

El Cid doit se contenter de passes de brega après que Juan Sierra ait fait bouger le toro du centre de la piste où il avait pris querencia décidée. Il doit faire piquer le manso à un autre emplacement pour qu’il consente à charger. La faena ne peut déboucher tant le toro est statique et El Cid abrège.

A son second, sorti abanto, et qui prendra 2 piques poussées et fortes, El Cid réalise une faena principalement gauchère et dans quelques naturelles on retrouve sa patte légendaire. Mais il échoue à la mort.

Escribano a choisi d’honorer Séville par un costume original brodé de la Giralda sur les jambes et dans le dos. Il touche lui aussi un premier toro tardo, même s’il est un peu plus mobile que le précédent et accepte les véroniques. Les banderilles sont plutôt bonnes, même sans le quiebro traditionnel du maestro. Après une belle série de naturelles le toro se rend sur les derechazos suivants qui déclenchent la musique. Mais échec à l’épée.

Au 5 ème, accueilli à porta gayola, mais suivie par de belles véroniques, la faena débute par doblones en gagnant vers le centre et une série de droitières liées déclenche la musique. Une autre série superbe et 2 séries de naturelles font vibrer la Maestranza. L’estocade en entrant droit sera concluante et lui vaudra 2 oreilles.

Daniel Luque, moins bien servi, accueille son premier à l’imitation de Morante par des largas cape pliée. Il brinde au ciel pour son père, et mène une faena sérieuse et dominatrice avec notamment des naturelles profondes, mais après une bonne estocade, certes trasera, la pétition sera refusée par la présidente.

Le 6 ème, plus compliqué sera accueilli par une grande série de véroniques, mais il ne se fixe pas et le torero décide d’abréger.

Heureux pour Escribano, mais surtout d’avoir vu des toros, le public est sorti content de la Maestranza.

JY Blouin texte et photos.

Vidéo sur la corrida del Arte le 14 juin à Istres

Des artistes tels que Paco Peña et Remedios Reyes interpréteront du flamenco pendant la corrida.

Actus Madrid

Les taureaux de Saltillo pour la corrida dans les arènes de Madrid de ce dimanche 27 avril sont impressionnants ! vidéo Plaza1 ci dessous. Au cartel : Javier CastañoLuis Gerpe et Cristóbal Reyes.

5em ‘no ay billetes’ affiché pour la San Isidro avec le solo de Marco Perez le 30 mai 2025. les 4 autres à ce jour sont 23, 24, 28 et 29 mai.

Fiesta Campera avec Carlos Olsina

Le club taurin Carlos Olsina de Nîmes organise sa première fiesta campera le 1er Mai à la ganadéria La Paluna Mas d’Auzières 30800 Saint Gilles , dès 11H00 2 vaches de Alain et  Frédérique Tardieu lidiées par Carlos Olsina.Tienta gratuite pour les membres du club taurin, 18 € pour les non membres, possibilité de repas sur place à 15 €, consommations en sus.

Renseignements et réservations au 06.08.93.77.74

Par ailleurs, Le Club Taurin Carlos Olsina de Nîmes organise un moment de convivialité taurine ce samedi 26 Avril à son siège social le restaurant La Terna 6 grand rue à Nîmes dès 17H00, avec la retransmission télévisuelle en direct de la corrida  où Carlos va toréer dans le cadre de la Copa Chenel. Réservations obligatoires au 0783299004 ou au 0466218474.

Colmenar de Oreja (Madrid). Copa Chenel. Toros de Ana Romero y Luis Algarra para Fernando Tendero, Carlos Olsina y García Pulido.

« Tardes de soledad » succès public exceptionnel

Entretien avec Eric Jolivalt, Dulac Distribution, Paris avril 2025

1/ Quelques chiffres : Le nombre d’entrées / Le nombre de copies / Le nombre de séances sur la France / Quels sont les chiffres que vous pensez atteindre en fin d’exploitation ?

Nous avons réalisé 28.000 entrées en deux semaines, le film a été et sera diffusé dans plus de 300 cinémas et nous espérons atteindre 40.000 entrées en fin de carrière. Ce qui est un score exceptionnel pour un documentaire. En France, rares sont les documentaires qui dépassent les 10.000 entrées en salle.

2/ Est-ce que l’interdiction –de12 ans a été un frein dans l’exploitation du film ?

L’interdiction nous a semblé légitime, le film montre la corrida d’un point de vue totalement différent que celui du spectateur à la télévision ou dans l’arène. C’est ce qui rend le film unique mais c’est aussi une tout autre approche et il est nécessaire de pouvoir l’aborder de cette façon avec des enfants de plus de 12 ans même s’ils ont déjà assisté à des corridas étant plus jeunes.

3/ Albert Serra est toujours un phénomène, son implication dans la sortie a été primordiale, Combien de débats, avec lui, avez-vous organisé avant la sortie ?

Le film est sorti une semaine après l’Espagne où le film a été un vrai phénomène. Albert Serra a réalisé une quinzaine de débats en France, surtout dans le sud-est et le sud-ouest avec des villes comme Arles, Dax, Mont de Marsan puis à Paris et en banlieue parisienne. A chaque fois, la salle a été conquise.

4/ Lors de l’acquisition du film à Saint-Sébastien, comment aviez-vous envisagé sa sortie en salles ? Vos objectifs ont-ils évolué à l’approche de la sortie ?

Nous avons acquis le film bien avant San Sebastian. Nous étions sur le projet depuis son élaboration car nous avions déjà travaillé avec Albert Serra ainsi que son producteur Pierre-Olivier Bardet sur le film Liberté. Si nous n’avons jamais eu de doutes sur le talent d’Albert Serra, je vous mentirais en disant que le sujet de la corrida n’a jamais été une question. C’est en voyant le film fini et suite à la Concha de Oro à San Sebastian que nous avons vraiment réalisé que nous avions l’un des plus grands documentaire de l’année (voire plus) dans les mains et qu’il fallait le traiter comme tel.

5/ Dulac Distribution a l’habitude de proposer des documentaires très variés. La sortie de TARDES DE SOLEDAD s’est-elle démarquée des précédentes, et si oui, en quoi ?

Dulac Distribution distribue de nombreux documentaires de grands réalisateurs à l’exemple de Notre Corps de Claire Simon, Babi Yar Contexte de Sergei Losnitza ou encore Pingouin & Goéland de Michel Leclerc. A chaque fois, nous traitons les films comme des objets uniques tout en prenant en compte leurs particularités. Tardes de Soledad ne déroge pas à la règle et ça a été un plaisir énorme de travailler avec un génie comme Albert Serra.

Texte Sandrine Lamantowicz in https://facealacorne.fr/

Jerez de la Frontera programme une novillada piquée pour sa féria del Caballo

C’est la grande nouveauté L’empressa de Jerez, avec il faut le dire le soutien actif de la province de Cadiz et de la mairie, programme la première novillada piquée en vingt ans dans les arènes de la Calle Circo. Il faut bien le reconnaître, il s’agit là de le seule nouveauté pour cette féria 2025.

Les organisateurs ont invité ce soir les aficionados dans la plus petite salle de Jerez au musée Lola Flores. Au moins ils auront fait le « lleno » qu’ils ne sont pas certains de réussir dans les arènes.

Plus sérieusement revenons au programme :

Samedi 17 mai à 19 heures : novillada avec picadors 8 novillos de la Palmosilla pour Pérégrino, Javier Zulueta, Martin Morilla et Ignacio Candelas. Le jour de l’alumbrado de la féria il sera difficile d’assister au deux événements. Javier Pérégrino, le seul torero de la province pour cette féria, a été imposé par la mairie de Jerez dont il est l’enfant.

Dimanche 18 mai corrida de rejon : toros de Firmin Bohorquez pour Rui Fernandez, Diego Ventura et Lea Vincens, du très classique ici.

Pour la suite c’est la stricte répétition des cartels de l’an dernier aux toros prés.

Vendredi 23 mai : toros de Alvaro Nunez pour Morante de La Puebla, Castella et Manzanarez

Samedi 24 mai : toros de Jandilla pour Morante, Talavante et Roca Rey.

A la sortie de nombreux aficionados étaient un peu déçus et interrogatif surtout pour le doublé morantiste. Mais l’aficionado est toujours plein d’illusion et espérons que ce cru 2025 fera taire les grincheux dont je dois reconnaître que je fais un peu partie.   

Jean Dupin

ARNEDO (Rioja): Triomphe d’Urdiales et Talavante et grands moments de classicisme

Arnedo (La Rioja), corrida des fêtes de Printemps. Arène couvertes, très bien remplies, deux heures trente de spectacle. Six toros de Jandilla, pauvres de cornes et souvent faibles, tous une pique.

Diego Urdiales (vert bouteille et azabache), au premier, une entière, une oreille ; au quatrième, avis, une entière, avis, une oreille.

Alejandro Talavante (violet et or), au deuxième, une entière, deux oreilles ; au cinquième, une entière deux oreilles.

Juan Ortega (bleu ciel et or), au troisième, un pinchazo et trois-quarts de lame, silence ; au dernier, quatre pinchazo et un quart de lame, silence.

Sortie en triomphe de Diego Urdiales et Aldejandro Talavante.

Cette corrida de Printemps d’Arnedo a été celle du classicisme. Il est vrai qu’avec Urdiales Talavante et Ortega, on était très loin des répertoires baroques. Dès le début Diego Urdiales donna le ton en ouvrant sa faena par des statuaires ponctuées de quelques trincheras. Il suivait avec la main droite dans des mouvements très lents et épurés et terminait sur une série de ayudados à l’ancienne. Une tauromachie qui plait à ses compatriotes qui lui accordèrent une oreille. Pour sa deuxième sortie, les choses furent plus compliquées mais il insista jusqu’à l’avis pour fabriquer le toro qu’il voulait. Trouvant aussitôt la distance il lui servait une impeccable série de naturelles… Une deuxième oreille.

Talavante, mit la barre très haut dès la cape, tercio remate par trois véroniques d’anthologie. Avec quelques quites par gaoneras, il avait déjà tout dit. Mais il compléta par une série de passes de châtiments prolongées par une main droite très basse et des naturelles de grande lenteur. Un fulgurant coup d’épée et il arrachait deux pavillons. Il donna un peu dans le populaire a sa seconde sorti avec un faena ouverte à genoux et citée à mi-distance, mais il revenait dans son répertoire de changement de mains pour de brèves séries sur les deux côtés. Tout était parfait et débordant de lenteur… Il répétait son premier final et doublait une fois encore les pavillons.

Juan Ortega ne parvient pas encore à convaincre le nord, un demi-échec à Valdemorillo il y a quelques semaine et hier il n’a pas encore rencontré son toro de rêve. Pourtant son premier tercio de cape avait été un modèle du genre, avec une somptueuse media pour terminer une série de quite. Il ne trouvait ensuite, jamais la bonne distance et échouait sur la main gauche. Pour terminer la course il brilla à la cape mais sera très souvent débordé à la muleta. Dommage qu’il n’ait pu parvenir à la hauteur de ses compagnons de cartels qui ont laissé un excellent souvenir dans cette arène.

Jean-Michel Dussol

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Arnedo 22-03-2025 © Philippe Gil Mir

TARDES.. PLEIN LA FIGURE !

Et on aime ça !

Avant la projection, salle de l’Arlequin. ©JYB

À l’invitation du Club Taurin de Paris, le cinéma L’Arlequin avait bien rempli sa plus grande salle pour accueillir l’avant-première de Tardes de Soledad en présence du réalisateur Albert Serra qui a explicité son projet et sa réalisation, à la fin d’une projection très applaudie.

Albert Serra n’était pas aficionado quand il a lancé ce projet. Il avait vu quelques corridas dans sa jeunesse, mais sans vraiment accrocher : « La base, c’est que je n’ai rien à en dire, je filme donc pour voir ce qui se passe. » et donc, ce n’est pas un film sur la corrida et il ne satisfera pas non plus les anti-taurins : c’est une visite au plus intime du combat entre l’homme et le toro.

Les aficionados présents étaient unanimes : «  on n’a jamais vu une corrida comme Serra nous la montre ; on vit la corrida comme si on était en piste. »

Francis Wolff l’explicite : « On ne l’a jamais filmée à une telle hauteur, au ras du sable et avec un cadrage aussi serré. On ne voit jamais la charge complète du taureau, ni une passe du début à la fin, ni une série complète enchainée. On voit essentiellement le corps à corps sans le début ni la fin de l’assaut, du geste dont le sens est volontairement gommé. On ne voit pas non plus la corrida, la fête. » (article dans les cahiers du Cinéma)

Albert Serra justifie ces gros plans : « les plans larges donnent de l’information comme un direct TV. Le Gros plan donne un film et permet de passer à l’art. »

Albert Serra à l’avant-première de Tardes de Soledad à l’initiative du CTP à Paris, le 9 mars 2025. ©JYB

Pour Serra, la corrida est une énigme et pour la résoudre, son seul moyen est de s’approcher au plus près, afin d’obtenir dans la salle de cinéma les mêmes réactions que le public dans l’arène. Il faut « faire confiance à la caméra pour dévoiler la vérité d’un sujet ».

Certes, quelques-uns trouveront qu’il met trop en avant la violence. Mais il s’en explique : « Je montre la mort du toro parce que c’est un moment de grande émotion et qu’elle est très belle. La violence est nécessaire, c’est elle qui apporte la transcendance : le film parle du courage et de la mort. On ne peut pas apprécier l’engagement, la valeur du torero, si on ne voit pas la violence. Et surtout : il est moins question de violence que de mort et de sacrifice. » Au total, il aura filmé 15 morts du toro mais n’en a gardé que 3.

Albert Serra à l’avant-première de Tardes de Soledad à l’initiative du CTP à Paris, le 9 mars 2025. ©JYB

Le regard du toro, en ouverture du film, dans la nuit face à la caméra, sans distraction est aussi un moment fort : Serra y voit la solitude de l’animal et (peut-être) une prémonition d’une mort prochaine, même si l’homme est seul à savoir qu’il va mourir. De là le titre du film.

Autres moments d’émotion, les cogidas subies par Andres Roca Rey, à Madrid et Santander. Mais elles mettent aussi en évidence l’extraordinaire engagement du (des) torero(s) : il retourne au combat comme si rien ne s’était passé. « Mais surtout, il ne surréagit pas, jamais. Il avance à un rythme plus lent que la normale aussi bien dans l’arène que dans la vie : c’est très poétique et très cinématographique ! Quand on voit son calme au milieu de l’agitation, c’est que sa vie dépend entièrement de sa capacité d’observation ; il doit rester calme et concentré afin d’étudier le toro. » On en retire une autre image d’Andres Roca Rey qui apparait bien comme le numéro 1 de cette décennie !

Albert Serra à l’avant-première de Tardes de Soledad à l’initiative du CTP à Paris, le 9 mars 2025. ©JYB

Une grande partie de cette émotion vient du son : Albert Serra a obtenu que Andres Roca Rey et sa cuadrilla portent des micros sur leurs épaulettes. De là les commentaires en direct tant dans le combat de l’arène que dans les moments plus intimes du coche de cuadrillas. Retenons cette phrase d’Antonio Chacon : « la vie ne pèse rien », au sens de il faut mépriser la vie, il y a des choses plus importantes à en faire « il faut l’utiliser pour en faire quelque chose de grand » ! Albert Serra y voit une métaphore de la corrida.

Mais ce qui frappe le spectateur dans ces moments, c’est la manière de la cuadrilla de veiller sur le moral du torero en multipliant non seulement les encouragements mais les compliments et les éloges donnant parfois l’impression de symboles d’esprit de cour.

Il a aussi pu enregistrer le son du toro, le martèlement des sabots, le souffle que le public, même en barrera n’entend jamais. Et pour compléter, il est allé enregistrer des toros dans les ganaderias ! Quant au public, il a disparu sauf par le son ce qui paradoxalement renforce sa présence !

Il y aurait sans doute encore bien des choses à dire sur ce film : le mieux est d’aller le voir pour ressentir l’énorme émotion qu’il transmet  (sortie en France le 26 mars prochain) et de lire les interviews du réalisateur dans le dossier de presse du distributeur (à télécharger) :

https://www.dulacdistribution.com/film/tardes-de-soledad/194

ou ici :

Cahiers du Cinéma, mars 2025.

JY Blouin https://facealacorne.fr/

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